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« Il est difficile de se concentrer sur les bombardements d’Israël au Liban à cause de l’invasion d’Israël en Syrie, sur laquelle il est difficile de se concentrer à cause des atrocités d’Israël en Cisjordanie, sur lesquelles il est difficile de se concentrer à cause du génocide d’Israël à Gaza, sur lequel il est difficile de se concentrer à cause de la guerre d’Israël contre l’Iran. », a écrit l’écrivaine australienne Caitlin Johnstone, sur X.
La cadence meurtrière d’Israël nous donne le tournis, on se perd dans ce dédale sanglant, ne sachant plus où regarder, tant les atrocités se bousculent. Chaque jour, un autre crime, chaque semaine, un autre front.
Fort de son impunité historique et du soutien de ses puissants alliés, Israël colonise si religieusement, tue si méthodiquement, si massivement, depuis si longtemps. Un projet d’expansion géopolitique fondateur et sanctifié par la force dès les premières heures : s’étendre en permanence, redessiner les frontières, décider qui mérite de vivre. Un système d’occupation sans fin et sans frontière, devenu la norme pour Israël et normal aux yeux du monde. La terreur est légitime puisqu’Israël, victima aeterna, « se défend », nous répète-t-on.
La récurrence, le flot de massacres, d’invasions, de destructions a fabriqué la banalité et l’acceptation. La routine de la tuerie a balayé sa cause — l’habitude suffit. D’autant mieux que les victimes sont des Palestinien·nes, des Arabes et des musulman·es dont la « vie est non pleurable et n’a jamais été reconnue comme une vie. », Judith Butler. Leur mort n’est pas digne du deuil occidental. La déshumanisation de ces peuples est ancienne, coloniale, née de l’histoire longue qui a fabriqué l’Autre inférieur, barbare, fanatique — un Autre que l'Occident civilisé est légitimé à dominer, à effacer.
Décennie après décennie, carnage après carnage; ce qui voulait être érodé par l’habitude a fini par se régénérer dans l’excès même de la brutalité.
« Si la répétition nous rend malades, c’est elle aussi qui nous guérit ; si elle nous enchaîne et nous détruit, c’est elle encore qui nous libère. », a prévenu Gilles Deleuze.
L’injustice a fait son cycle complet et a atteint son point d’embrasement. À travers le monde, une génération de rupture, excédée par tant de souffrances impunies, a explosé de colère, a réarmé les consciences collectives et a déclenché une insurrection d’éveil.
La Palestine est devenue le symbole de la colonisation, l’emblème d’un ordre mondial en faillite morale, le visage de notre humanité retrouvée. Des peuples, par milliers, de tous les pays, tous les jours, marchent, manifestent en solidarité avec les Palestinien·nes.
« Guerre après guerre après guerre, l’empire occidental nous dit qu’il doit envoyer nos jeunes combattre des tyrans maléfiques meurtriers, jusqu’à ce que l’Occident se réveille à la réalité que son allié le plus cher au Moyen-Orient est le régime le plus maléfique, le plus meurtrier, le plus tyrannique qui soit. », Caitlin Johnstone.