Et si le mal était dans la société française ?
Mercredi 18 novembre 2015
L
e Président nous dit qu’on est en guerre. Il nous renvoie à un ennemi extérieur. L’Etat islamique frappe la France. Mais ce sont des français qui commettent les attentats, des jeunes gens issus de l’immigration.
On nous dit que c’est Daech qui se sert d’eux pour exporter leur guerre. Et si eux trouvaient dans Daech les moyens d’extirper une haine puisée dans leurs conditions de fils d’immigrés des banlieues.
Et si le mal était d’abord dans la société française ?
Nous avons publié une enquête de l’Insee sur la pauvreté à Béziers. Nous disions que la situation était explosive. Le revenu médian des habitants de La Devèze est de 6000€/an. Le revenu avant distribution des 10% les plus aisés est 40 fois plus élevé que celui des 10% les plus modestes. Le chômage des jeunes y est de 31%.
Où peuvent-ils trouver l’espoir d’une vie meilleure s’ils sont constamment mis à la marge d’une société qui exposent insolemment ses richesses et affiche ses inégalités.
Comment accepter sans rage qu’aller au stade, boire un coup à la terrasse d’un café, assister à un spectacle n’est jamais possible pour soi ?
Evidemment tout cela ne peut en aucun cas justifier le terrorisme et les actes lâches et abominables qui ont été commis.
Mais sur un terrain abandonné par les communistes, sans perspective de changement de société, s’ouvre un terreau fertile pour les recruteurs de Daech.
Larguer des bombes en Syrie, fermer les frontières ne sert à rien. Il faut enfin qu’on se demande sérieusement comment en finir avec de telles inégalités. L’urgence n’est pas à une inflation sécuritaire, l’urgence est impérativement sociale.
Une interrogation qui ne préoccupe guère le gouvernement actuel plus enclin à servir les plus riches et à se lancer dans des aventures à caractère colonial.