Agrandissement : Illustration 1
Je suis devant ma télé et j'observe tout ces gens tristes et "humiliés" sur le perron de la demeure de Sarkozy. Quelle indignité entend on. Pas seulement les mots de Sarkozy, encore moins ceux de sa petite troupe de fidèles, ni mêmes des médias presque unanimes, mais cette manière qu’ils ont de tordre le réel, de lui faire dire l’inverse de ce qu’il crie.
Ils parlent de honte nationale, de République salie, comme si le fait qu’un ex-président soit envoyé en prison salissait la France plus que ce qu’il a fait, lui, pour y mériter sa place.
C’est là que ça me tord le ventre. Pas la peine, non. L’écœurement.
Ce n’est pas la cellule, ni les barreaux, ni même le silence métallique des serrures qui insultent la République, c’est le chœur des indignés qui pleurnichent sur un privilège perdu.
Ils oublient que la justice, la vraie, celle qu’on dit aveugle, n’a pas flanché devant l’éclat du nom, ni devant le parfum de pouvoir. Elle a jugé un homme, pas un symbole.
Et c’est précisément ce qu’on lui demande : qu’elle n’ait pas d’yeux pour la fonction, qu’elle voie seulement la faute.
Mais voilà, dans ce pays fatigué où la mémoire s’effiloche, certains confondent grandeur et impunité. Ils préfèrent la nostalgie du trône à la dignité de la loi.
Alors ils chantent la Marseillaise, la main sur le cœur, comme on bénit un roi déchu, sans comprendre qu’ils insultent ce qu’ils prétendent défendre.
Aucun d’eux n’a vu le paradoxe ou alors ils s’en fichent.
Moi, je les regarde, un peu triste, un peu las.
Ils ne sont pas de mon monde.
Le mien se reconnaît à ceux qui baissent la tête devant la justice, pas à ceux qui la toisent.
Et ce soir, dans le silence tiède de ma chambre, j’entends encore cette foule qui crie à l’infamie, sans voir qu’elle en est le reflet.
Un bruit sourd, comme une cloche fêlée.
Et la France, au fond, reste debout, un peu sale, mais vivante.
C'est en définitive moi le plus écoeuré, comme un sans culotte en quelque sorte...
Guy Masavi