L’école en morceau
Tout le monde a vu, avec consternation, cette vidéo tournée dans une classe où un jeune élève braque une arme, factice dit-on, sur une professeur, assise à son bureau.
Ces images ont provoqué un effet de choc sur la population, effarée de découvrir à quel degré de violence était arrivée l’école dans certains quartiers de notre pays.
Le ministre de l’éducation nationale a aussitôt annoncé des sanctions sévères contre l’auteur de cette agression et contre ceux qui avaient participé à sa mise en scène.
La vidéo a été vue des milliers de fois sur les réseaux sociaux et les chaines d’info continue ont multiplié les débats sur le sujet. Les profs sont venus dire leur malaise. On a sorti les statistiques de la violence en milieu scolaire. On a parlé de la rétention d’informations par les chefs d’établissements, soucieux de ne pas dégrader l’image de leur collège ou lycée. On a ressorti tout l’arsenal sécuritaire : multiplication des caméras de surveillance, vigiles et policiers, dans l’établissement et même dans les classes. On a montré les exemples de ce qui était fait dans les autres pays pour protéger les établissements et les élèves.
Pour les protéger de quoi ? Il a été impossible de dire sans recevoir une volée de bois vert de tous les experts et journalistes mobilisés à cette occasion, qu’il s’agissait de les protéger de la violence d’une société capitaliste en déliquescence.
Et pourtant, c’est quand même la misère et l’exclusion sociale que génère ce système qui ont provoqué chez ce jeune élève un tel irrespect de l’institution scolaire.
Quant à l’Ecole, elle-même, elle subit les effets des cures d’austérité, de suppressions de postes prodiguées par les politiques libérales des derniers gouvernements et celui-ci n’est pas en reste.
Oui, l’Ecole, comme l’ensemble des institutions de notre pays, est en crise. La dégradation des rapports sociaux, l’aggravation des inégalités, la persistance d’une misère de masse, la mise à l’écart d’une population d’origine étrangère, tout cela éclate aujourd’hui dans les classes avec fracas. La crise du système capitaliste y produit ses effets. La compétence et la bonne volonté des enseignants ne suffiront pas à l’endiguer.