M. Gattaz et notre part de communisme
M. Gattaz en visite en Chine a fait son numéro : «J’ai quitté un pays communiste, la France,pour venir dans un pays libéral, la Chine». Ce faisant le patron du Medef a salué un pays qui « en trente ans est passé du Moyen-âge à la modernité » Le but de ce long voyage était de ne pas louper la phase2 du développement chinois et de saisir des « opportunités »pour gagner des parts de marchés dans un pays, en plein essor, de 1,3 milliards d’habitants. Ça vaut bien quelques compliments !
On ne sait pas si les dirigeants chinois ont apprécié l’humour de M. Gattaz. En France son bon mot a fait le tour des chaines de télévisions et des radios sur le ton de la raillerie : présenter la politique de F. Hollande comme communiste, oui, ça prête effectivement à sourire. Mais que le patron des patrons aille complimenter un pays communiste, qui de surcroit maltraiterait sa population, s’en était trop pour nos journalistes nourris au biberon du Figaro, droit-de-l’hommistes quand ça les arrange.
Alors, libéral, le système chinois ?
Nous nous garderons bien ici de donner des leçons de communisme. Toujours est-il qu’en soixante dix ans la Chine est devenue la première puissance mondiale tout en faisant reculer la pauvreté de façon significative. Les dirigeants communistes se targuent d’avoir utilisé la mondialisation capitaliste comme escabeau pour le développement de la société chinoise. Vu de l’extérieur on a quand même l’impression que le capitalisme y a plus progressé que le communisme.
Communiste la France ?
Oui pour 30% du PIB. 600 milliards, c’est ce que représentent les cotisations sociales : la part des richesses socialisées pour la santé, les allocations familiales, le chômage et les retraites, gérées initialement par les travailleurs à l’initiative de Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail et de la Sécurité sociale de 1945 à 1947. Une part que le patronat aimerait bien empocher et que les gouvernements successifs grignotent au gré des rapports de force.
Oui, aussi pour six millions de travailleurs qui bénéficient du statut de la fonction publique institué par Maurice Thorez, ministre communiste d'État chargé de la Fonction publique de 1945 à 1947. Un statut qui assurait à chaque fonctionnaire un salaire payé à la qualification jusqu’à sa mort.
Oui, aussi pour les services et entreprises publiques dont EDF fut à l’initiative de Marcel Paul ministre de la production industrielle de 1945 à 1947, l’un des fleurons sociaux jusqu’à sa privatisation.
Cette part de communisme qu’il y a dans notre pays c’est elle qui a permis à une France en ruine de se relever à la libération. C’est grâce à elle que les Français n’ont pas sombré dans la crise. Cette part de communisme, c’est elle qui porte les prémices d’une nouvelle société libérée « du talon de fer » d’un capitalisme aux abois.
Si le monde du travail a trop vite oublié ce qu’il doit au PCF, le patronat lui ne s’y trompe pas. Les tenants du libéralisme, de l’extrême droite au PS, comptent bien s’appuyer sur les désillusions provoquées par leur politique pour éradiquer ce qu’il reste de communisme et de communistes, chargeant la barque de toutes les conquêtes sociales des travailleurs.
D’autres pensant se servir du PCF comme d’un marchepied, veulent tirer l’échelle.
Eh bien les communistes ont décidé d’exister, de faire vivre et fructifier la part de communisme que porte la France.