A l’occasion de ces élections européennes, quasiment toutes les listes se disent « féministes ». C’est formidable ! Quelle avancée, grâce au mouvement #metoo, grâce au travail de conviction des féministes. Mais est-ce bien la réalité ? Quel projet féministe porter ? Comment être à la hauteur des attentes qui s’expriment et de l’ambition d’égalité ?
#Metoo : un mouvement qui bouleverse les consciences.
Le mouvement #Metoo, qui se poursuit depuis plusieurs années, est en train de bouleverser les consciences, de monter le niveau d’intolérance face aux violences, de changer les habitudes et d’essaimer cela partout dans le monde et particulièrement en Europe. Je crois que si nous avons gagné le droit à l’IVG dans la constitution française, c’est aussi une conséquence de ce mouvement après des décennies de mobilisation des féministes pour ce droit. C’est un mouvement profond contre les violences patriarcales et, au-delà, pour les droits des femmes et pour l’égalité femmes-hommes. Un mouvement qui opère une transition féministe de la société et contre lequel des réactionnaires s’organisent. Un mouvement dans lequel il faut avoir confiance et qu’il faut accompagner pour participer à en instruire les débats qui le traverse et porter le progrès pour toutes et tous. Un mouvement de transition qu’il faut transformer en révolution. Un mouvement qui ne peut être réduit à une partie de la population mais qui doit avoir une visée universaliste.
Mais beaucoup reste à faire. La plupart des candidates et candidats au parlement européen sont sortants. Personne ne les interroge sur leur bilan à ce sujet. Voilà 20 ans que la « clause de l’européenne la plus favorisée » a été théorisé et portée politiquent par Gisele Halimi, alors pourquoi n’est-elle toujours pas mise en œuvre ? Qu’avez-vous fait de vos mandats passés, alors que les femmes du peuple n’arrivent pas à finir le mois, alors que les services publics sont saignés, alors que l’effectivité des droits recule partout !
Contraindre les entreprises à l’égalité professionnelle.
Quasi toutes les listes aux élections européennes disent s’engager pour l’égalité salariale, plus rare sont ceux et celles qui s’engagent sur l’égalité professionnelle. Mais surtout, va-t-on passer des paroles aux actes, ou attendre 2186 que cette égalité advienne ? Décide-t-on d’en faire une priorité en contraignant les entreprises et les aides publiques à cette égalité ? Attention à la supercherie, celles et ceux qui se disent féministes mais portent et votent des politiques d’austérité en France comme en Europe vous mentent. Ils et elles ne sont pas pour l’égalité salariale et professionnelle. Et aujourd’hui dans la représentation parlementaire sortante ces faussaires sont majoritaires. Car les politiques d’austérités par essence même s’oppose à l’égalité salariale et professionnelle, en comprimant l’ensemble des salaires et particulièrement les plus as donc ceux des femmes.
Nous voulons que les dépenses publiques européennes comme françaises, comme les choix de la banque centrale européenne, soient cratérisées en fonction de l’égalité femmes hommes, et si ce n’est pas le cas qu’un rattrapage soit organisé.
Lutter contre les violences, nécessite de combattre les politiques d’austérité.
Quasi toutes les listes disent s’engager contre les violences faites aux femmes. Tant mieux ! et enfin ! Alors il va falloir franchir un cap dans la lutte pour l’abolition de ces violences. Nous devons réclamer unanimement des moyens et une définition européenne de viol comme un crime, une définition qui n’organise de reculs dans aucun pays. Dire qu’on veut lutter contre les violences faites aux femmes sans voter les budgets nécessaires pour les services publics et les associations qui accompagnent les femmes victimes est un leurre. Là aussi celles et ceux qui votent les budgets en France et en Europe, sans les moyens nécessaires pour agir avec les services publics de police, de justice, les services sociaux et les associations féministes, pour agir contre les violences, celles et ceux qui veulent appliquer les restrictions budgétaires mentent mentent : ils ne portent pas de politiques féministes. On ne peut pas se dire engager contre les violences te ne pas augmenter les budgets nécessaires à une prises en charges des victimes et à la prévention des violences.
