Madame la Maire du 12e arrondissement, chère Emmanuelle PIERRE-MARIE,
Monsieur le directeur du CLAJE (Jean-Baptiste FERRAND),
Madame la directrice de l’association La Camilienne (Virginie MATHIAS)
Mesdames et messieurs les membres de la famille de Louise Jacobson, qui nous faites aujourd’hui l’honneur de votre présence,
Mesdames et messieurs,
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Je voudrais à mon tour exprimer la satisfaction et l’émotion qui nous animent de pouvoir inaugurer ce soir cette nouvelle antenne du Centre Paris Anim’ Bessie Smith, qui portera donc le nom de Louise Jacobson.
Satisfaction d’abord puisque nous actons ce soir, avec la Maire du 12e arrondissement, la pérennisation de cet espace comme un lieu de vie et de proximité auquel les habitantes et les habitants de ce quartier sont depuis longtemps très attaché·es.
Satisfaction encore d’avoir permis que ce nouvel équipement du service public parisien puisse continuer d’être animé et géré avec autant de sérieux que de passion par le CLAJE, associé à La Camilienne, en devenant donc une antenne du Centre Paris Anim’ Bessie Smith.
Le 91, rue Claude Decaen est donc un lieu de lien social et de proximité, mais aussi et surtout – et cela nous tient particulièrement à cœur – un lieu de ressources pour les jeunes du 12e arrondissement.
Nous avons récemment signé, Madame la Maire, le contrat jeunesse du 12e arrondissement pour la période 2023 – 2027, dans lequel nous retrouvons, entre autres objectifs majeurs – et partagés d’ailleurs avec les associations du 12e arrondissement – ceux d’accompagner les jeunes dans leur orientation, dans leurs projets et parcours professionnels ainsi que dans leur accès aux droits. Il est ainsi évident que ce lieu de ressources constitue un véritable levier pour réaliser ces objectifs que nous nous sommes collectivement fixés. C’est dans esprit que nous avons souhaité y implanter un Point d’Information Jeunesse, que de l’aide aux devoirs y est dispensée et que des offres de stages, d’apprentissage ou d’emploi y sont régulièrement relayées.
Satisfaction enfin que les usagères et usagers de cet équipement aient choisi, lors d’une consultation organisée par la Mairie du 12e, de lui attribuer le nom de Louise Jacobson. Une dénomination que le Conseil de Paris a formellement entérinée par un vote il y a tout juste un an, en juillet 2022.
Cet après-midi, c’est donc avec une émotion certaine que nous attribuons solennellement à cet espace de vie le nom d’une jeune femme qui en a ignoblement été privée de la plus barbare des façons il y a 80 ans, le 18 février 1943 à Auschwitz.
Louise Jacobson est une enfant de Paris, née dans ce cher 12e arrondissement. Elle a grandi dans ce Paris des années folles, dans l’insouciance et la fête d’une ville alors refuge pour de nombreuses personnes juives, chassées au début du XXe siècle par les progroms en Europe de l’est. Elle n’était qu’adolescente quand ce refuge s’est transformé en piège sous l’occupation. Mais en dépit des persécutions et des humiliations, malgré la haine et la terreur qui s’étaient abattues sur Paris, Louise et sa mère avaient décidé de rester. Alors que l’heure était à fuir, à se cacher pour sa vie, la jeune adolescente était bien décidée à poursuivre ses études et la préparation de son baccalauréat !
Quelle leçon de courage, quelle leçon d’humanité que de continuer à rêver au cœur de la nuit noire !
Louise n’avait que 17 ans lorsqu’elle fût arrêtée et emprisonnée. 18, lorsqu’elle fût déportée et assassinée dans les chambres à gaz d’Auschwitz. Elle lègue à la postérité humaine une correspondance précieuse. Ces dizaines de lettres écrites entre Fresnes et Drancy à l’attention de son père, de ses ami·es et camarades de classe, c’est en quelque sorte à nous, aux jeunes d’aujourd’hui et de demain qu’elle les adresse.
À nous de nous en saisir alors que le pire, en France comme ailleurs en Europe, menace de renaître de ses cendres. À nous de porter ces voix lumineuses et courageuses de l’Histoire face à la xénophobie, à l’antisémitisme, au racisme, aux LGBTphobies et à toutes les discriminations qui demeurent des fléaux de notre quotidien.
En 2015, Paris avait honoré la mémoire d’une autre de ses enfants au destin similairement tragique – Hélène Berr – en attribuant son nom à une médiathèque, tout près d’ici. Un lieu de culture pour Hélène Berr hier, un lieu de jeunesse pour Louise Jacobson aujourd’hui. Deux choix qui ne doivent évidemment rien au hasard, tant la culture est un terreau fertile de la paix et l’engagement des jeunes d’aujourd’hui pour l’égalité et contre les discriminations, une évidence.
En donnant son nom à cet équipement, Louise inspirera donc à n’en pas douter les jeunes qui le fréquentent, dans l’écriture de leur propre chapitre de justice, de paix et de liberté.
Puisse ainsi sa plume donner des ailes à cette jeunesse désireuse de tracer le chemin d’un monde digne, heureux, et résolument humain.
Je vous remercie.