Durant la période pré-accord de la NUPES, Harris Interactive était particulièrement généreux dans les voix qu’il octroyait aux partis de gauche (33%), avant de se raviser massivement suite à l’accord :

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Depuis la 1er juin, Harris Interractive a toujours été l’institut le plus pessimiste pour la NUPES, ce qui implique un réajustement très conséquent. A l’Inverse chacun des 4 autres instituts raconte une histoire (peut-être fausse) mais bien plus cohérente
- Ipsos => toujours entre 27% et 28% d’intentions de votes, la NUPES serait constante
- Ifop => une légère croissance de 25%, à 26% puis 26,5% dénotant une petite dynamique de campagne
- Elabe => des scores oscillant entre 25% et 27,5%, nous restons dans la marge d’erreur
- Opinway => une croissance continue en mai (là encore, suggérant une dynamique de campagne) pour passer de 23% à 26% avant de revenir à 25% (ce qui reste dans la marge d’erreur)
Au final, malgré des échantillons tout à fait conséquents (plus de 2.000 personnes), Harris présente la plus forte variabilité et est le seul institut qui ne présente ni une stabilité ni une progression des intentions de votes pour la NUPES. Durant la dernière ligne droite, Harris dénotait même une baisse significative avant de se raviser et de recoller aux estimations de ses concurrents.
La traduction des intentions de votes pour la NUPES, telles que mesurées par Harris, n’est pas plus lisible lors de la conversion en sièges, d’autant plus que contrairement au Ministère de l’Intérieur qui a été contraint d’utiliser l’appellation NUPES, Harris continue de comptabiliser les 4 partis (PCF, LFI, EELV, PS) séparément pour des raisons que nous ignorons. En les regroupant, nous obtenons :

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Si la NUPES fait évidemment un bon lorsqu’elle se crée, elle stagne pendant le mois de mai avant de (curieusement) bondir à l’approche du scrutin avant de se rapprocher enfin de ce que pourrait être son résultat dimanche 19 juin.
Mais alors quel est le problème ?
Le problème c’est que ces deux courbes s’écartent à l’approche de l’heure de vérité.

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Que s’est il passé entre la fin mai et le 8 juin ? Comment avec exactement le même pourcentage d’électeurs (24%), la Nupes est passée de 128 sièges à 152 ? (une augmentation de 18,75%) Comment avec moins de voix que pendant le mois de mai (quel que soit le sondage considéré), la dernière estimation de juin offre 50 à 60 députés de plus ? Une augmentation de 40% du nombre de sièges avec moins de voix, c’est… surprenant !
Nous pourrions évidement justifier de tels scores en disant que Harris peaufine ses études, ou encore que curieusement les électeurs de la NUPES auraient déménagé entre la fin mai et début juin pour se concentrer dans des circonscriptions gagnables… mais soyons sérieux.
En étant sérieux, nous sommes obligés de constater que pour les 4 autres instituts, le nombre de député évolue de façon cohérente avec l’estimation des votes. Harris semble être le seul à s’être trompé si fortement. Les erreurs d’Harris en début de campagne sont d’autant plus dérangeantes que les propriétés auto-réalisatrices des sondages (motivant ou démotivant un électorat) sont connues et même reconnues pas certains sondeurs. En commençant à publier des estimations 2 à 4 semaines avant les autres, Harris donne le la… avec une voix particulièrement enrouée !
Cette propension à sous-représenter la Gauche et/ou surreprésenter LREM, nous la retrouvons déjà en 2017. Durant l’entre-deux tours, l’institut Harris promettait 440 à 470 sièges (contre 350 dans la réalité). A leur décharge, notons que les autres instituts (Odoxa et OpinionWay) étaient dans le même étiage, ce qui représente une erreur de 25% à 34%... rien que ça !
Aujourd’hui, Harris promet 257 à 297 sièges à l’alliance Ensemble ! Une erreur de 25% mettrait à mal l’idée même de majorité présidentielle.