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Adjointe à la Maire de Paris en charge de l'égalité femmes-hommes, de la jeunesse et de l'éducation populaire

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Billet de blog 4 mars 2022

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La France des jours heureux est universaliste, laïque et féministe !

Discours Hélène Bidard et Shirley Wirden Première partie du Meeting de Mérignac de Fabien Roussel, campagne des Jours Heureux mars 2022

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les jours Heureux et la révolution féministe 

Mesdames, messieurs – oui nous utilisons l’écriture inclusive ! Mesdames ET Messieurs,

Nous le disons d’emblée : avec nous finie la domination masculine. Qu’elle soit sur la fiche de paie ou dans la langue française.  La révolution féministe se mène sur tous les fronts. Nous défendons l’inclusion, l’égalité jusque dans notre façon de parler, n’en déplaise aux conservateurs de tous bords.

Notre projet des Jours Heureux est un projet universaliste que nous devons mener toutes et tous ensemble.

Nous adressons d’abord, devant la gravité de la situation un soutien sororal au peuple d’UKRAINE aux femmes, aux enfants, aux peuples subissant la guerre.

Nous pensons aux femmes ukrainiennes, qui comme beaucoup d’autres subissaient déjà des violences comme la GPA, le porno, la prostitution, les masculinistes… et qui maintenant subissent les « va-t-en-guerre » …

Une pensée émue et sororale à nos camarades féministes, les FEMENs, Inna et les autres, déjà réfugiées en France et dont les familles et proches sont aujourd’hui sous les coups de feu en Ukraine. 

Le féminisme est une lutte internationaliste.

Les injustices et inégalités perdurent également au niveau du globe. La solidarité́ internationale doit vivre au travers des luttes pour l’égalité́ femmes-hommes. Avec les femmes polonaises en lutte pour le droit à l’avortement...Avec les femmes afghanes qui subissent le retour des talibans...Avec les femmes qui luttent contre le viol comme arme de guerre et nous voulons citer le combat de Denis Mukwegue, mais aussi pour protéger les jeunes filles enlevées à des fins d’esclavage sexuel par les intégristes. Avec les femmes kurdes en lutte. Avec les jeunes filles victimes de mutilations génitales partout dans le monde... signez comme nous le manifeste de la fédération GAMS pour demander que la France permette aux familles d’être réunies et à l’abri en France lorsqu'une fille fuit son pays de naissance pour échapper à l'excision.

Une partie importante du programme et novatrice c’est celle sur la santé des femmes : nous allons vous en parler maintenant.

Nous voulons enfin que l’on parle de la santé des femmes et de leur droit à disposer de leur corps librement.

Un plan national sera mis en place pour la formation médico-sociale des professionnel·le·s de santé sur les maladies et symptômes spécifiques des femmes. Il permettra de lutter contre la médecine centrée sur les corps masculins. La nouvelle majorité progressiste suivra en ce sens les recommandations du rapport de la Haute-Autorité de santé publié en 2020.

Les femmes meurent davantage d’infarctus que les hommes, simplement parce que leurs symptômes sont considérés comme « atypiques » ? On apprend aux secouristes comme aux médecins à repérer les symptômes des hommes et pas ceux des femmes … C’est dingue.

Combien de femmes souffrent et meurent du mépris des grands groupes de laboratoires pharmaceutiques et d’une médecine centrée sur la santé des hommes ?

Combien de femmes souffrent d’endométriose ? Une grande innovation médicale en la matière est quasiment passée inaperçue concernant cette maladie qui touche une femme sur 10. Nous nous réjouissons de voir se développer le premier test salivaire de détection de l’endométriose à l’échelle mondiale, Endotest, qui associe biomarqueurs et intelligence artificielle. Bravo à la start up lyonnaise Ziwig, bravo aux associations mobilisées ! Et maintenant on veut ces tests gratuits et accessibles à toutes !

Les maternités de proximité seront rouvertes et un plan de lutte contre les violences gynécologiques et obstétricales sera adopté.

La question de la santé publique se lie à la question de la recherche, de l’innovation et également pleinement à l’objectif de la transition écologique.

Les femmes et les plus précaires d’entre elles sont les premières victimes des politiques capitalistes polluantes, de la dégradation de notre environnement et de nos rapports sociaux repos         ant sur l’exploitation.

