Le mouvement des gilets jaunes est l’expression d’un ras le bol général. L’augmentation du prix des carburants est la goutte qui fait déborder le vase.
C’est là l’un des soubresauts du dysfonctionnement d’une société, sous l’emprise tentaculaire d’un capitalisme boulimique, qui ne marche plus que pour servir les intérêts d’une minorité de privilégiés qui détient tous les pouvoirs et s’accapare l’essentiel des richesses produites.
La question du pouvoir d’achat qui motive la mobilisation des gilets jaunes ne peut se limiter à la baisse des taxes sur le carburant.
Si le monde du travail n’a pas accès à la part de richesses à laquelle son travail lui donne droit c’est qu’il a laissé à d’autres le soin d’en user et d’en répartir les fruits.
Le pouvoir d’achat du monde du travail baisse parce que la ponction du Capital sur les richesses produites s’est alourdie. Toutes les réformes engagées par le gouvernement de Macron visent cet objectif. (C.I.C.E, exonérations de cotisations sociales, baisses d’impôts, réduction de la dépense publique..)
Et tout cela ne suffit pas encore à satisfaire la soif de profits des Capitalistes, ils veulent s’accaparer notamment le magot de la Sécu et des retraites.
Tant que le monde du travail les laissera faire, les Capitalistes n’auront aucun scrupule à piocher dans leurs poches.
Le mouvement ouvrier dans son ensemble (salariat) porte donc une responsabilité : c’est lui et lui seul qui détient les clés de l’issue à cette crise. C’est lui et lui seul qui produit les richesses dont se gavent les capitalistes. Qu’il lui vienne l’idée d’en finir avec cette situation, de prendre la maitrise de son travail et des richesses qu’il produit et c’en est fini du capitalisme.
Le mouvement des gilets jaunes n’est à l’évidence pas pour le moment à ce niveau de conscience.
C’est pourquoi ce gouvernement n’en a pas peur. La publicité dont il a bénéficié montre bien que le pouvoir souhaite en faire le déversoir des colères populaires pour mieux les mater.
Ce dont il a peur c’est de la convergence de ces colères populaires avec le mouvement ouvrier.
Le coche semble raté cette fois ci. Les syndicats n’ont pas voulu prendre en compte ce mouvement qu’ils auraient pourtant pu nourrir de leurs forces et de leurs revendications.
La faiblesse des réponses politiques et syndicales à la guerre de classe menée par les capitalistes et leurs relais politiques et médiatiques ouvre la porte à la multiplication de ces colères populaires.
Les forces politiques et syndicales les plus déterminées à changer la société ne peuvent pas s’en tenir à regarder passer la colère sociale.
On ne sait encore comment va évoluer le mouvement des gilets jaunes. S’il persiste, il s’apercevra bien vite que sans l’apport du mouvement ouvrier il ne pourra aller bien loin. Alors l’occasion ne devra pas être à nouveau manquée.