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Billet de blog 9 janvier 2022

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Wokisme : un problème de vocabulaire?

La notion de racisme systémique induit un contre-sens pour le grand public. Le racisme ferait partie du système social. La persistance du racisme dans les pratiques quotidienne relève plutôt d'un racisme inconscient résultat des biais de confirmation issus de nos réflexes inconscients. C'est la connaissance de soi et la mise en conscience qui permettent de lutter contre ces biais.

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Le wokisme est à la mode et fait rage....excitant les plus conservateurs d'entre nous.

Je suis sensible au sujet du wokisme, car il donne sens à la convergence des luttes. Comme le sexisme, le racisme est utilisé par les opportunistes pour légitimer les pratiques manipulatoires et humiliantes des dominants : une forme d'alibi idéologique. En raison de la suprématie occidentale de ces 200 dernières années, il se trouve que les dominants sont souvent des hommes blancs, complices entre eux : les loups chassent en meute, et soutenus,il est vrai, par des femmes bien conditionnées. L'union fait la force, un jeu bien connu des rapports de forces chers aux dominants. Les dominants ne favorisent pas le déploiement de la tolérance, quand bien même ils feraient "semblant" de l'être. L'hypocrisie faisant partie de leurs "qualités" et supposés "être supérieur bien éduqué",  ils adorent se parer de valeurs morales. C'est pourquoi le racisme comme le sexisme, est fréquent mais dissimulé parmi les personnes si conservatrices de l'ordre établi .... qui luttent contre le wokisme en soutenant être non raciste, non sexiste. Ils font notamment croire que cela développe un racisme anti-blanc rendant impossible le vivre ensemble. Certes, cela se produit dans la radicalisation des postures, comme cela a été le cas dans cette université, Evergreen, pourtant assez égalitaire aux US. Le féminisme aussi peut amener certaines personnes à l'androgynie, en raison d'une généralisation excessive. Il y a bien du racisme, doublé de sexisme, renforcé par le darwinisme social qui s'appuie sur les deux premiers leviers : une forme de cercle vicieux. On voit bien que les anti-wokistes se sentent touchés dans leur identité, comme une révision blasphématoire de l'histoire : ils n'auraient plus le droit d'être eux-même, ne sont plus la référence, le bien et devant partager avec d'autres, différents.

Comme si on ne pouvait reconnaitre que le colonialisme ait apporté du bien te du mal : des chemins de fer et exproprié moultes arabes. On doit reconnaitre qu'il a bien essayé de remplacer de force la culture arabo-mulsulmane par une culture occidentale présentée comme supérieure. Il est ni blanc, ni noir, mais bien gris fait de bonus et malus.

A la base le racisme prend sa source dans un réflexe bien naturel : la peur de la nouveauté, de la différence, de l'autre, l'incitation au partage. Le sexisme aussi, non ? Cela demande donc un surcroit d'effort de curiosité (inégalement répartie dans la population), de compréhension, de relativisation puis de tolérance. Pas facile pour un humain cablé pour être partisant du moindre effort : lutter contre ce réflexe est donc couteux intellectuellement.  Le racisme comme le sexisme sont donc fréquent parmi les personnes conservatrices.... qui n'aiment pas le changement. Cela est également réparti, car les noirs sont aussi "racistes" que les blancs, cf Hutus vs Tutsis, les  juifs. que les musulmans, cf Israel vs Palestine... Les sociétés, qui étaient par culture (indiens d'Amérique, caraïbes...) très tolérantes ont été balayées par les barbares intolérants qui les ont "découvertes". On pourrait même supposer que la sélection naturelle a favorisé les intolérants par rapport aux tolérants.

Par contre, je suis réservée sur le vocable "racisme systémique", se référant à l'organisation sociétale, car le racisme n'est plus partie prenante de notre système social : aujourd'hui, après nettoyage des textes, nulle part il est écrit ou ni même sous-entendu que l'on doive favoriser l'un ou l'autre. C'est même plutôt devenu l'inverse. Même si les droits de l'homme ont mis du temps à être universel sexuellement et racialement :) A date, la plus part de nos textes ont universalistes. Le problème est au niveau des individus, non des organisations.

Il serait plus explicite de parler de racisme inconscient : en vertu du réflexe naturel, par défaut, notre cerveau a un appriori favorable pour ce qui est connu, semblable : un biais de confirmation. On a plus "confiance" dans ce qui nous ressemble, dans ce qu'on a déjà pratiqué. Certes, je vais justifier cela en utilisant les notions système 1- système 2, mais qui ne sont pas maitrisées du grand public. En effet, la plus part de nos réactions spontanées relèvent du système 1, qui fait la part belle aux stéréotypes et s'appuie sur mes références connues. C'est le système 2 qui fait appel à la conscience et la réflexion propre à valider l'inconnu. Cela s'applique à tous. Car même au niveau des "victimes", l'imprégnation du sexisme et du racisme, fait que certains droits sont autocensurés, certaines envies refoulées, tant l'attendu des dominants est mentalement intégré.

En cela parler de racisme inconscient serait plus pédagogique et en phase avec le complément du wokisme qu'est "être awake - éveillé" :  une attitude consistant à être attentif aux injustices subies par d'autres. Et cela se met en place très tôt : mon bébé de 1 mois s'est mis à pleurer lorsqu'une femme noire s'est approchée de lui : il n'en avait jamais vu!

Je fais partie des personnes qui se déclarent spontanément non-racistes, non sexistes, mais il m'est arrivé plusieurs fois de me "reprendre" sur des réticences, des non-envies, des micro-jugements... parce ma culture et mes réflexes sont de culture occidentale, judéo-chrétienne, malgré mon athéisme, blanche, donnant un apriori favorable à l'autorité masculine.... donc c'est bien la mise en conscience de ces biais qui me permettent d'éviter ce racisme ou ce sexisme inconscient et donc de m'améliorer dans l'équité de mes réactions, choix et jugements.

C'est en cela que je trouve que nous devons tous travailler à nous déconstruire, homme comme femme, blanc comme noir; jeune comme vieux, car nous sommes tous déformés par les biais culturels induits et renforcés par les choix des dominants.

Donc le wokisme est vertueux, si il est pensé comme un entrainement quotidien et bienveillant de déconstruction des biais pour renforcer la tolérance et la démocratie horizontale, nous permettant de mieux vivre ensemble.

Il est pervers, si il induit une radicalisation excessive de deux camps, fait de cancel culture, produisant une amnésie refoulée. Il faut éviter d'aboutir à la division, chacun s'enfermant avec ses proches et ses semblables dans le rejet de l'autre, développant le communautarisme et l'entre-soi, comme cela se produit trop souvent aux Etats Unis.

La cancel culture devrait être remplacée par la correction culture : ne pas supprimer statuts, tableaux, film mais ajouter des mentions qui expliquent en quoi ce fait banal en XX, et inacceptable aujourd'hui : cela serait plus pédagogique et ferait réfléchir les plus réticents d'entre nous... à part sur la promotion de personnes accusées d'abus sexuels parmi nos élites supposées exemplaires : un attendu inconditionnel des dominés :)

Donc nous avons besoin d'un wokisme bienveillant, luttant contre racisme et sexisme inconscients au sein de chaque individu du corps social.

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