Combien de femmes, dans le cadre de leur travail précaire, souffrent de maladies dues à l’exposition à des produits toxiques pour la planète, pour leur santé et pour celle de l’ensemble de la population ?

On voit aujourd’hui des injonctions à fabriquer son savon, son déo, ses protections hygiéniques etc mais pardon, cessons de vendre des produits toxiques tout court ! Le « do it yourself » c’est bien, la santé publique, comme règle pour toutes et tous c’est mieux.

Nous proposons la mise à disposition gratuite des protections hygiéniques bio, parce qu’il s’agit de produits de première nécessité.  Nous installerons des distributeurs dans tous les lieux et établissements publics.

En parlant de santé publique, nous voulons que les grands groupes publicitaires cessent de matraquer les murs et nos écrans de publicités sexistes. Des publicités qui créent des corps et des visages qui n’existent pas. Qui créent des complexes qui ne devraient pas exister. Qui créent des discriminations comme la grossophobie. Aujourd’hui, pour correspondre à un canon de beauté qui n’est autre qu’un canon du capitalisme marchand, des femmes sont mises en danger à coup de bistouri et régimes dangereux.

On nous vend de la merde pour nous faire du mal et tout cela pour une seule raison : faire du profit !

Finie la taxe rose, ce système qui fait payer plus cher un même produit aux femmes.

Libérons les corps et les esprits de ces injonctions mortifères. Laissons nos jeunes s’épanouir dans toutes leurs différences et s’aimer pour ce qu’ils sont et non pour enrichir des marchés nauséabonds.

C’est aussi ça le droit au bonheur et aux jours heureux !

C’est d’un environnement sain dont nous avons besoin, dont nos enfants ont besoin pour construire leur avenir. Nous voulons en ce sens construire une société libérée des stéréotypes de genre, et de la culture du viol.

C’est un fait, les violences sexuelles sont aujourd’hui banalisées par une culture du viol véhiculée notamment par la pornographie.

Nous voulons souligner le grand travail mené par les associations féministes comme Osez le féminisme, le mouvement du Nid, la fondation des femmes, les effrontées et d’autres avec elles … et particulièrement à l’avocate notre camarade féministe, Lorraine Questiaux qui va aboutir à un procès historique sur les viols perpétrés et la traite des femmes dans le cadre de la pornographie.

Les jeunes ont besoin dès l’adolescence d’une véritable éducation à la vie sexuelle et affective, au consentement, à l’égalité femmes-hommes. Nous ferons enfin appliquer les lois que l’éducation nationale ne respecte pas faute de moyen et de volonté politique, pour systématiser une éducation au consentement, à l’égalité, au respect des corps et à leur caractère inaliénable.

Non, on ne vend pas son corps et sa sexualité ! Non on n’achète pas le corps et la sexualité de l’autre.

Oui nous dénonçons les dangers de l’industrie pornographique et les violences sexistes et sexuelles inhérentes à ce système. Un système organisé avec des modes opératoires bien huilés au travers desquels les proxénètes ciblent les femmes les plus vulnérables, pour commettre des violences sexuelles contre elles. Un système construit sur l’érotisation des violences misogynes, de la pédocriminalité, de la lesbophobie et du racisme.

Il y a quelques jours, Osez le féminisme révélait que le mot clé le plus recherché sur les moteurs de recherche porno était « ukrainienne ». Preuve s’il en fallait que cette pornographie ne repose que sur le désir de vulnérabilité des femmes.  Ayons encore une pensée solidaire pour les femmes ukrainiennes qui vont subir la double peine des crimes sexuels comme arme de guerre.

Sous prétexte de « sexualité filmée » : des viols, des actes de torture et de barbarie, des propos faisant l’apologie de la pédocriminalité, de l’inceste ou de la haine raciale étaient jusqu’à présent impunis.

Nous soutiendrons la demande des associations de faire passer l’industrie pornographique sous le coup de la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, c’est-à-dire de traiter cette industrie comme du proxénétisme, puisqu’elle permet à certains de s’enrichir (en parle de 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires mondial annuel) en exploitant des rapports sexuels tarifés auxquels sont très souvent contraintes des femmes, voire des jeunes femmes quand ce ne sont pas des enfants.

