Donner un nom à nos malheurs communs !
La prochaine élection présidentielle ne résoudra rien. Quelque soit son résultat il s’en suivra une période d’instabilité politique et d’affrontements sociaux, durables.
Le discrédit porté sur les forces politiques dominantes, droite et PS, est tel que même si la mécanique de l’élection présidentielle reconduit l’une de ces forces politiques au pouvoir, elle ne pourra pas espérer un appui populaire suffisant pour mettre en œuvre sa politique.
Si l’extrême droite devait l’emporter en France, sa victoire ouvrirait une telle situation chaotique qu’au lieu de régler les problèmes elle les amplifierait gravement.
Quant à la gauche dite critique, si par miracle elle parvenait à gagner l’élection présidentielle et qu’elle ait la volonté d’appliquer son programme, elle ne pourrait le faire que dans l’affrontement avec les instances de l’UE et les forces patronales. On a vu avec l’exemple de la Grèce les forces qu’elles sont capables de mettre en œuvre pour imposer leur dictat.
Cette instabilité politique n’est pas propre à la France. On la retrouve en Espagne avec l’impossibilité d’y former un gouvernement, Au Royaume-Uni et son brexit, partout en Europe avec la montée de l’extrême droite et même au USA où la campagne pour la présidentielle tourne à la charlotade.
La cause de cette instabilité est bien caractérisée dans une citation de Gramsci, souvent reprise aujourd’hui : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».
Quel est ce vieux monde qui meurt ? Et celui qui tarde à apparaître ? Quant aux monstres ……. !
Le vieux monde c’est celui de ces monstrueuses inégalités où la moitié de l’humanité vit dans le plus grand dénuement quand 1% ont autant que les 99% restants. C’est celui de ces milliers de réfugiés, hommes, femmes et enfants fuyants au péril de leur vie, la misère, les guerres ou les dérèglements climatiques. Le vieux monde c’est celui des exclus de la marchandisation exposés à l’étalement racoleur des formidables richesses produites par le développement prodigieux des capacités humaines. Le vieux monde c’est le spectacle scandaleux de sommes innombrables jouées à la bourse ou livrées aux dépenses de mort, quand l’argent manque pour satisfaire les besoins les plus élémentaires du plus grand nombre. Le vieux monde c’est l’ordre parasitaire d’une oligarchie, jamais rassasiée, qui s’accroche à ses privilèges au mépris des sacrifices imposés à tous les autres.
Tout cela devient maintenant insupportable à ceux qui l’ont longtemps supporté comme une malédiction. Hors les damnés de la Terre, beaucoup prennent conscience que l’on ne règlera pas leurs problèmes sur la misère des autres et cherchent à s’affranchir de la logique d’un système qui les envoie tous dans le mur. Les jeunes conscients des possibilités que le développement des nouvelles technologies ouvre à une vie meilleure refusent de perdre leur vie à la gagner au bout d’une interminable galère.
Ces forces sociales existent partout pour contester la situation qui leur est faite. Il reste encore à donner un nom à leur malheur commun. La pleine responsabilité du système capitaliste peine encore à émerger. C’est dans leurs luttes émancipatrices que les consciences s’éveilleront.
Le nouveau monde sera forcément celui de la mise en commun où selon la belle formule De Marx « le libre développement de chacun sera la condition du libre développement de tous. »
Ce monde là reste à écrire. Non pas sur du sable. Les prémices de la nouvelle société sont déjà dans celle qui se meurt. La sécurité sociale comme elle avait été conçue à son origine, le service public, le statut de la fonction publique, les coopératives ouvrières et agricoles, …libérés de la pression des politiques libérales, seront des points d’appui pour la construction de la nouvelle société.
Alors une élection présidentielle pour rien ? Peut être pour mettre en évidence que la crise globale qui traverse les sociétés capitalistes ne trouvera pas de réponse dans leurs institutions. Disons les mots qu’il faut : c’est le système capitaliste qu’il faut renverser. Ça s’appelle une révolution !