Communes rebelles ?
Le 100e congrès de l’association des Maires de France s’ouvre aujourd’hui, pour trois jours, à la porte de Versailles.
L’atmosphère pourrait bien y être très tendue. Les sujets qui fâchent ne manquent pas entre les maires et le gouvernement. Baisse de 13 milliards d’Euros des dotations publiques, suppression de la taxe d’habitation et des emplois aidés, mise sous tutelle des communes…
En fin de compte, il ne resterait plus aux Maires qu’à inaugurer des chrysanthèmes et à remplacer les élus locaux par un cabinet de techniciens s’appliquant fidèlement à une bonne gestion libérale.
Le pas n’est pas loin d’être franchi par bon nombre de collectivités locales qui font précéder toutes leurs décisions d’un appel à des bureaux d’étude dont ils suivent scrupuleusement les recommandations.
Les conséquences attendues de cette situation ne se font pas attendre : privatisation, abandon ou restriction de services publics, délégation et transfert de compétences… la commune ne serait plus alors qu’une coquille vide qui n’attendrait plus que le coup de pied de l’âne pour disparaître.
La disparition des Communes s’ajouterait ainsi à la liste déjà impressionnante des «prises» du président Macron.
« Et si l’alternative venait des communes ? » titre aujourd’hui l’Humanité.
Le journal cite de nombreux exemples de communes qui ont non seulement décidé de s’opposer à la vague libérale mais qui inventent de nouvelles pratiques sociales : remunicipalisation de la gestion de l’eau, des déchets, des transports, transition écologique vers l’autonomie énergétique et même alimentaire, écoconstruction, innovations démocratiques … faisant ainsi de la Commune non pas un lieu de soumission à l’ordre libéral mais l’autre terrain, avec l’entreprise, de l’affrontement de classe.
Un réseau européen de « villes rebelles » se constitue ainsi, avec comme fer de lance les villes espagnoles conquises par les mouvements sociaux, Barcelone, La Corogne, Madrid.. On pourrait évidemment citer Marinaleda en Andalousie un village 100% en autogestion et bien d’autres ailleurs.
Ainsi, à rebours de la contre-révolution conservatrice, la Commune pourrait bien devenir le lieu du renouveau démocratique et social.
N’attendons pas de ce congrès qu’il renverse la table. Il y a bien peu de probabilités que la grogne, bien réelle des Maires, n’outrepasse l’orthodoxie libérale.
C’est à la population de se saisir de ces enjeux. La Commune est le premier et le plus important des services publics. Elle doit être avec le lieu de travail, le centre de l’exigence d’une nouvelle démocratie.