Nous le disons et nous le redirons. Nous sommes abolitionnistes. La prostitution n’est pas le plus vieux métier du monde, c’est la plus vieille oppression !

Nous sommes pour une sexualité réciproque et démocratique, sortie de toutes oppressions y compris économique. 

Au minimum, entre 6 000 et 10 000 mineurs.es seraient prostitués.es aujourd’hui en France. Un renforcement de la prévention et du repérage des mineures en situation de prostitution est urgent !

Sommes-nous donc les seuls à gauche à refuser que l’avenir des petites filles soit la location de leurs corps au profit d’une exploitation de la violence sexuelle dévastatrice ?

Nous n’accepterons jamais que des femmes soient exposées en vitrine comme de la marchandise, nous n’accepterons jamais que des petites filles soient enlevées des pays de l’Est, d’Afrique, d’Asie, pour finir dans des bordels clandestins, dans des réseaux pédocriminels, pour assouvir les désirs de violences sexuelles d’agresseurs qui doivent être condamnés et pris en charge.

La lutte contre les violences sexistes et sexuelles c’est aussi celles concernant les enfants.

La pédocriminalité est un fléau. Ces dernières années, nombre de voix se sont élévés pour que l’action publique prenne ses responsabilités. Nous pensons à Andrea Bescond, Arnaud Gallais, Sarah Abitbol, Mié Kohyiama, Sébastien Boueilh, Flavie Flament mais aussi Vanessa Springora et Camille Kouchner.

Chaque année, 165 000 mineurs subissent des violences sexuelles en France. L’action publique sera pleinement mobilisée en faveur de la prévention et de l’action contre les violences sexuelles sur les mineures.

Les moyens seront dégagés pour recueillir la parole des enfants, instruire, juger et sanctionner les pédocriminels. Des procédures d’alerte obligatoire pour les professionnels en liens avec les enfants seront mises en place. Des actions de prévention seront organisées en direction des enfants, des parents et des personnels éducatifs.

Là aussi les soins nécessités par des agressions et crimes d’inceste seront pris en charge à 100 %, aussi longtemps que nécessaire.

Aujourd’hui en France il y a 650 pédopsy : soit 1 professionnel pour 254 enfants victimes de violences sexuelles. là aussi nous voulons 10 fois plus de pédopsy !

Les urgences psy chez les ados ont explosé avec le covid. Nous savons qu’il n'y a qu'un seul centre qui prend en charge les ados pour toute la Gironde. Qu’en est-il de tous ces jeunes victimes et co victimes de violences intrafamiliales, d’incestes, de violences sexuelles ?

Nous voulons aussi vous parler des violences subies par les jeunes pris en charge au sein de l’Aide sociale à l’Enfance. La situation de la protection de l’enfance est catastrophique, tant du côté des familles, que des professionnels, des enfants.

Une situation dénoncée que l’on peine à entendre. Nous pensons au combat de Lyes Louffok dont nous vous conseillons le téléfilm et le livre sur sa vie « L’enfant de Personne », à tous ces jeunes qui ont dû se battre mille fois plus que les autres. Qui aujourd’hui aident à leur tour les jeunes sortis de l’ASE grâce à l’association Repairs.

Ils aident des jeunes qui n’ont pas de garant, qui ont subi violences sur violences, des jeunes envoyés dans des hôtels miteux seuls à l’adolescence faute de place, qui sont jetés à la rue le jour de leurs 18 ans avec leur maigre valise et qui sont les proies des réseaux de proxénétisme et du suicide.

La réalité est là : aujourd’hui environ 1 SDF sur 3 est passé par l’ASE. Des enfants et des jeunes qui n’ont pas d’avocat pour défendre leurs intérêts face à une administration qui n’écoute même pas les travailleur.ses sociaux qui les suivent au quotidien.

Avec Fabien Roussel, l’Etat garantira l’accompagnement des enfants placés par un.e avocat.e, nous interdirons les placements à l’hôtel et les sorties sèches. C’est d’un vrai service public national de la protection de l’enfance dont nous avons besoin.

Si la famille peut être un lieu de violence envers les enfants elle est aussi un lieu d’extorsion du travail des femmes par les hommes.

