C’est la rentrée !
C’est la rentrée. Quel est l’avenir scolaire pour les plus de douze millions d’élèves de l’enseignement primaire et secondaire ? 5% d’entre eux n’atteindront pas la 3ième , 73% décrocheront le bac, 44% réussiront un diplôme d’enseignement supérieur dont 18% bac +5.
Ces chiffres qui sont plutôt bons cachent une réalité qui l’est beaucoup moins.L’éducation, mesurée par le nombre d’années d’études, est devenue plus accessible à tous, mais cette démocratisation a été ségrégative : elle a surtout bénéficié aux enfants des catégories sociales supérieures.
Ainsi, un enfant d’ouvrier non qualifié ou de parents inactifs a environ deux fois moins de chances d’obtenir le baccalauréat qu’un enfant de cadre ou d’enseignant (et cinq fois moins de chances d’obtenir un baccalauréat général), et presque dix fois moins de chances d’obtenir un diplôme de niveau bac+5.
« Pour l’école française, le milieu socio-économique de l’élève est une variable de plus en plus prédictive de la performance scolaire » (INSEE)
Les écarts de réussite scolaire des jeunes selon leur origine sociale se creusent au fil de la
scolarité, secondaire et supérieure. Et cela ne va pas en s’arrangeant.
L’école reste un élément déterminant dans la reproduction et l’intériorisation des différentiations sociales. Pour les enfants des couches populaires, l’école transforme des inégalités sociales en sentiment d’échec personnel justifiant leur relégation dans les catégories sociales inférieures.
En fait, Les tensions qui traversent l’école sont les mêmes que celles qui tendent la société française : le refus de faire place aux classes laborieuses.
Les enseignants sont-ils conscient de cette réalité ? Ils la subissent sans toujours mesurer la responsabilité de leurs pratiques et du rôle de l’école dans la perpétuation des inégalités de classe.
Pour ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre l’école c’est d’abord la soumission à l’employabilité. J’apprends pour espérer trouver un emploi. Quand le chômage de masse perdure la motivation s’étiole. Pour les classes dominantes, la connaissance est un pouvoir.
Se rend-on compte de ce qu’apporterait dans la perception de l’école des couches populaires la perspective du salaire à vie et de la propriété d’usage des moyens de production. Libérées de la pression à l’emploi, elles pourraient s’adonner aux plaisirs de la connaissance et se préparer à l’exercice de leur nouvelle citoyenneté. Ça change tout ! L’école s’en trouverait transformée dans ses contenus, ses méthodes et ses buts.
Savent-ils ceux qui luttent contre la loi El Khomri tout ce que peut amener à la transformation de l’école, leur combat pour la dignité des travailleurs ? Les enseignants y puiseront une motivation supplémentaire à se joindre à leur combat.