Cher·es collègues,
Merci à vous toutes d’avoir salué le travail de toutes ces associations, et le travail pionnier mené par la Ville de Paris en matière de prise en compte du genre dans l’aménagement de l’espace public, pour le dépolluer d’une culture masculiniste qui reste malheureusement encore extrêmement hégémonique.
Nous nous sommes en effet engagé·es, dans le cadre de la transition féministe que je porte pour Paris, à renforcer la visibilité, la représentation et la sécurité des femmes dans l’espace public, partout et à toute heure.
Le harcèlement de rue, l’une des illustrations quotidiennes la plus criante des processus d’exclusion qui s’opèrent à l’égard des femmes dans l’espace public, est un point très important contre lequel nous nous battons. Quasiment toutes les femmes ont été victimes de ces agissements à un moment de leur vie ; plus de 80% des femmes déclarent avoir déjà subi des violences sexistes et sexuelles dans l’espace public, 100% dans les transports franciliens, plus marquant peut-être encore, 88% des femmes déclarent avoir subi du harcèlement de rue pour la première fois alors qu’elles étaient mineures.
Il n’est donc pas tant question pour les féministes « d’imposer leur idéologie dans l’espace public » comme l’a titré la semaine dernière encore Le Figaro, il est plutôt question de proposer une alternative à l’héritage patriarcal qui persiste dans nos espaces urbains.
L’enjeu est de « faire la ville ensemble », une ville qui, parce qu’elle sait tenir compte des attentes et des aspirations des femmes, devient plus attractive, plus égalitaire, plus mixte, plus inclusive, plus accessible et plus facile à vivre pour toutes et tous.
En matière d’inégalités ou de violences sexistes dans l’espace public, ces constats sont largement partagés par les citoyennes et citoyens. Si l’utilité de la démarche Genre & Espace Public continue à être remise en cause par une partie de la classe politique et médiatique, nous savons qu’elle répond en fait à un véritable besoin, ancré dans le quotidien des Parisiennes, et c’est ça l’essentiel.
Avec une dix autres adjoints et adjointes à la maire de Paris, j’ai publié en juin dernier le guide Genre et espace public – le second tome que vous pourrez retrouver sur paris.fr – qui recense les exemples et les expérimentations pour une approche genrée des politiques urbaines. En complément, nous avons mis en place un cycle de sept petit déjeuners virtuels conviant diverses personnalités expertes autour de ces questions pour former et outiller les professionnel·les de l’urbanisme, avec Jacques Baudrier et Emmanuel Grégoire entre autres.
Avec Laurence Patrice, vous en avez parlé, nous travaillons par exemple à renforcer nos actions de promotion du matrimoine, avec Karen Taïeb également, et sommes fières de mener ce premier combat pour faire passer de 4% à 12% le nombre des lieux parisiens aux noms de femmes, ce qui n’est qu’un début bien entendu puisque on vise désormais les 14 % mais rassurez-vous nous avons des projets pour essayer d’accélérer cette transition.
Vous savez aussi que nous avons inauguré, en 2019 avec Anne Hidalgo, la Cité audacieuse, qui est un lieu inédit de visibilité des luttes et de la création féministe, qui a pu rouvrir au public suite aux épisodes de confinement, et nous nous en réjouissons. Cela va porter ses fruits indéniablement.
À propos de l’éga-conditionnalité, je tiens à saluer Marie-Christine Lemardeley puisque nous travaillons avec elle sur ce sujet, pour les associations étudiantes depuis la dernière mandature et bientôt avec Pierre Rabadan, avec lequel nous portons depuis deux ans, l’appel à projet Paris Sportives, qui a pour but d’engager les femmes à utiliser les terrains de sport en accès libre, qui restent, vous l’avez dit là aussi, encore majoritairement investis par des hommes, et nous luttons contre les violences sexistes et sexuelles dans le monde sportif puisque nous avons organisé un premier temps de sensibilisation le 22 juin dernier à l’Hôtel-de-Ville, et mettons en place des formations, qui débutent prochainement, de lutte contre ces violences à destinations des clubs sportifs de la Ville, ce qui est premier pas pour la mise en place d’une éga-conditionnalité avec les clubs sportifs.
Tout ceci n’aurait pas été possible sans le soutien que la Ville de Paris apporte depuis 2016 aux associations qui interviennent pour la prise en compte de l’égalité femmes-hommes dans l’espace public. Je vous propose donc de renouveler cet appui en votant ce projet de délibération à hauteur de 50 000 euros pour les projets de 17 associations.
Les actions proposées portent ainsi sur l’organisation de marches exploratoires, sur le développement d’outil pour que les femmes puissent accéder en toute sécurité à l’espace public, sur la promotion d’action collective pour se réapproprier cet espace public, et sur les pratiques sportives des femmes.
En espérant que nous pourrons, cette fois-ci, voter ce projet à l’unanimité, je vous remercie.