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Billet de blog 15 octobre 2024

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Image de génocide : un Palestinien brûlé vif sur un lit d’hôpital par Israël

Un jour, sans doute, l’Histoire montrera cette image pour dire le génocide des Palestinien·nes par Israël : Shaaban Al-Dalu, un Palestinien brûlé vif pendant qu’il était branché à une perfusion intraveineuse sur un lit d’hôpital dans une tente de déplacé·es à Gaza, bombardée par Israël, le 14 octobre 2024 à 1h30 du matin.

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Shaaban  Al-Dalu, 19 ans, atteint d'hépatite, était un brillant étudiant en ingénierie informatique; il a réussi ses derniers examens avec une moyenne de 97,9 %. Le 6 octobre, Shaaban avait survécu à une première frappe aérienne nocturne sur une mosquée où il dormait et qui a fait 20 morts. Il a été blessé derrière l'oreille. Sa mère, Alaa Al-Dalu, 38 ans, est aussi morte brulée vive à ses côtés. Les deux sont mort·es devant Mohammed, 16 ans, le frère de Shaaban, qui les a regardé·es brûler et n'a pas pu les sauver. Le père, Ahmed, 44 ans, et les deux sœurs de Shaaban, Farah, 18 ans et Rahaf, 13 ans, sont gravement brûlé·es et actuellement à l'hôpital. Abdelrahman, le petit frère, 10 ans, a succombé à ses brûlures; il est mort à l’hôpital, le 18 octobre, quatre jours après Shaaban.

Plusieurs autres patient·es et réfugié·es palestinien·nes étaient blessé·es ou mort·es brûlé·es vif·ves lors de cette frappe aérienne israélienne de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa, à Deir Al-Balah, au centre de la bande de Gaza. L’hôpital a été pourtant décrété « zone humanitaire » par l’armée israélienne.

Le langage -même le plus horrifiant- est trop humain pour décrire les actes de ces monstres soutenus par les États-Unis, les pays dits civilisés et le silence immonde des États arabes lâches. Un génocide qui se déploie sous nos yeux, en temps réel, impunément, depuis octobre 2023. 

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Famille de Shaaban Al-Dalu © shabanahmed19 (Instagram de Shaaban)

Le jour de l'assassinat de Shaaban Al-Dalu, le 14 octobre est Columbus Day aux États-Unis, le jour férié qui célèbre l’arrivée en Amérique de Christophe Colomb qui a massacré les populations indigènes et colonisé leurs terres. -Ce jour de fête est de plus en plus contesté aux États-Unis; des États comme l'Alaska, le Nevada, Hawaï et le Dakota du Sud refusent de le commémorer-

Plusieurs autochtones de l’Amérique du Nord s’identifient aux souffrances des Palestinien·nes et les soutiennent dans leur cause. Au Canada, Quill Christie-Peters, une artiste anichinabée des Premières Nations, et les artistes autochtones de Turtle Island pour la Palestine ont collecté 60 000 dollars pour aider les habitants de Gaza. 

« Les peuples autochtones de l’Île de la Tortue ont été à l’avant-garde du mouvement de solidarité avec la Palestine, établissant des liens puissants entre la violence coloniale ici et la violence coloniale dans le monde », a dit Tori Cress du groupe autochtone Keepers of the Water (Les gardien·nes des eaux).  

« En 2020, lorsque la GRC a envahi nos terres et violé notre souveraineté, nous avons appelé à des actions de solidarité pour fermer le Canada. Des ports de Vancouver aux voies ferrées de Tyendinaga, les communautés se sont soulevées pour perturber l'économie canadienne et résister à la violence coloniale. Aujourd’hui, les gens se soulèvent à nouveau. Nous sommes résolument solidaires avec la Palestine et avec tous les peuples qui résistent au génocide. », a déclaré le chef héréditaire Na'moks de la Nation Wet’suwet'en.

