Les contradictions se tendent
Ce samedi 1er décembre un degré a été franchi par le mouvement qui secoue notre pays depuis le 17 novembre. Le mouvement des gilets jaunes prend la forme d’une véritable insurrection sociale.
Certes le gouvernement joue jusqu’à l’écœurement le pourrissement de la situation. La mise en scène des violences autour de l’Arc de Triomphe sert à faire peur et à discréditer les gilets jaunes.
M. Macron pense pouvoir ainsi occulter le ferment de la révolte sociale. Il croyait pouvoir plier la société française aux impératifs de la mondialisation capitaliste. Les reculs sur le droit du travail, sur la réforme de la SNCF semblaient lui donner raison….. et patatras, il vient buter sur l’augmentation du coût du carburant…. La goutte d’eau qui fait déborder le vase.
C’est que les contradictions de la société française se tendent.
Les problèmes de pouvoir d’achat révèlent l’impossibilité de marier les intérêts du Capital avec ceux du Travail.
La stratégie du gouvernement, qui vise à faire passer la diminution de cotisations sociales et la suppression de la taxe d’habitation pour des gains de pouvoir d’achat alors qu’il augmente la CSG et les taxes, dégrade les services rendus à la population tout en multipliant les cadeaux aux riches et au patronat, a échoué.
La CGT entre dans le mouvement. Le mouvement ouvrier remet sur la table la question des salaires. La lutte de classe reprend ses droits sur l’enfumage du gouvernement, de la droite et son extrême.
N’est-ce pas Madame Le Pen qui vient au secours du gouvernement en refusant l’augmentation du SMIC et en proposant la suppression des « charges sociales » ?
Les questions de « dignité », de « déconnexion » des élus et des élites illustrent la crise institutionnelle et met en avant les antagonismes entre une minorité de privilégiés qui décide de tout et s’accapare l’essentiel des richesses et le peuple qui galère, qui n’y arrive plus, qu’on n’écoute plus ( référendum de 2005), qui est dépossédé de sa capacité à maîtriser sa vie.
La colère contre l’augmentation du prix des carburants tourne à la revendication de justice fiscale, au retour de l’ISF, à la taxation des multinationales et au traitement de l’évasion fiscale.
Le rejet de l’augmentation de la taxe carbone a fait surgir la nécessité d'accompagner la transition écologique et justice sociale.
Sauf à se renier ce gouvernement n’est en mesure de résoudre positivement aucun de ces problèmes. Peut être parviendra-t-il à apaiser la colère des gilets jaunes. Peut être choisira-t-il l’épreuve de force.
Mais les contradictions continueront à se tendre jusqu’à ce que vienne la question de fond, celle du changement de société.
Le chemin peut être long et périlleux. Cela dépendra aussi de la capacité du mouvement ouvrier et des forces qui le soutiennent à peser sur la situation de notre pays.