Le président du Conseil italien a beau avoir multiplié les provocations et les accès de vulgarité pendant des mois, il lui aura donc suffi d'avoir été agressé au visage par un déséquilibré armé d'une miniature métallique de la cathédrale de Milan pour remonter prestement dans les sondages. Cette agression absurde aura même suffi pour que l'un des principaux dirigeants de la gauche italienne, Massimo D'Alema, déclare sa volonté de réforme et de collaboration avec la droite pure et dure qui gouverne son pays.
D'aucuns, comme l'historien Giampasquale Santomassimo [Il Manifesto du 22 décembre 2009], ont vu là une étrange résurgence du "toglittiatisme", en référence au soutien que le dirigeant communiste Togliatti avait accordé au maréchal Badoglio pour combattre le fascisme en pleine Seconde Guerre mondiale. Sauf que ce "togliattisme" défaitiste d'aujourd'hui n'est pas justifié par une menace fasciste et qu'il consiste seulement à sauvegarder les intérêts privés d'un chef de gouvernement préoccupé bien davantage de ses intérêts personnels que de ceux de la collectivité. Un chef de gouvernement "télécratique" qui représente justement la principale menace à la démocratie de son pays.
En Italie, comme dans d'autres pays voisins dominés par une droite conservatrice pure et dure, c'est bien le manque d'alternative politique qui se fait le plus cruellement sentir.
Charles Heimberg (Genève).