Défendre les droits humains, c’est abolir la prostitution.
Encore plus nombreux et nombreux sont ceux qui disent leur volonté de lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Mais si on prétend lutter contre toutes les violences sexistes et sexuelles, il va falloir réclamer unanimement la mise en œuvre partout de la loi pour l’abolition de la prostitution en France et en Europe. Doit-on accepter le viol parce qu’il y a échange monétaire ? Le consentement ne peut être acheté ! D’ailleurs une définition européenne du viol devrait comprendre que le consentement ne peut être acheté. D’autant plus que les victimes de la prostitution sont soit mineur·es, soit très majoritairement victime de la traite des êtres humaines. Quand on dit être féministe et défendre les droits humains, logiquement on doit porter le principe simple : on n’achète pas le corps d’autrui, on n’aliène pas le corps d’autrui ! Les femmes sont les premières victimes de cette triple alliance entre le marché capitaliste violent, le patriarcat et une forme de néocolonialisme, car les premières victimes sont celles qui subissent les migrations.
Alors, féministes, il va falloir lutter ensemble contre toutes formes de marchandisations du corps et particulièrement contre le système prostitutionnel.
Candidat·es de droite à gauche, écoutez les premières concernées, les femmes migrantes et les mineur.es victimes, au lieu de céder à la pression de certains sur les réseaux sociaux, et de néolibéraux qui essaye de faire de requalifier les violences sexuelles en « travail » ! Comme « CAP international », et conformément aux recommandations votées par le Parlement européen le 14 septembre 2023, nous proposons de promouvoir le modèle abolitionniste qui dépénalise les personnes prostituées, leur propose des alternatives, et s’attaques aux exploiteurs : les proxénètes et les clients prostituteurs. Et nous le proposons poru que cela soit effectif partout en Europe.
Interdire la GPA, cette autre marchandisation du corps des femmes.
Féministes et enfantistes, il nous faut lutter contre le libéralisme jusqu’au bout et donc contre la GPA, ce marché qui cherche à s’organiser sur le corps des femmes. Un utérus n’est pas une machine à louer. La GPA est une pratique d’exploitation des femmes qui mobilise une revendication du « droit à l’enfant » avec ses propres gènes, des gènes que l’on choisit en choisissant les gamètes assemblés, comme si tout pouvait s’acheter. Il faut le dénoncer fermement, et une législation européenne doit interdire fermement aussi cette pratique. Il faut interdire partout dans le monde cette immonde exploitation coloniale par l’industrie capitaliste qu’elle génère, et protéger les femmes et les enfants.
Ça suffit de laisser l’extrême droite homophobe s’engouffrer dans ce débat en le dévoyant ! Ça suffit d’entendre des candidats prendre tel ou tel exemple individuel, comme si cela faisait loi, souvent en donnant l’impression qu’ils ne comprennent pas eux même la gravité de leurs propos, sans que les partis assument aussi leur responsabilité. Les partis de droite comme de gauche, ont le devoir de donner leur position après un débat sérieux et instruit et de l’assumer publiquement au lieu de ménager la chèvre et le chou, car à la fin ce sont les droits des femmes et des enfants qui reculent. Les droits des femmes méritent mieux qu’un jeu de petites phrases au passage, d’hommes médiatisés, qui créées in fine par leur position un débat violent.
Luttons plutôt ensemble pour en finir avec les discriminations à l’adoption que subissent les couples et les personnes LGBT.
Féministes soyons résolument enfantistes : protégeons les enfants de la pédocriminalité.
Féministes, il va falloir une fois de plus soutenir la lutte contre les violences faites aux enfants, contre la pédocriminalité. Nous avons les préconisations de la Ciivise 1, et les paroles de toutes celles et ceux qui ont parlé. Nous ne partons pas de rien. Mais celles et ceux qui disent vouloir lutter contre la pédocriminalité doivent être cohérents et voter en France et en Europe pour lutter aussi contre la propagation de ces violences pédocriminelles en ligne, et avoir le courage de responsabiliser les hébergeurs sur les réseaux sociaux notamment. Un mouvement féministe doit évidemment être enfantiste. Internet ne peut pas être une zone de non –droit ! pourtant à gauche comme à droite on voit des élu.es qui osent tout une fois à Bruxelles, et revendiquent, au nom de la « liberté d’expression », de refuser de donner leur voix pour légiferer contre la pédocriminalité en ligne.
