Paroles de François Gemenne :
Directeur de l’institut Hugo (université de Liège), auteur principal pour le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), militant à EELV, sur médiapart à 2h26 : https://www.mediapart.fr/journal/france/240422/soiree-speciale-second-tour-de-l-election-presidentielle. 3 ans pour agir vraiment pour limiter à 1,5°C d’après le GIEC.
Message à Macron : Je lui dirais d’investir beaucoup sur la question de l’adaptation des territoires aux impacts du changement climatique. On se berce d’illusions en pensant que nous allons parvenir à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Le GIEC est très clair, quand au fait que les émissions mondiales de gaz à effets de serre baissent de 43% d’ici 2030, pour atteindre pour atteindre ces objectifs. Les émissions mondiales de gaz à effets de serre progressent encore au rythme d’environ 2 à 3% par an. Il faut aussi que notre consommation de charbon baisse de 100% pour atteindre zéro, que notre consommation de gaz baisse de 70%, et que notre consommation de pétrole baisse de 60%. Les consommations de ces 3 énergies fossiles sont en hausse continue et je dirais même exponentielle.
Donc il faut réaliser aujourd’hui, il faut pouvoir dire, je crois très clairement, que nous n’allons pas atteindre les objectifs de l’accord de Paris et que nous sommes partis pour un changement climatique de l’ordre de 3 degrés et demi - 4 degrés, si tout se passe bien.
Ça veut dire que c’est un choix de civilisation que nous posons. Nous faisons le choix de civilisation de ne pas lutter nous-même contre le changement climatique mais de transférer le coût humain et financier de cette lutte à nos enfants et petits-enfants. Je pense que la moindre des choses, que nous leur devions, c’est d’au moins tout mettre en œuvre pour nous préparer à ces impacts, qui vont aussi toucher la France et touche déjà la France, en investissant massivement sur les questions d’adaptation qui ont été jusqu’ici le parent pauvre de la lutte contre le changement climatique.
C’est un peu dur à entendre mais je pense qu’il faut pouvoir le dire clairement aujourd’hui.