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Billet de blog 5 février 2017

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Paysans

Louis est viticulteur. Il travaille la vigne depuis l’âge de 16 ans. Cette année il prend sa retraite : 700€ par mois. Il a pourtant cotisé toute sa vie à la MSA.

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Paysans.

Louis est viticulteur. Il travaille la vigne depuis l’âge de 16 ans. Cette année il prend sa retraite : 700€ par mois. Il a pourtant cotisé toute sa vie à la MSA.

Bernard Arnault, Martin Bouygues, Laurent Dassault, Pierre Castel figurent en tête des 67 milliardaires français. Eux aussi sont viticulteurs… à leurs heures. Ils sont propriétaires de châteaux dans le Bordelais.

Jean est exploitant agricole dans la Manche. Il possède 43 hectares sur lesquels il élève 80 bêtes en moyenne.. Il est producteur de lait. Il travaille 70 heures par semaine sans jamais prendre de vacances. Il fait moins de 60 000€ de chiffres d’affaire mais il ne peut pas se verser de salaire alors il puise sur ses économies tant qu’il en a.

Emmanuel Bernier est PDG de Lactalis, le numéro un des produits laitiers. Il est lui aussi milliardaire. C’est la 13eme fortune de France. Jean ne l’a jamais vu. C’est pourtant à lui qu’il vend son lait.

Jean-Luc est céréalier. Il exploite avec son frère un domaine de 90 hectares à 100 km de Paris. Ils cultivent des céréales, des betteraves sucrières et des protéagineux.  Salaire annuel : 20.000 euros par an.

Xavier Beulin,  patron de la FNSEA. Lui aussi est céréalier. Il est également président du groupe Avril groupe agro-industriel (chiffre d'affaires 7 milliards d'euros en 2013) de la filière oléagineuse et protéagineuse. Il chausse des godasses en croco, toujours tiré à quatre épingles, il a un train de vie de PDG de multinationale. Rien à voir avec la vie de Jean- Luc.

Louis, Pierre, Jean, Emmanuel, Jean-Luc et Xavier sont tous des paysans. Mais ils ne sont pas tous du même côté de la barrière.

La paysannerie, comme le reste de la société, connait les effets de l’emprise capitaliste sur leur profession. L’Union européenne, à grands coups de subventions a orienté l’agriculture vers la concentration capitaliste et vers la recherche de gains continus de productivité.

Les paysans se sont laissé endormir par ces subventions qui leur donnaient à penser qu’ils pouvaient accéder à un confort permanent sans dégât.

 Quelques trente ans plus tard, le capitalisme a fait son travail de sape : plus de la moitié des exploitations agricoles ont disparu. Pour une majorité de ceux qui subsistent, c’est la galère ! Malgré des journées longues et épuisantes, il ne leur reste que les dettes et les yeux pour pleurer. Pour une minorité c’est le Jackpot. Mais ce sont surtout les multinationales de l’agroalimentaire et les grandes surfaces qui tirent bénéfice du labeur des paysans.

La suite n’est pas difficile à prévoir. Les usines à produire vont remplacer l’exploitation familiale avec leurs conséquences néfastes sur l’environnement, la qualité des produits et la santé de la population.

Pour la majorité des paysans la question de l’alternative à ce système est posée en termes de vie ou de mort. Ils ne pourront y répondre seuls. La question de leur convergence avec le monde du travail sur cet enjeu est primordiale.

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