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Quill Christie-Peters, à gauche, a organisé la collecte de fonds des artistes autochtones de Turtle Island pour la Palestine
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© Société des Arts Autochtones, Canada
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Des autochtones canadien·nes bloquent une ligne ferroviaire en solidarité avec la Palestine © Joshua Best

Le dernier discours de l'homme rouge est un poème de Mahmoud Darwich, composé en 1992, à l’occasion selon lui, du « 500e anniversaire de la plus grande et de la plus célèbre erreur de l'histoire de l'humanité. », la colonisation du nouveau monde par Christophe Colomb. Un chant bouleversant adressé aux autochtones des États-Unis et au peuple palestinien. À leur humanité commune, à leur puissance de vie. Le texte est inspiré de la réponse du chef autochtone Seattle au gouvernement américain qui lui a demandé d’abandonner ses terres au profit du peuple blanc, en 1854.

 Le dernier discours de l'homme rouge par Mahmoud Darwich

Mort, ai-je dit ? Il n'y a pas de mort. / Seulement un changement de monde.  SEATTLE

1 - Ainsi, nous sommes qui nous sommes dans le Mississippi. Et les reliques d’hier nous échoient. Mais la couleur du ciel a changé et la mer à l’Est a changé. O maître des Blancs, seigneur des chevaux, que requiers-tu de ceux qui parlent aux arbres de la nuit ? Elevée est notre âme et sacrés sont les pâturages. Et les étoiles sont mots qui illuminent… Scrute-les, et tu liras notre histoire entière : ici nous naquîmes entre feu et eau, et sous peu nous renaîtrons dans les nuages au bord du littoral azuré. Ne meurtris pas davantage l’herbe, elle possède une âme qui défend en nous l’âme de la terre. O seigneur des chevaux, dresse ta monture qu’elle dise à l’âme de la nature son regret de ce que tu fis à nos arbres. Arbre mon frère. Ils t’ont fait souffrir tout comme moi. Ne demande pas miséricorde pour le bûcheron de ma mère et de la tienne.

2 - Le maître blanc ne comprendra pas les mots anciens, là, dans les âmes en liberté entre le ciel et les arbres. Il est du droit de Colomb le libre de trouver les Indes dans n’importe quelle mer. De son droit de nommer nos fantômes, piment ou Indiens. Et il peut briser la boussole de la mer, qu’elle se redresse. Et il peut infirmer le vent du nord. Mais il ne pense pas que les humains sont semblables, tels le vent et l’eau, à l’extérieur du royaume des cartes. Qu’ils naissent tout comme l’on naît à Barcelone, mais en toutes choses adorent le dieu de la nature et n’adorent pas l’or. Et Colomb le libre quête une langue qu’il n’a pas trouvée ici et il quête l’or dans les crânes de nos pères bienveillants. Et Colomb a obtenu autant qu’il lui plaisait de vivants et de morts. Pourquoi de sa tombe éternise-t-il l’extermination ? Et de nous ne demeurent que guirlande pour la désolation et plumes légères sur les vêtements des lacs. Soixante-dix millions de cœurs éclatés. Cela suffira et suffira pour que tu reviennes de notre mort, roi sacré sur le trône du temps nouveau. N’est-il pas venu le temps que nous nous retrouvions, l’Étranger ? Deux étrangers en un même temps, en un même pays, comme se retrouvent les étrangers sur un abîme ? Pour nous, ce qui nous échoit, et pour nous votre part de ciel. Pour vous, ce qui vous échoit, et pour vous notre part d’air et d’eau. Pour nous, notre part de gravats, et pour vous, votre part de fer. Viens que nous partagions la lumière dans la force de l’ombre. Prends ton bon vouloir de la nuit, et laisse-nous deux étoiles que nous enterrions nos morts dans la sphère céleste ; et prends ton bon vouloir de la mer et laisse-nous deux vagues pour la pêche ; et prends l’or de la planète et du soleil et laisse-nous la terre de nos noms et repars chez les tiens, l’Étranger, et quête les Indes.

