Pour comprendre ce qui semble incompréhensible pour le bidochon moyen, il suffit de lire "les émeutes du point de vue des émeutiers", pour comprendre, de Laurent Muchielli, dans "défendre la démocratie". Analyse de 2005 totalement d'actualité, vu que rien n'a changé sauf en pire. Tout est y de façon très explicite. Relation avec les forces de l'ordre, relation avec les institutions scolaires. Deux corps sociaux qui ont glissé au cours des 30 ans, de la droite républicaine vers l'extrème droite pour le premier, de la gauche, vers la droite pour le second, alimentant encore plus le choc frontal. Du respect et de la bienveillance, on est passé à l'humiliation récurrente, fait de quelques individus suffisamment fréquente pour basculer vers une relation trop souvent toxique qui alimente la relégation sociale, le ressenti, la perte de confiance donc la haine contre.... seule victoire de l'échec.
Le vécu des jeunes de banlieues en particulier des garçons est révoltant au sens premier du terme. Nous avons là un terreau explosif qui ne fait qu'enfler au fil de la montée des inégalités, de la destructuration de nos institutions physiques que la digitalisation ne replacera pas. Donc cela va exploser à chaque étincelle de façon chronique. Ce mal est aujourd'hui chronique.
Avec la collision des nos deux impasses sociétales impasse sociale des banlieues, impasse environnementale de la non-transition écologique, ce cocktail va prendre une dimension encore plus nihiliste. La perspective no-futur va être décuplée.
Il est urgent d'en prendre la mesure et de développer un projet de société écologique inclusif dans toutes les dimensions de la société, si on veut éviter le choc de la division, des fractures béantes, le chaos, la guerre civile entre les exclus et les inclus, ceux qui n'ont que le désespoir comme carburant et ceux qui aspirent au confort perpétuel.