Metoo nous concerne tous et toutes, toutes et tous. Nous sommes tous victimes de ce système toxique, qui nous a tous acculés muselés enfermés dans ces jeux de rôle caricaturaux, pervers, dominés-dominants, dominants-dominés, épanouissants ni pour les uns, ni pour les autres. Certes les jeux des dominants les satisfont, renforcent leurs égos déviants et font dévier les égos qui n'ont pas assez d'ancrage ou de force morale. L'excitation sexuelle, la libération des tensions tant physiques que psychique que l'orgasme provoque, illusionne tant les uns comme les autres, que tous et toutes n'y voient que du feu... Mais ces postures déconnectées en lutte les uns contre les autres, nous enferment dans des mondes parallèles, irréconciliables? Si certains hommes profitent vite et pleinement des avantages de leur posture de dominants, la plus part en sont aussi victimes. Comment avoir une pratique sexuelle saine et respectueuse quand tous sont formés par le porno, par une cinémathèque intoxiquée de dominance masculine, de ces fantasmes exclusivement pro-masculins ou faussement féminins, que Metoo dévoile chaque jour un peu plus, quand le porno est la seule source d'information sur les pratiques sexuelles!
Mais j'irais au delà du témoignage d'Anouk, car l'impasse ne concerne pas que ceux qui ont été victime d'inceste.... même si le vécu est forcément plus traumatique...
Article après article, je suis obligée de décoder, de déconstruire ma propre vie sexuelle... je suis obligée d'admettre avoir accepté de nous enfermer dans l'impasse du gentil et maladroit viol conjugal parce que nous n'avons pas eu les ressources, ni moi, ni mon conjoint de faire évoluer notre relation, une fois le voile de la découverte du corps de l'autre, selon les codes patriarcaux, bien usé. Débutée dans la répétition de ce que cette société avait conditionné tant chez lui, que chez moi... souvent heurtée et gênée par certains mots, certains gestes, certaines demandes... certains rejets de ma part ont été accepté avec respect... puis avec l'usure du couple, des doutes ont pris forme, comme des intuitions... d'autres voies possibles? que je n'ai pas su nourrir, inculte que j'étais : le porno m'ayant toujours fait fuir tant l'exploitation humiliante des femmes y était révulsante pour moi. Bilan, j'en conclue que toute féministe que je fus, je ne l'est pas été assez pour refouler cette impasse du viol conjugal, pour partir à la quête d'information hors des sentiers battus du patriarcat et trop pour m'épanouir dans cette imposture, comme le font tant de femmes, qui simulent, pastichent ou subissent ou sont juste dans le déni de ce qu'elles vivent.
Donc même certaines femmes qui n'ont pas été agressées sexuellement enfant, ne savent pas comment gérer leur vie sexuelle de façon épanouissante autrement que par essais-erreurs maladroits et se retrouvent bloquées dans l'impasse désolante du viol conjugal accepté par amour, parce qu'on ne sait pas proposer, inventer autre chose, parce qu'on ne peut pas proposer autre chose, tant les femmes n'ont pas voie au chapitre? Ici aussi, nos propositions sont moquées, trop fifilles? trop subtiles? trop ridicules? Tant on manque de modèle, d'information ou d'acceptation sociale sur une sexualité pro-féminine ou sublimante à deux?
Une forme de misère sexuelle féminine imposée au masculin, résultant du conditionnement social qui s'impose à tous malgré l'amour que nous portons à nos compagnons.
Une impasse que les générations pré-metoo ont trop souvent partagées malgré eux? Les statistiques de divorce sont là pour en témoigner? Le seul non autorisé et accepté?
Puissent donc les générations post-metoo bénéficier enfin d'une vraie révolution sexuelle... qui reste à mener, pour que tous et toutes puissent enfin s'épanouir à deux, pour les deux dans le plus profond respect mutuel... et sans sextoy, parce que le corps est suffisamment merveilleux!