Ecoutez les premier·es concernées comme le « Brave movement » : En 2023, plus de 100 millions d’images pédocriminelles ont été signalées en ligne. 60% de ces contenus sont hébergés dans l’UE et 98% concernent des enfants de moins de 13 ans. La France n'est pas épargnée puisqu'elle est le 4ème pays au monde à héberger du contenu pédocriminel. C’est une honte. Le silence des candidat·es dans la campagne à ce sujet est une honte !
Que chaque candidat·e se prononce clairement dans ces élections et s’engage à voter au parlement européen pour protéger l’ensemble des enfants de la pédocriminalité et de l’exposition aussi à ces violences en lignes de la manière la plus ferme qu’il soit ! Il ne doit plus exister aucune liberté à la consommation des images de victimes de pédocriminels. Tolérance zero en France et en Europe, votons les législations et dotons-nous des moyens pour protéger les enfants. Luttons contre toutes les formes de violences sexuelles sur les enfants, y compris le grooming, partout sur internet. Féministes de France et d’Europe il nous faut nous saisir ensemble de ce sujet, la France doit prendre ses responsabilités !
Féministes, combattons résolument la pornocriminalité, c’est la plus grande école du viol !
Féministes en lutte contre les violences sexistes et sexuelles, en cohérence, il va falloir lutter ensemble contre la plus grande école du viol : la pornocriminalité. On prétend à tort que #Metoo serait le mouvement des jeunes – mais de quelle génération parle t-on ? Les moins de 25 sont exposés comme aucune autre génération ne l’a jamais été à un double processus, la pornocriminalité à outrance, sur leurs téléphones personnels, avant même le collège parfois, et l’idéologie de nombre d’influenceurs et influenceuses promouvant la liberté de vendre leur seul patrimoine, leurs corps jeune, sexualisé à outrance, comme une sorte d’entreprise personnelle. Les plus jeunes sont en réalité les moins pratiquants du consentement.
Que chacun·e à gauche comme à droite prenne là aussi ses responsabilités et, dans la suite des rapports accablants du Sénat et du Haut Conseil à l’Egalité, s’engage à lutter, et à voter concrètement pour faire interdire cette industrie qui fait commerce de violences sexualisées, de viol, et d’apologie du sexisme, et qui a pour cible la jeunesse. Le porno est un instrument d’oppression physique et aussi symbolique, raciste, sexiste, LGBT-phobe, qui promeut une vision violente de la sexualité dont les conséquences sur les jeunes sont gravissimes en terme de santé publique.
Féministes, nous sommes un tout alors portons un féminisme universaliste.
Féministes, contre l’extrême droite, et les communautaristes, il va falloir prendre conscience de l’universalité des violences faites aux femmes, du caractère systémique qui dépasse les classes sociales, les origines, les religions réelles ou supposées et donc porter un féminisme universaliste. Refusons les fragmentations, refusons le cloisonnement, refusons le communautarisme. N’acceptons plus l’inversion, le quiproquo organisé, le hold-up du féminisme par les communautaristes, les extrémistes religieux et les extrêmes droites. Soyons de toutes les solidarités, un féminisme qui lutte contre le racisme, l’antisémitisme, les LGBTQI-phobies, est donc un féminisme pour les droits de toutes les femmes et un féminisme universaliste.
Luttons ensemble contre la valence différentielle des sexes et luttons contre les stéréotypes de genre. Ainsi lorsque nous portons la PMA pour toutes y compris pour les femmes trans, c’est une proposition à visée universaliste ! Toutes les femmes et les « personnes trans» ont droit au respect de leur choix.
Luttons contre tous les intégrismes religieux et pour la laïcité.
