Combien d’enfants allez-vous encore tuer à Gaza ?
Combien d’enfants allez-vous encore tuer à Gaza ?

« Dans votre nuit à jamais obscure
Espérez-vous que se lève le matin ?
Aïe ! Puissais-je ne pas me dresser dans ma tombe
Le jour où Dieu vous appellera !
…
Et que de princes emportés comme poussière par la bourrasque
Après tant de péchés dans la vie et tant de faveurs !
…
Prends le miroir de divination et interroge les astres
Qui rendent amer le goût du miel
Ils montreront la mort avec certitude
Mais pas la résurrection
…
Gens infréquentables !
Ni bonne plante, ni palmier
Ni gommier vous êtes
Mais épine que nul ne cueille
Nuisible, délétère »
Ne savez-vous pas que ce sont vos enfants que vous tuez et ils sont vivants ? L’un est dans l’autre, l’autre est dans l’un. Vous ravagez leur âme, vous usez leur regard et ils grandissent le doigt sur la détente. Ne savez-vous pas que ? « En s’alourdissant le corps fatiguera celui qui le mettra en terre/ Autant que les sabots qui le transporteront »
Les enfants de Gaza qui sont morts, les enfants de Gaza qui mourront vous héleront depuis leur blanche éternité :
« Quant à Dieu, c’est une question que je ne comprends pas
Crains cependant que la malédiction ne frappe sur terre ta progéniture
La blancheur a tendu ses fils à travers les cheveux
Mais n’a rien cousu sauf les jours qui se renouvellent
…
Mon jour arrivera-t-il, l’épée me transpercera sans aide
Et l’arbre m’abattra
Où trouver pour moi seul une terre suffisamment vaste
Comme un poème circulaire dont je serai le centre ? »
Combien d’enfants allez-vous encore tuer à Gaza ? Combien d’écoles allez-vous encore bombarder à Gaza ? Ne savez-vous pas que ce sont vos enfants que vous bombardez et ils sont vivants ? L’un est dans l’autre, l’autre est dans l’un.
« À toi le royaume !
...
Vaste est la mort !
…
La conscience plonge l’homme dans le malheur
Tandis que le temps déploie ses troupes silencieuses
…
Être équitable envers autrui, telle est la religion
Mais quelle religion professe celui qui refuse d’être juste ?
Et surtout crains le cri de qui subit l’injustice
Car il est des cris qui transpercent les ténèbres »
Combien de sommets byzantins les grands de ce monde vont-ils encore présider ? Combien de discours impossibles ? Combien de silence ? Combien d’États à votre botte de militaire ? Combien d’enfants allez-vous encore tuer à Gaza ?
Ne savez-vous pas ? Oui vous le savez ; vous ne voulez pas savoir. Le crime en tandem: votre humanité en ruine rejoint celle de l’aveuglé que vous prétendez viser.
Que les enfants de Gaza et de Tel-Aviv le sachent. L’un est dans l’autre, l’autre est dans l’un.
« Ne me soyez pas d’emblée hostiles
Votre Christ m’est l’égal de Mohamed
La lumière du jour aveugle-t-elle le voyageur nocturne
Ou bien sommes-nous tous dans d’éternelles ténèbres
Manquant de clairvoyance pour discerner le chemin
Ou voyant dans la vue est toujours trouble ?
Corps ravagé par la vie
Enviant presque les ossements des morts
Et âme quand elle s’y unit
Reste autant que lui dans le tourment
Âme, proviens-tu du vent ? Que cesse le vent !
Proviens-tu de la flamme ? Que s’éteigne la flamme ! »
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Extraits de divers poèmes d’Al-Maari (979-1059), cités ensemble et dans le désordre. Que le poète et son traducteur me pardonnent. Les points de suspension indiquent un changement de poème. Chants de la nuit extrême, traduit par Sami-Ali, Éditions Verticales, 1998.