Ce premier workshop est orchestré par Florence Minder, actrice, autrice et metteuse en scène vivant elle aussi à Bruxelles, et qui apporte, en guise de texte support, de matière inspirante, à transformer, à travailler, sa pièce créée en 2020 et publiée en septembre 2022, intitulée : Faire quelque chose (c’est le faire, non ?).
La semaine commence par une question simple mais fédératrice pour un groupe qui vient tout juste de se rencontrer : que préférez-vous au théâtre? pourquoi jouer vous intéresse? – le plaisir comme impulsion première…
S’en suivront de nombreuses improvisations quotidiennes fondées sur la méthode des viewpoints : il s’agit de se libérer de la dramaturgie traditionnelle en élaborant au fur et à mesure des improvisations un vocabulaire commun. Cela sollicite la coopération, la prise de décision, le consentement de chacun.e, et assimile donc l’acte de création à une démarche politique qui interroge le fonctionnement d’un groupe: comment créer ensemble, sans introduire de domination ou de violence – d’autant plus quand la vulnérabilité, les différences, sont choisies comme moteurs créatifs? Les moments d’échanges, de discussions seront aussi nombreux et importants que ceux au plateau. Car le désir fondamental est d’offrir à tous les participants un espace de Recherche et d'Exploration – en écho à l’ADN du lieu d’accueil – La Bellone. On ressent l’intention forte de proposer un lieu sécurisant où l’on s’assure à chaque instant d’être attentif à l’autre, d’accueillir ses gestes et ses paroles, ses doutes, ses angoisses – écouter vraiment et pleinement – l’exigence sera maintenue avec la même intensité durant toute la session de travail. Le plateau est celui de l’expérimentation – essayer, tenter, rater, refaire, être satisfait –sans obligation de création finale donc sans pression : la semaine se clôturera par une pratique partagée ouverte au public.
L’espace dans lequel les huit comédiens évoluent, guidés par Florence Minder, est celui des élaborations artistiques progressives : conscientiser les entrées et sorties du plateau, s’attacher à regarder et à décrire précisément le monde qui nous entoure, dire où l’on se situe sur le plateau et prendre en considération la présence des autres, se mettre à la place de l’autre, inverser les rôles, imiter, adapter son geste si un membre du groupe ne peut le réaliser, souffler à l’oreille le texte quand il ne peut être lu. Ici tout est possible, et, alors qu’au théâtre on joue un rôle, l’impression criante est finalement celle de vivre une expérience pleine d’authenticité et d’humanité. Chaque début d’après-midi, deux minutes d’improvisations libres sont proposées à tou.te.s : la liberté d’inventer est un impératif central. De nombreux moments dansés fleurissent; très souvent, la musique, finement choisie et ajoutée à l’impro par Florence Minder, donnera une plus-value à l’interprétation. Le plateau est un véritable laboratoire artistique, une revendication politique concrète d’inclusion, qui sème de nouvelles idées, de nouveaux désirs de collaborations: c'est une manière d'être au monde qui travaille.
« Protéger ce non où il y a l’enfance et l’avenir, soi et le monde. »
Florence Minder, Faire quelque chose (c’est le faire, non ?), p.29.

Agrandissement : Illustration 1

Hélène Courtel