« Je considère que le texte est une chose sacrée, au même titre que le son, la musique, les notes (…) J’ai envie que le Verbe soit ressuscité et qu’il devienne aussi significatif, fort, sauvage et sacré qu’il doit être» Ivan Viripaen.
VII ans de vie commune, 5h du matin, c’est l’heure des bilans depuis 10h du soir la veille. Nul enfant n’a vu le jour malgré la déclaration d’amour, sur un pont, en un jour lointain, dont l’un se souvient: "mon cœur ne dort plus, Barbara"— des mots marqués d’une pierre blanche. Mais celle-ci a perdu de sa clarté; chacun tour à tour, l’homme/ la femme, la femme puis l’homme, pose ses pions sur l’échiquier: reproches, souvenirs, aigreurs, mensonges. Tout est là. Déplié, déployé, déballé. En un rythme très soutenu et copieux pour les spectateurs. Au milieu du sol en damiers, s’érige la ligne solaire, la frontière infranchissable — celle qui sépare chacun et rend ennemis deux individus qui, à une époque lointaine — bénie?—devaient être un duo. Comment dire? Comment ne pas se perdre dans les méandres du langage métaphorique, des interprétations, des incompréhensions? Comment oser mettre à nu — cartes sur table— tout ce qui est retenu et réprimé depuis des années pour le bien commun du quotidien ensemble?
Un décor dépouillé, deux acteurs en scène — Aurélia Arto et Bruno Blairet— le spectateur est vite pris dans les mailles du filet. Une performance qui ne laisse pas indifférent.
Et les acteurs ne manquent pas de rappeler en fin de représentation que la joie et le théâtre sont militants, chaque mois de juillet, à Avignon : bon festival, bonne 78 ème...
Hélène Courtel
La Ligne solaire
Du 02 au 21 juillet à 11h40 (relâches les lundis 8 et 15).
Le 11, Avignon. 11, boulevard Raspail.