A François Hollande, reconnaissons deux mesures courageuses : avoir créé une tranche de l'impôt sur le revenu à 45% (celle à 75% venant d'être supprimée par Manuel Valls) et avoir imposé que la taxation du capital soit calquée sur celle du travail.
Pour le reste, les promesses de campagne ont été trahies plus souvent qu'à leur tour : la TVA a été augmentée afin de pouvoir financer 20 milliards de cadeaux fiscaux aux entreprises dans le cadre du 'pacte de compétitivité' (CICE) ; la filialisation des activités spéculatives des banques ne concernera en réalité que 5% de leurs opérations, qui pourront toujours être menées à partir de paradis fiscaux. Les rémunérations des dirigeants, leurs stock-options, bonus, retraites-chapeaux et autres golden-parachutes sont laissés à l'appréciation du MEDEF tandis que les licenciements boursiers restent autorisés et que le remboursement des aides publiques par les entreprises qui délocalisent n'est toujours pas à l'ordre du jour. De source bien informée, c'est même la France qui ferait le forcing à Bruxelles pour vider de sa substance la taxe sur les transactions financières, cultivant ainsi un certain art du double-langage. Le budget européen sera en baisse sur le prochain exercice quinquennal et la lutte contre le dumping social et environnemental est au point mort. Et les choses pourraient encore empirer si le traité de libre-échange avec le Canada - auquel Hollande est favorable - est signé.
Sur le volet des libertés publiques, maintenant : la justice du parquet est toujours aux ordres, on ne note aucun retour vers la police de proximité (Valls estime que ça coûte trop cher), les prisons n'ont jamais été aussi surpeuplées, les peines-planchers de Sarko sont en place ; Rémi Fraisse est mort (du jamais vu depuis Malik Oussekine, dans les années 80), l'accès aux données publiques toujours aussi compliqué et la protection des sources des journalistes violemment attaquée.
Finissons en rappelant qu'HADOPI se porte bien, qu'il n'y a toujours pas de proportionnelle à l'assemblée et que la Garantie Universelle au Logement n'est plus du tout universelle depuis quelques semaines.
N'allez pas croire que j'ai une dent contre Hollande en particulier. Il me manque simplement le courage nécessaire pour rappeler dans le détail le bilan présidentiel du nouveau chef de l'UMP Nicolas Sarkozy, tellement celui-ci est catastrophique. Je me contenterai donc de (certaines) de ses casseroles judiciaires : son amende (liée aux frais de campagne de 2012) réglée par l'UMP plutôt que par lui-même, des marchés de sondages passés à des proches sans appel d'offres, une campagne financée vraisemblablement par Kadhafi et Bettencout et soumise à des maquillages de comptes à grande échelle (les fameuses surfacturations de Bygmalion) ; on lui reproche aussi du trafic d'influence (affaire Herzog-Azibert) et d'avoir mis en place un système de rétrocommissions à l'époque de la campagne de Balladur en 1995, dans le cadre de contrats d'armement avec le Pakistan et l'Arabie Saoudite.
Mais c'est toute la galaxie UMPS et la haute fonction publique qui se vautrent dans les scandales. On n'a que l'embarras du choix, entre l'affaire EADS (la caisse des dépôts qui rachète beaucoup trop cher 15% du capital, avec la complicité de hauts fonctionnaires), les affaires de logement somptuaires (concernant le ministre de l'économie Hervé Gaymard, le patron de la CGT Thierry Lepaon et l'ex-directeur de cabinet de Christine Boutin, laquelle a par ailleurs été épinglée pour travail fictif, à l'instar de Luc Ferry) ou celles de logements sociaux profitant aux proches (Fadela Amara, Christian Estrosi). On se rappellera aussi des 12.000 euros de cigares de Christian Blanc, d'Eric Woerth qui cède un bien inaliénable de l'état (Compiègne) au privé et à prix dérisoire, de sa femme qui bénéficie d'un emploi de complaisance chez les Bettencourt, de Christian Perol qui prend la tête des Caisses d'Epargne après avoir lui-même piloté leur fusion avec la Banque Populaire depuis le cabinet du ministre de l'économie, de Jean Sarkozy nommé à l'EPAD, de Bernard Tapie qui enfle l'Etat de plusieurs centaines de millions d'euros avec la complicité de ministres et de hauts-fonctionnaires, d'Aquilino Morelle qui se fait embaucher par les laboratoires pharmaceutiques qu'il est chargé de contrôler. Dans ce genre crapuleux, on pourrait aussi citer les comptes en suisse de Cahuzac ou alors Michel Mouillot, le maire de Nice, qui accepte des pots de-vin de la part de casinotiers, le président des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini qui exploite des décharges frauduleuses, la députée Sylvie Andrieux condamnée pour détournement de subventions ou le maire de Levalllois Patrick Balkany, poursuivi pour blanchiment de fraude fiscale. Etc... etc...etc...
C'est bien pour ces types-là que vous allez voter ? Think angain.