3 - Nos noms sont des arbres modelés dans la parole du dieu et oiseaux qui planent plus haut que les fusils. Ne coupez pas les arbres du nom, vous qui venez de la mer. Et ne lancez pas vos chevaux flammes sur les plaines. Vous avez votre dieu, et nous, le nôtre. Vos croyances, et nous, les nôtres. N’ensevelissez pas Dieu dans des livres qui vous ont fait promesse d’une terre qui recouvre la nôtre. Ne faites pas de Lui un huissier à la porte du roi.

Prenez les roses de nos rêves pour voir ce que nous voyons de joie ! Et sommeillez au-dessus de l’ombre de nos saules, pour vous envoler mouettes et mouettes, ainsi que s’élancèrent nos pères bienveillants avant de revenir paix et paix. Il vous manquera, ô Blancs, le souvenir de l’adieu à la Méditerranée et vous manquera la solitude de l’éternité dans une forêt qui ne débouche point sur un abîme, et la sagesse des brisures. Et il vous manque une défaite dans les guerres. Et un rocher récalcitrant au déferlement du fleuve du temps véloce.

Et il vous manquera une heure pour une quelconque contemplation, pour que grandisse en vous un ciel nécessaire à la tourbe, une heure pour hésiter devant deux chemins. Euripide un jour vous manquera, et les poèmes de Canaan et des Babyloniens, et les chansons de Salomon à Shulamit. Et vous manquera le lys sauvage pour la nostalgie, et vous manquera, ô Blancs, un souvenir qui apprivoise les chevaux de la démence et un cœur qui racle les rochers afin qu’ils taillent dans l’appel des violons.

Et il vous manque et manque l’hésitation des armes. Et s’il faut nous tuer, ne tuez point les êtres qui avec nous d’amitié se lièrent et ne tuez pas notre passé. Et il vous manquera une trêve avec nos fantômes dans les nuits stériles, un soleil moins enflammé, une lune moins pleine, pour que le crime apparaisse moins fêté sur vos écrans. Alors prenez tout votre temps pour la mise à mort de Dieu.  

