Les maitres du travail.
On se félicite, ici et là, de la demande du grand syndicat allemand IG Metall qui revendique vingt-huit heures de travail hebdomadaire assortis d’une augmentation de salaire de 6%.
Vue de France, où les syndicats rament à contre-courant, cette revendication, venue d’un pays référence pour les milieux patronaux en matière de compétitivité, détonne… Même si l‘audace du syndicat allemand a des limites : il s’agit de vingt-huit heures payées 28 !
Cette position offensive du syndicat allemand a le mérite de mettre sur la table des revendications centrales : celle de l’augmentation des salaires et de la diminution du temps de travail.
Mais faut-il s’en tenir là ? Dans un système capitaliste mondialisé où la concurrence est généralisée, ce combat s’apparente souvent à celui de Sisyphe condamné à faire rouler éternellement jusqu'en haut d'une colline un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet.
Les salariés doivent-ils se limiter à discuter des conditions de leur exploitation sans jamais remettre en cause l’exploitation qu’ils subissent et ceux qui les exploitent ?
N’est-ce pas au contraire en mettant en cause le droit de leur employeur de s’enrichir de leur travail que les salariés feront évoluer le rapport de force en leur faveur y compris sur leurs conditions de travail ?
Nous avons intériorisé le fait que la propriété privée des moyens de production donnait le droit non seulement de s’approprier les richesses produites mais aussi celle de décider de nos conditions de travail et donc de nos vies. Nous attribuons ce droit au mérite de leurs propriétaires.
Mais d’où tirent-ils cette propriété? Des richesses qu’ils nous extorquent. Ils vont même aujourd’hui jusqu’à faire payer par leurs employés la propriété dont ils se réclament.(LBO)
Et qu’en font-ils ? Leur concentration, leurs richesses et leurs pouvoirs ont atteint un tel degré que la perpétuation de leur système met en cause la survie même de l’humanité.
Le mérite et les compétences doivent être reconnus mais rien ne doit pouvoir justifier le droit de s’enrichir du travail des autres, que l’exploitation soit « traditionnelle ou ubérisée » n’y change rien.
L’abrogation de la propriété privée lucrative, la maitrise par les travailleurs de l’usage de leurs moyens de production, des richesses qu’ils produisent et du travail qui les crée doit devenir le grand combat démocratique de ce début de siècle.
D’autres avant nous ont ouvert la voie. La création de la sécurité sociale, sa mise en place par les militants communistes et de la CGT, en 1946 dans une France en ruine, sa gestion par les travailleurs eux-mêmes ont montré la portée émancipatrice d’un tel combat.