Guy MASAVI (avatar)

Guy MASAVI

Auteur, Folkeux antifasciste

Abonné·e de Mediapart

28 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 octobre 2025

Guy MASAVI (avatar)

Guy MASAVI

Auteur, Folkeux antifasciste

Abonné·e de Mediapart

Aux bougons facheux

Ils croient défendre la vérité, mais ne font que régurgiter la peur. Derrière leurs certitudes rageuses, je vois surtout des esprits fatigués, happés par la haine ordinaire. Et moi, je les regarde s’enfoncer, lucide, mais sans illusion.

Guy MASAVI (avatar)

Guy MASAVI

Auteur, Folkeux antifasciste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Masavignol © Guy Masavi

Aux bougons fâcheux qui me commentent sur Facebook.
Il arrive parfois, au milieu de vos commentaires bienveillants, ceux qui me touchent à me faire rougir, si, si,☺️ qu’un plus rugueux s’y glisse, aux mots secs, un peu blessants et plein d'affirmations ou de dénégations sans appel dont Le ton suffit à couper l’élan d'une réponse. Ils sont rares, je vous rassure, mais assez remarquables pour que j' en dise un mot.
Un peu coupable aussi : mes chroniques ne mâchent pas leurs mots. Elles peuvent paraître brutales envers mes adversaires politiques, si l’on ne perçoit pas, sous les sarcasmes, une tendresse réelle pour l’humain ordinaire, celui qui fait ce qu’il peut avec honnêteté et bienveillance pour comprendre le monde.
Ces messages-là ont souvent un mot pour me qualifier : gauchiste, woke, mélenchoniste. Parfois les trois d’un coup, comme un tir groupé. Trop d'honneur! 🤣
Et pourtant, quand on regarde le profil de leur auteur, on découvre un homme qui aime les bêtes, les fleurs, les couchers de soleil en méditerranéenne, parfois la pêche, les voyages exotiques ou un grand-père ému devant ses petits-enfants. Quelqu’un de normal, presque attendrissant. Qui te foutrait la larme à l’œil.
Puis viennent les partages : un gourou d’internet, une théorie un peu tordue, une vidéo qui prétend tout expliquer, du climat au genre de Brigitte Macron. Et soudain, tout s’assombrit. On comprend qu’il ne sait plus très bien où il en est philosophiquement. Il navigue au gré du « bon sens » supposé, du fait divers, du verbe charismatique d’un influenceur, de la colère du voisin qui lui a dit que ... Son univers, c’est à la fois un petit paradis tranquille, avec l’accent du sud, et un enfer où la peur de l’autre est devenue réflexe.
À force, la haine s’installe sans même qu’il la voie venir. Elle s’infiltre par les simples mots d'un parti xénophobe comme « préférence nationale », « on est chez nous », les allusions raciste d'un ministre de l'intérieur sur le port du voile des femmes musulmanes ou par ces sigles administratifs devenus familiers, comme OQTF, qui justifient des exclusions au nom de la loi.
Et, peu à peu, le glissement se fait.
Ce n’est plus seulement un citoyen lambda ; c’est un relais, un rouage possible. Ton voisin, ton cousin, ton collègue. Quelqu’un de banal, mais prêt, au nom du devoir, à obéir à l’inacceptable, si l’ordre venait d’en haut. Sans consigne encore et livré à lui-même, il s'adonne à la facilité, il trolle, parfois harcèle ceux qui égratignent sa "conscience".
Exagération ?
En 1936, les premiers gardiens SS de camps nazis étaient de jeunes hommes sans histoire, souvent ouvriers ou paysans, modestes, désœuvrés.
La démographie a changé aujourd'hui, mais comment ne pas reconnaître, dans la France périphérique, fatiguée, parfois déclassée, et vivier du vote RN, un terreau fragile où peuvent renaître les mêmes dérives ? Non par malveillance, mais par lassitude, par peur, par habitude du discours qui simplifie tout et stigmatise l'air de rien un groupe d'humains pour sa religion, son orientation sexuelle, un dysgenre, une pensée émancipatrice qualifiée de radicale ou son lieu de naissance en dehors de nos frontières. Liste non exhaustive.
C’est ce que je lis, entre les lignes de ces commentaires lapidaires, d’une indigence rhétorique affligeante plus qu’elle ne me révolte.
Y répondre ? Rarement, car j'ai expérimenté en m'y attelant, la loi de Brandolini qui dit : "Il faut infiniment plus d’énergie pour démonter une ânerie que pour la propager".
C'est effectivement épuisant pour le peu de "repentis" potentiels.🤣
Guy Masavi

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.