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Adjointe à la Maire de Paris en charge de l'égalité femmes-hommes, de la jeunesse et de l'éducation populaire

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Billet de blog 5 juin 2023

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Pour un Sénat paritaire !

Ma tribune en tant qu'adjointe à la Maire de Paris en charge de l’égalité femmes-hommes et candidate présentée par le PCF à l’élection sénatoriale de Paris du 24 septembre 2023.

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Après une vingtaine d’années de progression, la parité semble s’essouffler alors que nous ne sommes toujours pas à une représentation femmes-hommes de 50% au Parlement ! Au Sénat, seules 35,1% des élu·es sont des femmes. À l’Assemblée nationale, elles ne sont que 37,3%, une part qui a même légèrement baissé suite aux dernières élections législatives. Et je sens monter, y compris à gauche et en complète inadéquation avec les aspirations de notre société, un nouveau risque de recul sur la parité : en cette période de constitution des candidatures aux élections sénatoriales, les femmes, particulièrement les féministes, sont menacées ou évincées des positions éligibles.

Aux partis qui se revendiquent des droits des femmes : il nous faut corriger cette inégale représentation au Parlement. Il n’y a aucune raison, à part les résistances du patriarcat, pour qu’il n’y ait pas 50% de sénatrices élues lors des prochaines élections. Engageons-nous à un renouvellement paritaire du Sénat en septembre prochain !

Après tant de batailles politiques, la constitutionnalisation de la parité, l’adoption de nombreuses lois pour favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux élections et en attendant l’acte II de la parité tel que préconisé par le Haut Conseil à l’égalité pour garantir une parité réelle, nous devons poursuivre la transition démocratique et féministe de la chambre haute.

La parité a porté ses fruits. Aujourd’hui, nous avons des femmes maires, y compris dans les grandes villes, et jusqu’à Paris. Elles représentent 42,4% des élu·es au sein des conseils municipaux même si seulement 19,8% des maires et sont en général présentes là où les scrutins sont encadrés strictement. Il faudrait aller plus loin en tournant définitivement la page du scrutin uninominal, en généralisant la proportionnelle et les scrutins de liste, en veillant au non-cumul des mandats ou encore en encadrant la composition des communes de moins de 1000 habitant·es et des intercommunalités. Avec un cadre national, il est possible de lutter contre les inégalités plus insidieuses qui entravent l’exercice politique des femmes- par exemple avec un statut de l’élu·e - et de faire face aux violences, notamment sexistes et sexuelles, qu’elles subissent en politique. Les dominations et l’oppression patriarcale ne disparaitront pas facilement, mais personne ne peut aujourd’hui nier les avancées liées à la parité.

Car contrairement à ce que je lis ça ou là, la parité n’est pas une question comptable, il s’agit d’une question démocratique majeure.

À l’heure où le 49-3 devient la norme, où le pouvoir exécutif piétine le Parlement et les aspirations de l’immense majorité du peuple de France, nous avons la responsabilité d’offrir une bouffée d’air à notre démocratie. Organisons une meilleure représentation politique de la moitié de la population et inspirons-nous de ces pionnières de la parité, qui ne sont jamais devenues des « hommes politiques comme les autres » mais au contraire, développent des pratiques plus inclusives, car féministes. La parité renouvelle et étend la démocratie, c’est en perspective, une autre citoyenneté et une autre forme de pouvoir. Ne laissons pas le culte de la virilité demeurer la norme et la domination masculine, la prédation, combinées à la monarchie présidentielle éroder un peu plus notre République.

La question de la parité n’est pas seulement une question électorale et de représentation effective des femmes non plus, c’est une question de politiques publiques d’égalité femmes-hommes, de centralité des questions féministes dans la sphère publique.

Cette centralité, tout nous y pousse. Depuis 2017, nous sommes toujours dans ce « moment #MeToo » selon les termes de l’historienne Bibia Pavard, moment intense d’affirmation des droits des femmes à l’échelle mondiale, qui fait surgir tous les jours, dans toutes les sphères de la société, l’agenda féministe. La pandémie de Covid-19 a prouvé au monde que les métiers les plus féminisés sont essentiels et que sans ces salariées, la société ne tiendrait pas debout. L’actuel mouvement social contre la réforme des retraites a clairement mis en évidence les inégalités professionnelles et leurs conséquences sur le droit à une vie après le travail pour les femmes. Comment ne pas saluer la maturité de la CGT, qui a su analyser cette lame de fond, son potentiel émancipateur, et a porté à sa tête Sophie BINET, non seulement femme, mais une féministe.

Main dans la main, le patriarcat et le capitalisme tirent profit de la dévalorisation des femmes et de leur travail. Ce n’est pas nouveau, mais c’est plus visible. Et en temps de crise, les droits des femmes sont d’autant plus menacés. Élire des féministes, c’est agir pour que ces questions soient posées au cœur des lieux de pouvoir. Saisissons-nous des élections sénatoriales, dont le mode de scrutin permet, en tout cas dans les circonscriptions à scrutin de liste, un renouvellement paritaire, pour changer la trajectoire du Parlement et de nos politiques.

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