Fin de période
Sans attendre l’épilogue d’une campagne électorale forte en rebondissements, on peut déjà dire qu’elle aura signé la fin d’une période politique.
Le déclin des deux partis politiques qui ont dominé la Vème république et notamment l’éclatement du parti socialiste marque l’épuisement d’une alternance droite/gauche bâtie sur un accompagnement plus ou moins social du capitalisme dont le socle était « le modèle social français » tiré par le parti communiste.
Cette période est terminée. La recomposition politique des classes dirigeantes s’articule autour d’une adaptation de la société française à la mondialisation capitaliste.
Deux possibilités semblent émerger : celle d’une recomposition au centre pour tenter une mutation en douceur ou celle plus dure d’une recomposition à la droite de la droite qui pourrait inclure le Front national.
Quelle que soit l’option choisie, les politiques ne se différencieraient que sur la forme. Elles ont pour finalité de créer les meilleures conditions pour placer favorablement les entreprises françaises dans le jeu de la concurrence internationale.
Ces politiques ont déjà commencé à se mettre en place sur les deux derniers quinquennats. Il s’agit maintenant d’en finir définitivement avec ce qu’il reste du modèle social à la française.
Pour laisser le moins d’espace politique à gauche, le projet vise à s’approprier la partie supérieure des classes moyennes et des jeunes les mieux formés.
Quant aux couches populaires, elles seraient assommées par des conditions de travail épuisantes, fragilisées par la précarité, la pauvreté et l’assistanat et livrées à la propagande raciste et xénophobe de l’extrême droite.
S’ajouterait à la panoplie un climat de tension internationale travaillé par l’instrumentalisation du terrorisme.
Ce projet de régression sociale et sociétale ne peut déboucher que sur une période de fortes tensions.
D’une période d’alternance politique droite/gauche, on passe ainsi à un affrontement de classe ouvert, risqué pour les classes dirigeantes, dans un pays qui a fait de la révolution sa fête nationale.
La place est laissé ouverte pour un projet de transformation sociale s’appuyant sur les contradictions exacerbées d’un capitalisme en fin de course, visant l’unification du monde du travail et sa constitution en force politique dominante.