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Adjointe à la Maire de Paris en charge de l'égalité femmes-hommes, de la jeunesse et de l'éducation populaire

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Billet de blog 12 décembre 2014

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Osons repenser l'espace public pour l'égalité à Paris !

Tribune d’Hélène Bidard adjointe à la maire de Paris chargée de l’Egalité Femmes-Hommes, de la lutte contre les discriminations et des Droits de l'Homme et  Jacques Baudrier conseillé délégué de Paris chargé des questions relatives à l'architecture et aux Grands projets de renouvellement urbain.  

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Tribune d’Hélène Bidard adjointe à la maire de Paris chargée de l’Egalité Femmes-Hommes, de la lutte contre les discriminations et des Droits de l'Homme et  Jacques Baudrier conseillé délégué de Paris chargé des questions relatives à l'architecture et aux Grands projets de renouvellement urbain.  

L’espace public, un lieu neutre ? A première vue, on pourrait le croire tant hommes et femmes ont aujourd'hui intégré les inégalités dans ce domaine. Pourtant les consciences commencent à évoluer. Des étudiantes qui se mobilisent contre le harcèlement de rue aux urbanistes et chercheurs qui repensent la ville à l’aune de l’égalité entre les hommes et les femmes, l’année 2014 à Paris a été marquée par l’exigence des femmes à vouloir disposer pleinement de l’espace public.

La réalité est que l'espace public, en particulier celui des périphéries des villes, y compris de Paris, a été conçu sur la base de visions avant tout masculines. Les études le montrent, les trois quarts des dépenses publiques dans le domaine des équipements de sport et de loisirs répondent à des besoins exprimés avant tout par et pour des hommes. Le renouvellement urbain, la création de services publics, doivent permettre de porter une autre vision. 

La présence d’images sexistes confère aux femmes un statut d’objet sexuel. Mais, au-delà de ces images, comme le note ONU Femmes, les caractéristiques même d’un espace - exigu ou spacieux, éclairé ou sombre, peuplé ou désert - contribuent largement à la manière dont s’y développeront les rapports sociaux. L'espace public la nuit est une problématique à part entière. L’idée, ancrée encore dans beaucoup de mentalités, qu’une femme qui stationne dans la rue la nuit est un corps à prendre, potentiellement une prostituée, en est le témoin.

Les inégalités et le sentiment de peur des femmes dans l'espace public les incitent à rester à domicile. C’est un paradoxe car les statistiques nous rappellent que c'est précisément chez elles, par leur conjoint, que les femmes sont le plus victimes de violences. En miroir, la fabrique du masculin dans notre société revient aussi trop souvent à pousser les hommes vers les espaces publics, mais pour se confronter à l’autre. C’est la loi du plus fort appliquée à l’espace public en cela d’une manière renforcée la nuit.

La ville ne doit pas être un espace normatif d’une société qui définit un ordre social sexué. Le phénomène du harcèlement de rue en est le vulgaire exercice quotidien. Tout se passe comme si la femme qui s’aventure dans l’espace public mériterait une punition, une humiliation. Au final, l’acceptation de ce harcèlement dans la société transforme potentiellement chaque trottoir en lieu hostile aux femmes, des plus jeunes aux plus âgées.

Au-delà de la violence de ce harcèlement, mesurons les tourments quotidiens que représentent pour une femme la nécessité d'adopter des stratégies de déplacement, mais aussi d’habillement, en fonction du lieu et de l’heure de ses déplacements. Chacune pourra témoigner de cette réalité, quel que soit le quartier, car c’est loin d’être l’apanage des quartiers populaires.

Aussi, la lutte des femmes pour leur prise en compte dans l'espace public s'inscrit dans la lignée de celles pour obtenir le droit d’étudier au XIXe siècle, le droit de travailler, de voter, de se marier avec qui bon leur semble, de divorcer, le droit de disposer de leur corps dans le dernier tiers du XXe siècle. Un continent reste à conquérir pour les femmes, celui de pouvoir utiliser librement l'espace public, d'être à l’aise dans la rue, sur les places, dans les transports en commun, dans les lieux de fêtes, de culture, à l'abri de violences extérieures et cela à toute heure du jour et de la nuit. C’est une question d’émancipation pleine et entière, une question d'égalité.

Comment y parvenir en tout lieu ?

L’arrangement entre les sexes à toujours tourné au profit des garçons, y compris jusque dans la répartition géographique dans la ville. Un travail éducatif est nécessaire pour provoquer des changements d’attitude à l’égard des femmes. Quant aux décideurs publics, ils doivent agir dans tous les domaines. Bien sûr le législateur doit veiller à ce que les agresseurs soient condamnés à la hauteur de la gravité de leurs actes. Mais les choix urbains doivent aussi répondre à l'impératif d'égalité. La nature des aménagements des espaces publics, les choix en matière d’urbanisme commercial, de mixité fonctionnelle des villes, ne sont pas neutres. Il faut construire et reconstruire la ville pour les femmes et les hommes, pour toujours mieux la civiliser. Chacun y gagnera.

Comment y parvenir à toute heure ?

Notre société apprend aux femmes à être sur leur garde la nuit. Pour permettre l'égalité dans l'espace public la nuit, la densité des établissements de nuits à Paris pourrait être un atout pour réduire le sentiment d’insécurité des femmes dans la rue pour peu que le personnel de ces établissements en soient très soucieux. Les gérants de café, de bars et de boites, peuvent agir pour que les femmes se sentent pleinement les bienvenues dans leurs établissements. Il faut lutter contre le sentiment d’impunité des hommes qui harcèlent et répondre à la solitude des femmes qui subissent des violences. Les espaces de vie la nuit doivent prendre en compte les femmes et être actifs contre tous les phénomènes qui contribuent à hiérarchiser les genres. La densité des établissements de nuits à paris peut permettre de réduire le sentiment d’insécurité des femmes dans la rue, pour peu qu’ils en soient soucieux. Les espaces de vie la nuit doivent prendre en compte les femmes et être actif contre tous phénomènes qui agissent comme des opérateurs hiérarchiques de genre.

Se joue dans la ville en tout lieu et à toute heure, la légitimité des femmes à être dans l’espace public. Les violences à l’encontre des femmes, symboliques et réelles, se développent, car le contexte d’inégalités et de discriminations les rend possibles. Il faut donc engager des politiques publiques dans tous les domaines pour l’Egalité pour créer une ville du 21éme siècle pour toutes et tous.

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