Enfin, il est un grand enjeu pour les droits des femmes dans le monde : la lutte contre tous les intégrismes religieux. Respecter la croyance de chacun·e ne peut conduire à accepter la remise en cause des droits des femmes. Toutes et tous à gauche comme à droite, tous les républicains devraient défendre la laïcité aussi au nom des droits des femmes.
Féministes, soyons solidaires des femmes opprimées dans le monde, des femmes de pays dans lesquels l’apartheid sexuel a été théorisé et mis en œuvre. Le voile islamique est un des outils signifiants de cette oppression sexiste. En Iran, en Afghanistan ou en Arabie saoudite, des femmes qui refusent de le porter sont harcelées, emprisonnées, fouettées, tuées. Quand les droits des femmes reculent là-bas c’est une menace pour les femmes partout dans le monde y compris en Europe. Ne soyons pas dupes des droites et de l’extrême droite qui sont capables de dénoncer cela tout en refusant d’accueillir ses mêmes femmes comme réfugiées en France.
En Europe, une pression énorme existe aussi sur les femmes par des fondamentalistes religieux de toute confession : des anti-IVG intégristes catholiques aux islamistes, en passant par des fondamentalistes loubavitch. Beaucoup de jeunes femmes portent aussi le voile pour signifier dans l’espace publique que leur corps n’est pas à disposition des hommes car elles craignent le harcèlement de rue ou ont peur d’une mauvaise réputation. C’est une régression proprement insupportable. Quand une femme est insultée ou discriminée pour avoir porté le voile ou bien harcelée pour ne pas l’avoir porté, quelle est la place du réel choix ? Soyons solidaires.
Un peu de courage : les candidat·es qui se disent féministes doivent porter haut et fort la laïcité, l’expliquer, en parler avec les jeunes, soutenir les enseignan.tes et toutes celles et ceux qui, formé.es, en parlent et en sont les garants au quotidien. Une gauche féministe doit être courageuse dans les débats et ne pas laisser passer les attaques de la laïcité par les fondamentalistes religieux et les communautaristes. Une gauche féministe doit lutter contre le hold up de la laïcité par l’extrême droite.
S’engager, relever la tête et passer du « dire » au « faire » !
Pour toutes ces raisons, alors qu’aujourd’hui je n’entends pas grand-chose sur ces sujets, à mon sens toutes les listes devraient dire clairement leurs positions, et s’engager à passer du « dire » au « faire » pour continuer la transition féministe pour : l’égalité professionnelle, la lutte contre toutes les violences, l’abolition de la marchandisation du corps des femmes (GPA, pornocriminalité, prostitution), la protection des enfants, la défense de la laïcité et de l’universalisme de la lutte pour l’égalité femmes-hommes, pour le progrès pour toutes et tous. Toutes les listes, ou presque, se disent féministes mais ne disent rien voir vont voter le contraire en France et en Europe, créant ainsi le désespoir car rien ne change. Alors fini les duperies que chacun.ne se prononcent ou que chacun.ne regarde les votes des partis européens.
Je sais que beaucoup de féministes se battent, et je sais notre capacité à converger pour les droits des femmes, au-delà des différences dont nous devons débattre démocratiquement.
J’ai fait mon choix, j’appelle à voter pour la liste Gauche unie pour le monde du travail
Comme Carine, comme Sigrid, comme Samia, comme Fatima, comme isabelle, comme Marylène, comme Héloïse, comme Manon, comme Haby, comme Sophie, comme Anne … et tant d’autres, je suis fière d’être candidate sur la liste qui dit haut et fort ces positions féministes cohérentes, universalistes, antiracistes et contre l’antisémitisme, une liste radicale contre le système patriarcal et le système capitaliste.
Pour porter tout cela, voilà pourquoi je m’engage et pourquoi j’appelle les féministes à voter aux élections européennes le 9 juin pour la liste Gauche unie pour le monde du travail conduite par Léon Deffontaines et soutenue par Fabien Roussel !
Hélène Bidard
Militante féministe et communiste
Candidate aux élections européennes 2024 sur la liste Gauche Unie pour le monde du travail