4 - Nous savons ce que cache cette éloquente ambiguïté. Un ciel qui se répand sur notre sel et rend l'âme, un saule qui avance sur les pas du vent, un monstre qui fonde un royaume dans les trouées de l'atmosphère blessée et une mer qui sale les bois de nos portes. La terre n'était pas plus lourde avant la création. Mais nous avons connu cela avant le temps. Les vents nous conteront notre commencement et la fin, mais nous saignons aujourd'hui notre présent et enterrons nos jours dans la cendre des légendes. Et Athènes n'est point pour nous, et nous connaissons vos jours par la fumée du lieu, et Athènes n'est point pour vous et nous savons ce que le maître-métal nous réserve et réserve à des dieux qui ne prirent pas la défense du sel de notre pain. Et nous savons que la vérité est plus puissante que la justice, que les temps ont changé, et les armes. Qui élèvera nos voix à une pluie sèche dans les nuages ? Qui lavera la lumière après nous ? Qui habitera notre temple ? Qui préservera nos coutumes du fracas des métaux ? « Nous vous annonçons la bonne nouvelle de la civilisation » a dit l’Étranger, et il a dit « Je suis le seigneur du temps, venu recevoir la terre de vos mains ». « Passez que je vous dénombre, dépouille après dépouille sur la surface du lac. » « Je vous annonce la bonne nouvelle de la civilisation » a dit l’Étranger. « Que vivent les Évangiles. Passez donc que la divinité demeure exclusivement mienne, Indiens morts valent mieux que vivants pour notre maître dans les cieux et Dieu est blanc et blanc est ce jour. » « Vous avez un monde, et nous, un autre. » Et l’Étranger prononce d'étranges paroles, et creuse dans la terre un puits pour y enfouir le ciel. Et l’Étranger prononce d'étranges paroles et chasse nos enfants et les papillons. Qu'as tu promis à notre jardin, l’Étranger ? Roses de zinc plus belles que les nôtres ? Que ta volonté soit faite. Mais sais-tu que la gazelle ne se nourrit point de l'herbe si notre sang l'effleure ? Sais-tu que les bisons sont nos frères, et la flore, l’Étranger ? Arrête de creuser ! Ne blesse point la tortue, notre mère la terre sommeille sur son dos, et nos arbres sont sa chevelure, et ses fleurs, nos atours. « Point de mort en cette terre. » N'altère pas la fragilité de sa constitution ! Ne brise pas les miroirs de ses vergers, ne la laisse pas prendre le mors aux dents, et ne l'endoloris pas. Nos fleuves sont sa hanche et nous sommes tous, vous et nous, ses enfants. Ne la mettez pas à mort. Sous peu nous partirons. Prenez notre sang et laissez-la, telle qu'elle est, la plus belle des choses par Dieu écrites sur les eaux. Pour Lui et pour nous. Les voix de nos ancêtres nous parviennent dans les vents et nous écouteront le battement de leur pouls dans les bourgeons de nos arbres. Cette terre est notre mère, sainte, pierre par pierre, et cette terre est une cabane pour des dieux qui vécurent avec nous, étoile par étoile, et qui pour nous éclairèrent les nuits de la prière. Nous avons marché pieds nus pour toucher l'âme des gravats, et nus, avons marché afin que l'âme des vents nous habille de femmes qui nous renvoient les dons de la nature. Notre histoire était la sienne. Et le temps était un temps pour notre naissance en elle, pour revenir d'elle vers elle, ramenant à la terre ses âmes, petit à petit. Et nous gardions les souvenirs de nos aimés dans les jarres avec l'huile et le sel, et nous suspendions leurs noms aux oiseaux des ruisseaux. Et nous étions les premiers. Nul plafond entre le ciel et la bleuté de nos portes. Nul cheval se nourrissant de l'herbe de nos gazelles dans les prairies. Nul étranger traversant les nuits de nos femmes. Laissez la flûte au vent, qu'il pleure le peuple de ce lieu blessé, et qui demain vous pleurera, et demain vous pleurera.

Mahmoud Darwich lit Le dernier discours de l'homme rouge -en arabe sous-titré en anglais- © Lisan Arabi لسان عربي

5 - Disant adieu à nos feux, nous ne renvoyons pas le salut. Ne nous dictez pas les commandements du dieu nouveau, dieu du fer, et n'exigez pas des morts un pacte de paix. Il n'en demeure pas un seul pour vous annoncer la paix avec soi et avec autrui. Là nous aurions encore bâti, n'étaient les fusils anglais, le vin de France et les fièvres. Nous vivions comme il sied de vivre, compagnons du peuple de la gazelle. Nous retenions notre histoire orale et nous vous portions la bonne parole de l'innocence et de la camomille. Et vous avez votre dieu, et nous, le nôtre, votre passé, et nous, le nôtre, et le temps s'embue en nous. Gardez-vous en mémoire un peu de poésie pour arrêter le massacre ? N'êtes-vous pas nés de femmes ? N'avez-vous pas, tout comme nous, tété le lait de la nostalgie ? Comme nous, revêtu des ailes pour rallier l'hirondelle ? Et nous vous annoncions le printemps. Ne dégainez pas vos armes. Nous pourrions encore échanger quelques présents et quelque chant. Là était mon peuple. Là est mort mon peuple. Là sont les châtaigniers qui dissimulent les âmes de mon peuple. Et il reviendra, air, lumière et eau. Prenez la terre de ma mère par le glaive, mais je ne signerai pas le pacte entre la victime et son meurtrier. Je ne signerai pas la cession d'une main de terre, serait-elle couverte de ronces autour des champs de maïs. Et je sais que je fais mes adieux au dernier soleil et que je m'enroule dans mon nom et sombre dans le fleuve. Et je sais que je m'en retourne au cœur de ma mère, pour que tu puisses, ô maître des Blancs, entrer dans ton siècle. Alors, érige sur ma dépouille les statues d'une liberté qui ne renvoient pas le salut, et grave la croix de fer dans mon ombre de pierre. Je gravirai sous peu les hauteurs du chant, l'hymne du suicide des communautés lorsqu'elles accompagnent leur Histoire au lointain. J'y lâcherai les oiseaux de nos voix. Ici les Étrangers remportèrent la victoire sur le sel. Ici la mer se mélangea aux nuages. Ici les Étrangers vainquirent en nous l'enveloppe du blé et dressèrent les lignes de télégraphe et du courant électrique. Ici de détresse se suicida le faucon. Ici les Étrangers nous vainquirent, et il ne nous reste rien dans le temps nouveau. Ici s'évaporèrent nos corps, nuage après nuage dans la voûte céleste. Ici scintillent nos âmes, étoile après étoile, dans l'espace du chant.