L’usine est aux prolétaires ce que la famille est aux femmes. La crise sanitaire a révélé́ au grand jour le rôle primordial des femmes, en première ligne dans les secteurs les plus indispensables à la société́ comme à la maison.

Plus tôt ces stéréotypes seront supprimés, mieux l’égalité se construira dans l’espace public, dans le parcours scolaire, dans la vie quotidienne.

Parlons charge mentale : 

Partager les tâches c’est bien, penser à le faire spontanément c’est mieux.

Ce qu’on appelle des tâches c’est du travail domestique, parental et selon l’Insee c’est 1000 milliards d’euros. C’est 50% du PIB qui repose essentiellement sur les femmes et qui n’apparaît tout simplement pas dans le budget de l’état.

Les femmes sont les premières touchées par la précarité́, le temps partiel imposé, le chômage. Le Haut-Conseil à l’égalité́ rappelle que les femmes représentent 70 % des travailleurs pauvres.

Les maladies professionnelles, les accidents du travail et de trajet sont en forte augmentation chez elles, en particulier dans des secteurs à forte précarité́ comme la santé ou le nettoyage, où les accidents du travail ont augmenté́ de 81% depuis 2001.

Le minimum c’est « à travail comparable, salaire égal » !

Il sera mis un terme aux temps partiels, et les retraites seront augmentées. Le congé maternité sera protégé. Les deux parents se verront garantir un congé parental s’alignant sur la durée actuelle du congé maternité. Ce congé sera obligatoire pour les deux parents !

Des moyens seront dégagés pour le service public hospitalier, afin que soit étendu à tout le territoire l’accompagnement à la parentalité dans le retour à la maison après l’accouchement.

La méthode « CLERC », (du nom d’un Camarade de la CGT, François Clerc) contre les discriminations existantes dans l’évolution des carrières et les différences de promotion entre les femmes et les hommes, sera systématisée : L’égalité du déroulement de carrière dans les entreprises entre les femmes et les hommes deviendra une obligation.

Les femmes sont en première ligne de tant de métiers essentiels à notre société et pourtant non reconnus, invisibilisés.

Nous voulons vous faire rêver, nous porterons une réforme de la fiscalité féministe.  

Nous adopterons une loi pour l’émancipation économique des femmes.

Comme pour l’Allocation Adulte Handicapé, nous organiserons la déconjugalisation de la fiscalité.

Nous porterons l’individualisation de l’impôt et la revalorisation des allocations familiales. Comme les associations féministes nous y invitent, nous supprimerons le quotient familial qui profite aux plus aisés, et qui coûte 29 milliards d’euros / an. Nous voulons refonder la politique familiale de façon féministe et égalitaire en réorientant ces sommes vers une allocation familiale de 200€ par enfant dès le premier enfant, qui profitera à toutes les familles. Tous les droits sociaux seront également individualisés.

Nous demandons la fin de l’imposition des pensions alimentaires (défiscalisation pour le père, fiscalisation pour la mère le plus souvent). Les contributions alimentaires d’un parent ne sont pas des revenus pour l’autre parent. Nous voulons un système de prélèvement et versement des contributions alimentaires par le Trésor Public, automatique et revalorisé.

Merci à la fédération de gironde, à Sebastien Laborde, Fred Mellier, Mayi Gonzalez…  

Un mot personnel pour Fabien Roussel, pour le remercier très sincèrement de son soutien indéfectible et de son engagement personnel : Contre le cyberharcelement et les diffamations, dont sont victimes les féministes, les élues, comme les militantes … pour son engagement sans faille, dans la lutte contre toutes les violences faites aux femmes. Merci de son engagement courageux et sans faille, contre les proxénètes organisés, la culture du viol, la prostitution, le porno et les pédocriminels.

On conclura en citant un chant traditionnel féministe du mouvement ouvrier américain :

« Marchons, mes sœurs, marchons ! Le son de nos voix claires, Perçant la grisaille des cuisines noircies et des usines moroses, Guide nos pas vers un jour radieux, éclatant de lumière. »

Vivent les jours heureux, universalistes, laïques, féministes !

Shirley Wirden et Hélène Bidard

Pour la commission féministe / droit des femmes du PCF

Mars 2022

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