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Billet de blog 20 septembre 2008

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Paris, Ville-du-(dés)amour(s)...

  Début de feuilleton socio-intimo-romantique...

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Début de feuilleton socio-intimo-romantique...

Amours parisiennes: parade nuptiale et fuites schizophréniques.

J'écoute en cette heure tardive de la nuit une émission france-culturienne dédiée à ce qui occupe une bonne partie de nos divagations somnambuliques:

Parlez-moi d'amour à écouter ici avec un de ces résumés dont François Noudelmann a le secret:

"L'amour est un sujet sérieux pour les philosophes. L'un des premiers, Socrate, réunit ses amis pour en disserter autour d'un banquet. Mais il n'a pas donné pas le fin mot de l'amour, laissant ses convives broder de beaux discours et tenter de le charmer. Si la puissance de l'amour est indispensable à la philosophie pour conduire son désir de vérité, il demeure insaisissable. On suit sa trace à travers les grandes théories sous des noms d'emprunts : passion, libido, amitié…
L'amour serait-il avant toute chose un discours dont on ne pourrait que décrire les figures? Roland Barthes en a dessiné le tracé: elles respectent des logiques et des codes, mais elles font toujours courir l'analyste derrière l'amoureux."

Pour l'amoureux, Paris ressemble à un bocal où nous baignons entre poissons multicolores. Le ciel a beau être triste, nos horizons sont infinis. Mille langues chantent entre nos valses courtoises, le métro a des allures de film de Pasolini, les rues ont toutes l'air de Champs-Elysées, les Amazones croisent des Agathes, les foules se font corps érotiques, la vitesse nonchalante laisse échapper les doux parfums interdits, les regards sont des espions, les mots, des non-dits.

Il n'y a pas de monogamie possible à Paris, l'être amoureux doit être tout, se faire tout, devenir univers, combler les trous, être multitude pour conserver la primauté. Il doit parler toutes les langues, avoir parcouru tous les continents, jouir de tous ses mensonges à venir. L'amoureux à Paris doit être universel, se faire pavé, mur, pierre, livre, murmure avant que de pouvoir se vendre comme corps et "bite en avant" comme l'hoplite sur le champ de bataille, conquérir les coeurs. La femme n'existe plus alors, elle se fait féministe pour s'excuser d'Electre. Elle n'est plus qu'un trou béant dans lequel quelques lacaniens téméraires voudraient encore se plonger. Elle s'est faite Origine du Monde une bonne fois pour toutes, encadrée les jambes en l'air, comme une fin de non-recevoir.L'Homme a cru enfin tenir sa proie, il n'avait plus qu'un pinceau pour la tenir en respect.

A Paris, il n'y a pas d'hommes, il n'y a pas de femmes, il n'y a pas d'amour possible... Il n'y en a que trop!

Bisou à celle

Qui n'est pas cette

Nuit

Dans mon lit.

Je m'autorise un plagiat qui n'est que trop hommage pour le petit Arthur qui s'y est frotté, il y a déjà plus d'un siècle:

Première soirée


Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d'aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

- Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, - mouche ou rosier.

- Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s'égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.

Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »
- La première audace permise,
Le rire feignait de punir !

- Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
- Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Oh ! c'est encor mieux !...

Monsieur, j'ai deux mots à te dire... »
- Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D'un bon rire qui voulait bien...

- Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

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