Pourquoi ? Comment ? Quoi ? J'ai envoyé les mêmes trois questions aux 22 candidats engagés dans la campagne des élections européennes.
Le président du Parti Europe-Démocratie-Espéranto a répondu. Ses réponses à hauteur d'adhérent contribuent à faire vivre notre citoyenneté européenne. Des problématiques et des propositions intéressantes à considérer.
----------------------------------
POURQUOI ?
Parce que l'Union européenne est un conglomérat de peuples qui communiquent très mal entre eux, et non un corps électoral homogène.
Pour qu'elle puisse fonctionner démocratiquement, une condition est qu'il puisse exister un débat démocratique au niveau de l'Union européenne. Il faut donc une circulation plus facile de l'information, avec une langue commune. Par exemple en France, on peut dire que la démocratie s'est développée au milieu du XIXe siècle, lorsque la majorité de la population a commencé à comprendre le français, avec le développement des journaux d'opinion.
Pour l'Union européenne, la meilleure langue commune serait l'espéranto, qui est une langue facile et précise, et en plus équitable, puisque ce n'est la langue d'aucun peuple de l'UE. En d'autres termes, le fonctionnement en "tout-anglais" de l'administration de l'UE n'est pas satisfaisant : les élites anglophones sont coupées de la base, et les divers peuples européens ne communiquent pas entre eux.
Nous sommes complètement hors du domaine des "comparateurs de programmes". Mais ce serait intéressant que des électeurs posent aux "grandes listes" des questions du type:
- "M. Bardella, pourriez-vous nous en dire davantage sur la politique linguistique de votre programme ?",
- "MMe Hayer, qu'avez-vous fait en tant que députée européenne pour lutter contre la discrimination linguistique dont sont victimes de très nombreux habitants de l'Union européenne ?"
COMMENT ?
Actuellement Europe Démocratie Espéranto est constitué de plusieurs associations nationales, et d'une Fédération européenne. En France, nous fonctionnons comme une association normale, avec assemblée générale, conseil d'administration, etc.
Nous essayons d'avoir des contacts avec les autres partis politiques, mais sans succès. Je peux prendre comme exemple le problème des bulletins de vote. En France, nous avons l'habitude que chaque candidat (ou chaque liste) fasse imprimer ses bulletins de vote, et les paye, en attendant d'être remboursé si le score dépasse quelques pour-cents. C'est un système très coûteux (pour les petits partis qui ne sont pas remboursés, mais aussi pour la collectivité qui rembourse les grands partis), un système qui gaspille le papier, qui demande beaucoup de travail aux services publics pour distribuer les divers bulletins dans tous les bureaux de vote... Divers pays européens, en particulier l'Allemagne, ont le système du bulletin unique : sur une même feuille de papier sont inscrits tous les candidats (ou toutes les listes), et les électeurs doivent cocher le candidat de leur choix. Cela consomme beaucoup moins de papier, et le travail des services publics est facilité.
En particulier pour les élections européennes, ce serait utile d'harmoniser les modes de scrutins entre les divers pays, et le mieux serait de prendre partout le système du bulletin unique. Ce système devrait être soutenu par divers mouvements, sensibles à la diminution du gaspillage ou à la possibilité de faire des listes transnationales.
Il y a plus d'un an, j'ai essayé de contacter toutes les anciennes listes des élections de 2019, ainsi que tous les parlementaires qui avaient fait un projet de loi en faveur du bulletin unique depuis une dizaine d'années, dans le but de promouvoir un tel mode de scrutin. Nous n'avons eu que très peu de réponses. La conclusion malheureuse que j'en tire est que les grands partis profitent du système actuel, et ne souhaitent pas changer un faveur d'un autre système qui permettrait mieux l'arrivée de nouveaux candidats moins riches...
QUOI ?
- Besoins physiologiques
Notre programme, tel qu'on peut le trouver sur le site e-d-e.fr, indique "Le développement durable, qui vise à répondre aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs, doit être considéré comme une priorité."
- Besoins de sécurité
Notre programme soutient les logiciels libres et les standards ouverts. Pour avoir une politique européenne démocratique, il faut que l'information circule davantage, et donc il faut une langue commune. Pour la santé, on a vu le désordre en 2020 avec la crise du Covid, il aurait fallu une langue commune pour que l'information circule dans l'UE. Cela aurait permis aussi de diminuer la défiance du peuple par rapport aux gouvernants, et donc de diminuer le complotisme ambiant.
Pour l'emploi, c'est difficile de concilier la mobilité et le bien-être des travailleurs. Il y a une dizaine d'années, l'Union européenne (donc tous les contribuables...) avait financé une recherche nommée MIME (Mobilité et Inclusion dans une Europe Multilingue), pour plusieurs millions d'euros. Le résultat a été un rapport, très intéressant, disponible gratuitement sur Internet, mais uniquement en anglais, donc inaccessible à la très grosse majorité des personnes concernées. Nous en avons fait la traduction (automatique...) dans toutes les langues officielles de l'Union européenne : voir http://europeensemble.eu/article3/rapport-mime-vademecum pour la version en français, et https://europokune.eu/article1/premier-article pour toutes les langues officielles. Il y a une vidéo d'interview de François Grin, directeur de ce projet de recherche.
Pour l'information : oui, c'est le coeur de notre action, pour que l'information circule mieux. Les publications de l'Union européenne sont en anglais, et très peu relayées par les journalistes français, même s'ils sont diplômés en anglais. Bien sûr, nous souhaiterions que la langue internationale Espéranto soit beaucoup plus diffusée, mais en attendant, il faut développer la traduction de toutes sortes de documents, pour que l'information circule.
Pour la diplomatie : notre président actuel, M. Macron, ferait bien de tourner un peu plus sa langue dans sa bouche avant de parler, notamment lorsqu'il parle d'Europe. Ses dernières déclarations sur l'envoi de troupes au sol en Ukraine perturbent nos voisins européens : il serait important de les consulter avant de faire de telles déclarations.
- Besoins d'Appartenance / Estime
Pour l'école : ce serait utile d'enseigner l'espéranto vers la fin de l'école primaire ou le début du collège, d'une part pour un meilleur sentiment d'appartenance européenne, mais aussi d'autre part pour mieux comprendre la langue nationale, chez nous, le français. La régularité et la logique de l'espéranto sont une grande aide pour comprendre la grammaire française (ou espagnole, ou allemande, ou anglaise, ou italienne...)
Pour les minorités : l'imposition du "tout-anglais" fait que la majorité des Européens sont dans une situation de "minorité", dans la mesure où ils sont exclus du débat. Voir par exemple la recherche de l'Union européenne "L’approche de l’Union européenne en matière de multilinguisme dans sa propre politique de communication", dont le rapport était uniquement en anglais, et que nous avons traduit (par traduction automatique...) dans toutes les langues officielles. L'article en français est en http://europeensemble.eu/article9/lapproche-de-lunion-europeenne-en-matiere-de-multilinguisme-dans-sa-propre-politique-de-communication
- Besoins d'épanouissement
Pour la vie démocratique : avec l'espéranto, c'est ce que nous essayons d'animer pour l'Union européenne.
Pour la laïcité, religion : notre programme indique que nous nous basons sur les diverses déclarations et conventions sur les droits humains, qui demandent en particulier la liberté de religion (et de non-religion).
Pour la culture : l'imposition du "tout-anglais" fait que nous connaissons mal la culture des autres pays européens. Les Français comprennent mal les Hongrois, et inversement, ce qui gêne beaucoup la coordination européenne.
----------------------------------