Les 60000€ de Madame Pénicaud
Confrontée à un auditeur d’une radio nationale qui lui faisait remarquer que les réformes fiscales de son gouvernement allaient amputer sa retraite de 400€ par an alors qu’elles lui en rapporteraient 60 000, Madame Pénicaud, ministre du Travail, ne sut que bafouiller qu’elle investirait cet argent dans l’économie sociale et solidaire.
Nous n’irons pas vérifier si cet élan de générosité s’est bien concrétisé.
On aurait pu faire remarquer à notre ministre que si cet argent était resté dans les caisses de l’État, celui-ci aurait pu l’utiliser tout aussi utilement et notamment en évitant de ponctionner les retraites de ceux qui peinent à en vivre.
Mais quand on peut ainsi bénéficier de 60000€ d’argent de poche sait-on vraiment quelle est la vie d’un retraité à 1400€ par mois ?
Si, comme s’en défend Madame la Ministre, l’objectif de la réforme fiscale du gouvernement est de booster l’investissement des entreprises nous pouvons lui suggérer une proposition : créons des caisses d’investissement, gérées par les travailleurs, à partir d’une cotisation de 20 à 30% de la plus-value produite par l’entreprise. Nous serions ainsi assurés que c’est bien l’investissement qui est visé et non pas la rente des actionnaires.
Nous ne doutons pas que Madame Pénicaud qui souhaite que les salariés s’impliquent beaucoup plus dans la vie de l’entreprise et veut en redéfinir le rôle et les missions soit intéressée par cette suggestion.
Nous pourrions même lui souffler d’en finir avec l’arbitraire patronal et la propriété lucrative pour faire du lieu de travail le cœur d’une nouvelle démocratie sociale, donnant aux salariés la gestion et la propriété d’usage de l’entreprise.
Ne rêvons pas. Madame Pénicaud n’est pas la ministre du Travail d’un gouvernement révolutionnaire. Comme onze de ses collègues du gouvernement, elle est millionnaire. Elle est même en tête de cordée. Solidarité de classe avant tout, ses réformes n’ont qu’un objectif : déblayer le terrain pour le patronat et enfumer les salariés pour obtenir sinon leur adhésion tout au moins leur résignation.
Parions que les 60 000€ de Madame Pénicaud resteront au travers de la gorge de nombre de retraités qui verront à la fin du mois leur retraite amputer au titre de l’augmentation de la CSG et subir les nombreuses hausses prévues par ce gouvernement.
Le temps pourrait bien se gâter pour le gouvernement des riches.