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Charles Heimberg. Historien et didacticien de l'histoire

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Billet de blog 18 avril 2009

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Quand la censure remplace la prévention des risques

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Le bilan humain du tremblement de terre de L’Aquila, dans l’Italie centrale, est très lourd. Il ne concerne pas seulement ses près de 300 victimes, mais aussi tous ses blessés et tous ses rescapés qui craignent l’abandon qui les guette dès lors qu’ils ne seront plus à la une de l’actualité.

Quand elle frappe une collectivité, une catastrophe de ce genre joue souvent le rôle de révélateur de l’état d’une société et de son fonctionnement. De ce point de vue, deux faits peuvent être relevés autour de ce drame de la région de L’Aquila.

Le premier concerne un foyer d’étudiants qui a causé huit décès en s’écroulant. A priori, on pourrait penser qu’un tremblement de terre est un événement inattendu qui vous frappe brutalement sans que vous l’attendiez. Or, la région des Abruzzes avait connu dernièrement de très nombreuses secousses qui ne manquèrent pas de susciter d’énormes craintes dans la population. Ce fut tout particulièrement le cas de ces étudiants qui avaient vu leur foyer se lézarder, à tel point que la plupart d’entre eux avaient fini par éviter autant que possible d’y dormir. Quelques jours avant la catastrophe, ils avaient même exigé un contrôle du bâtiment. Mais un architecte leur avait assuré avec fermeté que tout était en ordre. Ceux qui sont morts le 6 avril dernier n’avaient en réalité dormi là que par obligation, parce qu’ils avaient un examen à passer le lendemain matin. Ils n’ont pas pu s’y présenter.

Le second a eu lieu très loin du drame, dans les locaux de la RAI, cette télévision publique italienne qui est l’une des pires qui soient tellement elle ressemble à ses concurrentes berlusconiennes. Un journaliste, Michele Santoro, et son émission Annozero font toutefois exception. Or, il a été blâmé et condamné à rectifier une présentation de la gestion des secours après le tremblement de terre qui avait été jugée trop critique par le pouvoir. La notoriété du journaliste a certes empêché son éviction. Mais la RAI, sous les applaudissements de la droite italienne, a suspendu le dessinateur Vauro pour une caricature qu’il avait produite pendant la même transmission : elle faisait dire à un petit personnage que la seule augmentation du volume des logements dans la région des Abruzzes –c’était là une promesse du gouvernement Berlusconi- n’avait finalement eu lieu que dans les cimetières.

Cette censure, indigne d’une démocratie, a été justifiée par le fait que le dessin aurait blessé les familles des victimes. Mais une autre vignette s’en prenait directement à Berlusconi. En réalité, c’est pour une tout autre raison que le pouvoir ne pas supporté cette image : elle a en effet dévoilé toute la supercherie d’une compassion tendant à faire croire que le malheur survenu n’aurait pu être ni prévu, ni prévenu ; et toute l’illusion qui marque les grandes promesses, les éternelles promesses d’une classe politique particulièrement médiocre.

Comme quoi la censure n’est bien souvent que le produit de l’incompétence des censeurs !

Source : La Repubblica et Il Manifesto, 15 et 16 avril 2009

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