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Charles Heimberg. Historien et didacticien de l'histoire

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Billet de blog 4 février 2012

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Drôle de mémoire au fond des lacs de la Suisse centrale !

En Suisse, un communiqué du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports vient de nous apprendre que plus de 8'000 tonnes de munitions, éléments de munitions et autres équipements militaires avaient été déversés dans quelques lacs alpins après la Seconde Guerre mondiale.

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En Suisse, un communiqué du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports vient de nous apprendre que plus de 8'000 tonnes de munitions, éléments de munitions et autres équipements militaires avaient été déversés dans quelques lacs alpins après la Seconde Guerre mondiale. Et qu’il n’était finalement pas nécessaire de les récupérer. Mais la cause de la déformation des organes sexuels des féras du lac de Thoune reste pour l’heure indéterminée…

Il est en somme assez surprenant d’apprendre qu’ont été jetées dans ces lacs qui se donnent à voir aux touristes pour leur prétendue propreté des munitions en tous genres, d'artillerie, antiaériennes, d'infanterie, des mines, bombes, systèmes d'allumage, explosifs, fusées et poudre explosive (Agence France Presse, 3 février 2011). Il y a vraiment là de quoi s’en donner à cœur joie pour la faune lacustre. « Les dernières immersions ont eu lieu en 1963 dans le lac de Thoune et en 1967 dans le lac d’Uri », précise en outre le rapport qui a été publié par les autorités helvétiques dans une belle présentation illustrée (voir http://www.vbs.admin.ch/internet/vbs/fr/home/documentation/publication/umwelt/ruckst/dokument.html) qui aboutit aux conclusions suivantes :

« Les résultats acquis constituent la base scientifique de la décision de renoncer à repêcher les munitions immergées, car :

1. Il n’est possible de mesurer ni des substances explosives ni des produits de dégradation provenant des munitions au fond et dans l’eau des lacs ;

2. Les munitions seront, comme jusqu’à présent, de plus en plus recouvertes par des sédiments lacustres naturels ;

3. Rien n’indique que les munitions immergées jouent un rôle dans les modifications des organes des corégones du lac de Thoune ;

4. Le repêchage des munitions entraînerait de grands risques pour l’écosystème et, surtout dans le lac des Quatre-Cantons, pour l’eau potable. Les travaux de repêchage impliqueraient en outre des risques d’explosion et des nuisances considérables durant des années. »

On apprend même, et c’est encore plus savoureux, que les concentrations au fond de ces lacs de substances polluantes sont « la plupart du temps nettement inférieures à celles des couches d’eau supérieures. Ce fait indique que les substances en cause ne proviennent pas des munitions immergées, mais de l’extérieur du lac, par exemple d’entreprises industrielles ou d’installations de destruction des munitions et de champs de tir situés dans le bassin des affluents ». Ce qui n’a rien non plus de rassurant.

Dans l’histoire des sociétés humaines, on retrouve régulièrement des récits mythiques qui ont pour fonction première d’occulter des réalités peu favorable à l’image de ceux qui les dominent. Il n’en va pas autrement avec ces lacs alpins idylliques qui sont situés dans un paysage mythifié alors qu’ils renferment les excès militaires d’un pays où la mémoire dominante est souvent sélective.

Charles Heimberg, Genève

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