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Articles culturels, reportages audio, créations sonores, Professeure de Lettres Modernes, organisation d'événements et ateliers d'éducation aux Médias. Fondatrice des Ateliers Les Papillotes à La Librairie Internationale V.O Lille.

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Billet de blog 11 octobre 2024

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Cinémondes 2024 : salles combles et toujours autant de finesse dans la programmation.

La XXème édition du festival international du film indépendant, « Cinémondes », a eu lieu du 4 au 9 octobre, principalement au Cinos à Berck-Sur-Mer.

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« On a pas tous les jours 20 ans », titre Dominique Olier, délégué général, dans son édito retraçant l’Histoire de l’événement en remerciant chaleureusement tous les ami.e.s, toutes les personnes notamment les bénévoles, ayant contribué à cette aventure cinématographique passionnante, passionnée et qui n’était pas gagnée d’avance…

Nous avons eu l’occasion de goûter à la programmation, offrant cette année carte blanche au réalisateur espagnol Victor Erice, à Aki Kaurismäki et au réalisateur et directeur de la photographie Pedro Costa. La sélection officielle « Récits du Réel » comportait de nombreux documentaires et fictions en écho à l’actualité et l’on pouvait voir aussi de nombreux courts-métrages méticuleusement choisis. L’invitée d’honneur était cette année Ariane Ascaride et le focus concernait Carlos Yuri Ceuninck, cinéaste capverdien. Enfin, il ne faut pas oublier deux séances « avant-première », L’Histoire de Souleymane (en Une de Libération ce mardi 8 octobre) et Retour en Alexandrie ainsi que « Cinémondes junior », une sélection spécialement dédiée au jeune public. Vaste programme sur plusieurs salles ; comme tous les ans, il a fallu faire des choix…

Focus sur Aki Kaurismäki.

La splendeur visuelle et la manière dont le réalisateur finlandais met en valeur ses protagonistes ne peut laisser indifférent le spectateur, surtout, son esthétique ancrée reste en mémoire… Après avoir découvert L’Homme sans passé durant les années 2000, désormais devenu un classique du cinéma, je l’avais retrouvé dans les salles obscures récemment à travers Les feuilles mortes que j’ai trouvé d’une mélancolie lumineuse… Grâce à « Cinémondes » j’ai découvert l’un de ses premiers films, La Fille aux allumettes, qui n’a pas manqué de m’éblouir… Iris, ouvrière dans une fabrique d’allumettes, « petite marchande d’allumettes », est rejetée par tout le monde… Sa seule échappatoire ? Les romans à l’eau de rose… Mais… changement de registre, elle ne va pas manquer, un jour, de trouver vengeance.

Entre conte cruel et film influence Chabrol, nous sommes au cœur des milieux prolétaires d’Helsinki où le travail à la chaîne prend autant de place que la froideur des sentiments. La quasi absence de dialogues ou leur brièveté, les gros plans, l’économie des gestes, l’intensité des regards permettent de se concentrer sur l’essentiel et forgent une esthétique de la contemplation. Et pourtant ce film ne manque pas d’humour et de suspense et tient en éveil vif le spectateur. Mention spéciale aux choix musicaux. A voir ou à revoir absolument.

Une avant-première puissamment d’actualité : Histoire de Souleymane de Boris Lojkine.

«Nous ne sommes pas vos esclaves » argue Souleymane, un cri du cœur qui ne peut faire qu’écho à nos modes de consommation qui exigent toujours plus de rapidité et de services au détriment de certains…

Nous le connaissons bien ce sujet, notamment à travers le déchirant, Sorry we missed you de Ken Loach, mais chacun sa façon de le traiter et de tirer, à nouveau, la sirène d’alarme…

Souleymane pédale vite, très vite, arpente Paris de jour comme de nuit et il est loin d’être le seul… En une temporalité très resserrée, 48h, le réalisateur traite des sujets aussi vastes que le déracinement de la Guinée natale, la vie des travailleurs clandestins en France, la course contre la montre pour les livreurs assortie des selfies comme preuves de livraison, la galère des places à trouver au jour le jour dans le centres d’hébergement. Le défi principal, qui soutient la trame narrative du film, c’est la demande d’asile du héros éponyme à l'Ofpra (l'Office français de protection des réfugiés et apatrides) audition qui aura lieu dans deux jours. Souleymane ne cesse de répéter le scénario –mise en abyme comme puissant ressort dramatique– afin de s’en sortir et pouvoir envoyer de l’argent à sa mère gravement malade, restée au pays.

Cette fiction s’inspire d’une recherche documentaire copieuse et l’on sent très fort que la fiction flirte toujours avec la réalité. L’acteur Abou Sangare, 23 ans, vit aujourd’hui à Amiens: il est en attente de papiers – Libé titre d’ailleurs cette semaine « primé et sans papiers ». Acteur initialement amateur – c’est son tout premier rôle – il a subjugué à Cannes et obtenu, à raison, le prix du jury d'interprétation masculine et prix Fipresci de la critique internationale. C'est depuis mercredi 9 octobre, clap de fin de Cinémondes, à l'affiche dans toutes les salles.

Hélène Courtel

Illustration 1
Illustration 2
Cinémondes, XXème édition. © Alain Courtel

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