6 - Un temps long passera avant que, pareil à nous-mêmes, notre présent devienne un passé. Nous irons tout d'abord à notre mort, et nous défendrons les arbres qui nous habillent et la cloche de la nuit, nous défendrons la lune que nous désirons au dessus de nos cabanes. Et l'étourderie de nos gazelles défendrons, la glaise de nos poteries et notre plumage dans l'aile des chansons dernières. Sous peu vous édifierez votre monde sur le nôtre. De nos tombes vous tracerez les chemins vers les satellites. Voici venu le temps des industries. Le temps des métaux. Du charbon jaillit le champagne des puissants. Et il y a morts et colonies, morts et bulldozers, morts et hôpitaux, morts et radars surveillant des morts qui plus d'une fois s'éteignent dans une vie, des morts qui survivent après trépas, des morts qui enseignent la mort au monstre des civilisations, et des morts qui trépassent pour transporter la terre au-dessus des restes des défunts. O maître des Blancs, où emportes-tu mon peuple et le tien ? Vers quel gouffre ce robot hérissé d'avions et de porte-avions entraîne-t-il la terre ? Vers quel gouffre béant montez-vous ? Et tout ce que vous désirez vous échoit. La nouvelle Rome, la Sparte de la technologie et l'idéologie de la folie. Quant à nous, nous fuirons un temps pour lequel nous n'avons pas encore apprêté notre obsession. Et nous, nous fuirons un temps pour lequel nous n'avons pas encore apprêté notre obsession. Nous nous en irons vers la patrie de l'oiseau, volée d'humains avant-coureurs. Des gravats de notre terre, nous verrons notre terre ; des trouées dans les nuages, nous verrons notre terre ; de la paroles des étoiles, nous verrons notre terre ; et de l'air des lacs, du duvet du maïs fragile, de la fleur des tombes, des feuilles de peuplier, de tout ce qui vous encercle, ô Blancs, morts qui trépassent, morts vivants, morts qui ressuscitent, morts qui divulguent le secret. Laissez donc un sursis à la terre. Qu'elle dise la vérité, toute la vérité. Quant à vous, quant à nous. Quant à nous, quant à vous.

7 - Il y a des morts qui sommeillent dans des chambres que vous bâtirez. Des morts qui visitent leur passé dans les lieux que vous démolissez. Des morts qui passent sur les ponts que vous construirez. Et il y a des morts qui éclairent la nuit des papillons, qui arrivent à l’aube pour prendre le thé avec vous, calmes tels que vos fusils les abandonnèrent. Laissez donc, ô invités du lieu, quelques sièges libres pour les hôtes, qu’ils vous donnent lecture des conditions de la paix avec les défunts.

Poème, Le dernier discours de l'homme rouge, dans recueil, La terre nous est étroite, de Mahmoud Darwich, traduit de l’arabe par Elias Sanbar, Gallimard, 2000

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