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Mammouthe à poil laineux utopiste

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Billet de blog 10 août 2025

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On a gagné ? Vraiment ?

En écrivant mon dernier billet sur la stratégie du choc de Naomi Klein je ne pensais pas que l’actualité que nous subissons en ce moment viendrait conforter cette théorie. . Https://blogs.mediapart.fr/guytou17/blog/030825/la-strategie-du-choc-la-montee-dun-capitalisme-du-desastre

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Naomi Klein distingue deux types de chocs :

  • Les imprévisibles : tempêtes, inondations, incendies, sécheresses…
  • Les prévisibles — voir organisés : guerres, crises économiques, coups d’État…

Pour Klein, ces événements ne sont pas une suite de malheurs aléatoires. Ils sont exploités — et parfois même provoqués — par une alliance cynique d’économistes, de politiciens et d’entrepreneurs, tous alignés sur la doctrine néolibérale.

J’ai transposé cette grille de lecture à des événements plus modestes que j’ai vécus… et à ceux que nous subissons aujourd’hui. La conclusion est glaçante : même à petite échelle, ces chocs ont des effets durables, parfois désastreux.

Du plomb dans l’aile… ou pas ? Un coup de Jarnac juridique

Jeudi, le Conseil constitutionnel a rejeté la disposition sur l'utilisation d'un insecticide mortel pour les pollinisateurs et neurotoxique avéré. Victoire ? Pas vraiment. La majeure partie de la loi Duplomb reste intacte.

On aimerait croire que la pétition de plus de deux millions de signatures a tout changé. Faux. Les pétitions n’ont aucune valeur juridique pour annuler une loi. Les ricanements des députés de droite et d’extrême droite lors du vote l’ont rappelé. Même l’intervention coup-de-poing de Fleur Breteau, fondatrice de « Cancer colère » — « Vous êtes les alliés du cancer, et nous le ferons savoir ! » — n’a rien infléchi.

La seule arme : qu’un ou plusieurs députés saisissent le Conseil constitutionnel. Ce qui s’est produit. Pourquoi ? Parce que la loi violait un principe intangible de notre Constitution : le principe de précaution.
Pouvons-nous raisonnablement penser que même à droite ou à la rigueur l’extrême droite se doutaient qu’il y aurait un ou plusieurs députés de gauche  qui posent un recours auprès du conseil constitutionnel ? Le piège a donc bien fonctionné la loi a été maintenue comme le voulait la droite et la ré-autorisation de l’acétamipride a été censuré. Qui a gagné ?

La dissolution Macron : un pari fou ou un choc prémédité ?

La doctrine du choc repose sur un mécanisme simple : un traumatisme collectif, et les repères s’effondrent. Les individus deviennent malléables, prêts à accepter l’inacceptable.

Macron a cru pouvoir l’appliquer avec sa dissolution surprise. Objectif : désorienter, fragmenter, éliminer la gauche. Résultat ? La gauche s’est relevée. Mais l’oligarchie a trouvé un plan B : un nouveau hold-up démocratique. Comme dans les années 30 : « Mieux vaut Hitler que le Front populaire. » L’histoire bégaie.

Même quand la stratégie échoue, la méthode reste la même : contourner la démocratie. La réforme des retraites et son 49-3 en sont un autre exemple.

Trump, Poutine et le choc permanent

Trump, lui, en a fait un art. Il annonce 100 % de taxes, menace, recule à 50 %, puis signe à 15 % — le chiffre qu’il visait depuis le début. Objectif : maintenir l’adversaire dans un état de sidération.
Poutine, évidemment, joue avec les mêmes ficelles… sans modération.

Dans les entreprises aussi

La stratégie du choc s’invite dans les négociations sociales.
Cas d’école : la refonte de la convention collective des banques. Le patronat la dénonce, puis propose une nouvelle version… 80 % moins favorable. Les syndicats explosent. Réponse : « Sans accord, c’est la loi qui s’applique. » Les « réformistes » continuent à discuter et grattent un maigre +10 %. Argument final : « Mieux vaut 30 % que zéro. »

Autre scène : une demande de +10 % de salaires après deux ans de stagnation. L’employeur sort un épais dossier intitulé « Plan de sauvegarde de l’emploi ». Sidération totale. Conclusion : +1,5 % et des départs volontaires. Et tout le monde crie victoire.

Parfois, ce sont les salariés qui utilisent le choc. Comme ces ouvriers, en juillet 2009, menaçant de faire sauter l’usine avec des bonbonnes de gaz pour obtenir une prime au départ. Efficace… mais révélateur.

Bilan : la grève générale, autrefois arme ultime, s’efface derrière les « primes de paix sociale ». Le 49-3 a enterré celle sur les retraites. Mais l’histoire montre que rien n’est jamais figé.

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