Les mauvais coups du mois d’août
Le mois d’août est prolixe de mauvais coups contre le monde du travail. Ce gouvernement n’y aura pas dérogé. Le huit août, la ministre du travail Myram El Khomri a validé le licenciement de Vincent Martinez, délégué syndical CGT chez Air-France.
Un licenciement annulé le 20 janvier par l’inspection du travail et la justice n’ayant pas encore statué contre l’affaire de la fameuse chemise du DRH pour laquelle Vincent est inculpé avec quinze de ses camarades.
Cette sanction s’inscrit dans la « chasse aux sorcières » lancée par le gouvernement contre les mouvements de contestation à sa politique et aux choix de liquidation patronaux.Après les Goodyear, condamnés à des peines de prison ferme, le gouvernement socialiste s’en prend à ceux d’Air-France qui contestent les choix « désastreux et mortifères pour l’emploi » de leur direction.
Le deuxième mauvais coup est venu du Président de la République. Le même jour il promulguait, à la suite de onze membres du gouvernement, la très contestée loi travail, signant la casse du code du travail.
A neuf mois des élections présidentielles, la crainte du candidat à sa succession, c’est l’irruption du monde du travail dans le champ politique. Le seul en mesure de bouleverser ses manœuvres visant, sur fond de lutte contre le terrorisme, à occuper le terrain de la droite et à faire monter le front national.
Un monde du travail que le gouvernement veut enserrer dans le corset de fer de sa politique : individus soumis aux choix austéritaires, citoyens restreints dans leur liberté par des mesures sécuritaires, électeurs bridés par des institutions verrouillées, travailleurs assujettis aux injonctions patronales, livrés à la concurrence de tous contre tous.
Les forces politiques dominantes, de la droite et son extrême au parti socialiste, n’ont de cesse de chercher à diviser un monde du travail déjà mis à l’écart de toute responsabilité politique.
Malgré tout, la persistance du mouvement contre la loi travail inquiète le patronat et tous ceux qui voient dans l’élection présidentielle l’occasion de servir leurs ambitions politiques. La diversité sociale du rassemblement et l’unité d’intérêts qui le lie, peuvent porter loin.
Reste à dépasser le stade de la seule opposition aux projets patronaux et gouvernementaux. Ses forces vives doivent prendre conscience de leur rôle historique à porter des changements politiques décisifs. Le basculement peut se produire à la suite d’évènements déstabilisant une société française déjà profondément en crise.