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Billet de blog 30 janvier 2015

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De tout coeur avec le peuple grec

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

1 - Les grecs sont avant tout victimes d'une élite criminelle - le PASOK

Les grecs ont du mal à payer leurs impôts, c'est bien connu. Mais le parti socialiste grec (PASOK), en maintenant en place depuis la chute de la dictature des colonels un système clientéliste qui distribue les prébendes, encourage la corruption des acteurs publics et les achats de voix, n'a pas non plus installé un climat propre au civisme. Dans un tel environnement, le sens de l'intérêt général en a pris un coup et les grecs le paient dûrement aujourd'hui. Et c'est à nouveau le PASOK qui a maintenu dans l'ignorance tant l'Europe que sa propre population sur les vrais chiffres du déficit budgétaire grec, chiffres que seule la crise financière mondiale a soudainement révélé, ce qui a entrainé une défiance des investisseurs et le début du cycle infernal. D'ailleurs, les grecs ont bien identifié les vrais responsables : aujourd'hui, électoralement, le PASOK n'existe pratiquement plus. Il est même devancé par le parti nazi Aube Dorée, dont le tiers des dirigeants croupit pourtant en prison.

2 - Les grecs sont aussi victimes d'une Europe criminelle

En 2011, plutôt que demander aux banques - qui avaient si imprudemment prêté à la Grèce et l'avaient même aidée à maquiller ses comptes - de payer une partie des pots cassés, ce sont la BCE et les Etats Européens qui se sont substitués aux banques en rachetant à tour de bras de la dette grecque. En contrepartie, l'Europe a exigé un programme d'austérité draconien inspiré des recettes libérales du FMI, lui aussi entré dans la danse. Résultat : alors qu'en 2010, la dette du pays se montait à 120% du PIB, elle dépasse aujourd'hui les 175%, le PIB ayant lui-même fondu de 25% en quatre ans. 30% des grecs sont au chômage, les salaires de ceux qui travaillent on été rognés de 40% à 50% et un tiers de la population n'a plus accès à la sécurité sociale. Certains anti-cancéreux ne sont plus importés en Grèce et le paludisme fait son retour dans les campagnes.

3 - Pourquoi devons-nous être solidaires ?

- Parce que l'Euro nous force moralement à être solidaires. Si la Grèce ne faisait pas partie de l'Eurogroupe, il lui suffirait de dévaluer sa monnaie pour redevenir compétitive et sortir de l'ornière. Mais cette solution lui est interdite. A contrario, si le défaut de paiement partiel d'un pays devait entrainer son exclusion de l'euro, cela signifierait à terme la fin de l'euro. Pour rappel, les allemands se sont retrouvés en défaut à trois reprises au cour du siècle dernier. Et les irlandais l'étaient encore il y a deux ans.

- Parce que nous sommes responsables de l'augmentation des maux de ce pays : sa dette - et notamment les intérêts, qui représentent un quart du total dû - l'étouffe et les mesures d'austérité actuellement en vigueur ne font que renforcer le cercle vicieux de la déflation. Si la Grèce continue aujourd'hui à s'enfoncer, c'est en raison de la potion que nous lui faisons boire, qui la tue à petits feux.

- Parce que c'est notre intérêt bien compris : Il n'y a que ses créanciers qui puissent aider la Grèce à s'en sortir et ainsi s'aider eux-même, en récupérant une partie de leur mise. Plus la Grèce s'enfonce et plus les perspectives d'être remboursés un jour s'éloignent. Or, qui sont les créanciers de la Grèce ? Autrefois, les banques privées. Mais, grâce à un intense travail de lobbying, elles ont réussi en 2011 à "socialiser les pertes" en refilant la patate chaude aux Etats européens, à hauteur de 60% (la Grèce doit ainsi 40 milliards d'euros à la France) ; à la BCE et au FMI à hauteur de 20% ; et à des créanciers privés, pour les 20% restants. En tant que créanciers principaux, nous européens sommes aujourd'hui les seuls à pouvoir décider que la punition collective du peuple grec a assez duré.

Et qu'on ne nous dise pas que les traités européens interdisent une restructuration et un ré-échelonnement de la dette grecque, Ca a déjà été fait en catimini avec l'Irlande en 2013, lorsque celle-ci menaçait de ne pas rembourser 30 milliards d'euros à la BCE. Un précédent dont Tsipras devrait se souvenir lorsque démarreront ses négociations avec Bruxelles.

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