Aujourd’hui 20 juin : journée mondiale des réfugiés.
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En 2015, le nombre de déplacés et de réfugiés dans le monde a atteint le niveau record de 65,3 millions de personnes, a annoncé l'ONU lundi.
Selon le rapport statistique annuel du Haut-commissariat pour les Réfugiés (HCR), c’est la première fois que le seuil des 60 millions de personnes réfugiées et déplacées a été franchi – soit plus que toute la population d’Afrique du Sud. Ce nombre est en forte hausse par rapport au chiffre de 2014 (59,5 millions).
Le nombre de réfugiés – personnes ayant quitté leur pays – s’est élevé à 21,3 millions, et celui des personnes déplacées – ayant quitté leur foyer sans quitter le pays – à 40,8 millions. On comptait également l’an dernier 3,2 millions de demandeurs d’asile dans les pays industrialisés.
Un être humain sur 113 est aujourd’hui déraciné, il est demandeur d’asile, déplacé interne ou réfugié. Cela en dit long sur l’état du monde aujourd’hui.
Le Haut-commissaire aux Réfugiés, Filippo Grandi estime que « les facteurs menaçant les réfugiés se multiplient ». « Un nombre terrifiant de réfugiés et de migrants décèdent en mer chaque année, sur terre les personnes fuyant la guerre ne peuvent poursuivre leur voyage car les frontières sont fermées », souligne-t-il.
Tandis que le monde entier a les yeux rivés sur les réfugiés en provenance du Moyen-Orient qui tentent désespérément de gagner l’Europe, nombreux sont les pays d’Afrique qui peinent à gérer le phénomène à long terme des réfugiés et déplacés.
Les chiffres sont effarants : l’Afrique recense plus d’un quart de la population mondiale de personnes contraintes à l’exode. Sur un total de 18 millions de personnes déplacées en Afrique, plus de 12,5 millions sont des déplacés internes. Il s’agit en majorité d’enfants et de jeunes de moins de 18 ans. En Afrique, certains camps existent depuis une quarantaine d’années. Les enfants qui y sont nés n’ont pas d’autres attaches que ces campements de fortune. Les générations qui s’y succèdent sont en quelque sorte les oubliées du développement.
Pourtant l’Afrique a réalisé plus de progrès que n’importe quel autre continent en élaborant des cadres juridiques parmi les plus progressistes en matière de déplacements forcés. La Convention de Kampala, entrée en vigueur en 2012, est considérée comme un texte phare pour les droits de l’homme. À ce jour, 25 États ont ratifié cette convention qui impose aux pouvoirs publics d’assurer le bien-être des personnes déplacées.
Ainsi, la Tanzanie a accordé la citoyenneté à 200 000 réfugiés, leur donnant accès à la propriété foncière et leur permettant de prendre part à la vie politique. C’est aussi ce qu’a fait la Zambie, qui a accordé aux réfugiés de longue date le statut de résidents et des droits d’accès aux terres. En Ouganda, les réfugiés se voient allouer de petites parcelles de terrain dans les villages et sont ainsi intégrés à la communauté d’accueil.
Pendant que l'Europe s’enflamme pour son championnat de football, le drame des réfugiés continue de se dérouler sur l'ensemble du continent ainsi qu'à ses portes avec la complicité des dirigeants européens. Carton rouge pour l'Europe!
Depuis le début de l’année 211.385 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la Méditerranée. La plupart viennent de pays ravagés par des conflits comme la Syrie (37%), l’Afghanistan (19%) ou l’Iraq (12%) ou tentent d'échapper à des régimes répressifs comme l’Érythrée (3%) ou l’Iran (2%). Plus de la moitié des personnes arrivées depuis le début de l’année sont des femmes et des enfants. 2856 personnes se sont noyées ou ont été portées disparues en Méditerranée.
Tant les États membres de l'Union européenne (UE) que les instances de celle-ci ont démontré leur incapacité à s'adapter à cette situation, pourtant bien moins dramatique que celle à laquelle sont confrontés certains États voisins de pays en conflit comme le Liban, la Jordanie ou encore la Turquie.
Face au défi posé par la crise actuelle, les États membres et les institutions européennes, ont, pour la plupart, sombré dans le repli sur soi. Rhétorique populiste et mesures « anti-migrants» souvent électoralistes se multiplient voire se banalisent, écornant au passage les droits et la dignité des migrants, demandeurs d’asile et réfugiés.
L'UE poursuit la militarisation croissante de ses frontières et reconnaît une valeur juridique à des raccourcis contraires au droit d'asile destinés à distinguer les « vrais » des « faux» réfugiés. Elle externalise ses responsabilités en matière de gestion des flux migratoires auprès d'États parfois répressifs chargés de contenir les candidats à l'émigration vers l'Europe à l'intérieur de leurs frontières.
Parallèlement, de nombreux États ont adopté des mesures drastiques visant à repousser ou à dissuader les exilés d'accéder à leur territoire ou à ceux d'autres États européens : érection de murs visibles ou invisibles, quotas, violences policières, refoulements, détention systématique, notamment de mineurs, dans des conditions dégradantes, confiscation des biens...
Non seulement rien ne va dans la résolution des causes de cet exode, bien au contraire, mais la gestion répressive de la crise par les dirigeants européens est déshonorante. Elle alimente la peur, renforce la marginalisation et la stigmatisation, exalte la discrimination et la xénophobie.
Le journal l’Humanité raconte dans un article titré : « les sentiers clandestins de la solidarité » comment des citoyens français et italiens, « collectent, nourrissent, protègent, hébergent les exilés et organisent leur passage en France. Des justes prêts à se mettre dans l’illégalité pour faire de l’Europe une terre d’humanité et d’hospitalité »
Pour ne désespérer de l’Homme.