Participant le 11 novembre dernier à une visite collective de musées et autres lieux de mémoire de la Première Guerre mondiale, je me suis fait remarquer en recevant des appels professionnels sur mon téléphone portable. Eh non, pour le Suisse de service, ce n’était pas un jour férié !
http://www.jacquelineveuve.ch/dsp_1f.php?lg=fr&fid=13], un témoin racontait avoir apostrophé, à la fin de la Grande Guerre, une femme de bonne famille dans un wagon de première classe, parce qu’elle avait regretté à haute voix la fin si rapide de ce conflit qui rapportait tant d’argent à l’entreprise de famille…
Cette histoire et quelques autres que nous fournissent les sources du passé mériteraient d’être mieux connues et commentées. Elles mériteraient aussi d’être mises en musée, ou d’être traitées dans des centres critiques d’interprétation historique.
Dans son texte posthume visionnaire, Sur le concept d’histoire, Walter Benjamin fustigeait ces historiens qui s’identifient par empathie aux vainqueurs. Il affirmait la nécessité de se donner « pour tâche de brosser l’histoire à rebrousse-poil ».
À Craonne, vers le Chemin des Dames, comme l’a justement souligné Yohann Chanoir dans une autre chronique de Mediapart sur le Salon du Livre et la réunion du CRID14-18 tenue le 13 novembre dernier [<http://blogs.mediapart.fr/blog/yohann-chanoir/171111/craonne-lieu-de-memoire-militant>], c’est bien la même perspective qui se profile au fil des débats.
En Suisse par contre, dans ce domaine, alors que prévalent depuis quelque temps des récits historiques complaisants qui font semblant de mettre à distance les clichés les plus usités pour encore mieux les faire valoir, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a encore bien du travail pour faire valoir de véritables reconstructions historiques critiques !...
Charles Heimberg, Genève