Non, le problème n'est pas dans la valeur travail. Si les jeunes font des burn-out à 30 ans, la génération d'avant le fait à 50 ans : on est juste synchro. Aujourd'hui tous, ouvriers, cadres, employés, commerçants, soignants sont soulagés de partir en retraite à bout de souffle : tiens, c'est nouveau ça! Mais de quelle valeur parle-t-on, travail ne veut pas dire emploi, le travail c'est ce que l'on fait dans le cadre d'un emploi mais pas que : c'est ce que l'on fait de son incarnation, avec son corps. Le travail bien fait, avec du sens et sans excès est extrêmement épanouissant pour l'être humain : être utile aux autres est notre aspiration première à nous autres, êtres éminemment sociaux. Etre compétent, habile est aussi une aspiration totalement humaine. Donc qu'est-ce qui cloche?
Le problème auquel nous faisons face c'est l'overdose de travail mal fait, absurde, non valorisant et non valorisé, qui s'est amplifié, puissance mille, depuis la délocalisation-mondialisation, la digitalisation. Ce dérapage est amplifié par un management délétère hypnotisé par les indicateurs de performance quoiqu'il en coute jusqu'à être inhumain, cynique et court termiste vu le tremplin du turn-over bien utile pour ne pas assumer son comportement. Suivre des processus de case à cocher n'est pas un travail humain enrichissant, mais un travail de robot : sauf qu'on est pas des robots! Et qu'il y a mensonge sur la promesse. Avant les ouvriers avaient une vie de misère, mais on leur promettait du labeur, de la peine, défi à relever pour survivre. Donc ils étaient préparés à leur sort et le défi c'était justement de sortir glorieux de ce défi : le lit de la fierté ouvrière face à ses réalisations. Bon, il y avait bien le jaja et le mégot pour tenir le coup, l'espérance de vie était le prix à payer aussi.
Aujourd'hui, on promet partout un travail épanouissant : la chute est raide face au gouffre! On a aussi promis de meilleur perspective avec l'e sacrifice des études, mais ça eut payé de 1960 à 1980, et aujourd'hui ça paye plus ! Là aussi la chute est raide quand tu es obligé d'accepter un job débile payé au SMIC avec ton bac plus 5 voir après ton doctorat... pour payer ton loyer, ton portable et sécuriser tes conditions de vie!
Parlons des plus vieux, quid de la motivation quand avec ton bac +7 après une belle carrière faite dans les années 90 2000, tu te retrouves à valider sur des indicateurs dans une base de données, sur des critères que tu ne comprends pas, auxquels tu n'as contribué en rien, que tu n'assumes pas vraiment, tu appliques les règles et soutient la direction, jonglant entre langue de bois, empathie et sincérité face à des salariés plus que septiques, sabotant chaque jour ta crédibilité à avoir un meilleur salaire, sauf à être plus malin ou plus salaud que ceux qui sont moins bien payés que toi? Quelle belle perspective de carrière! ou si tu es responsable de budget : t'épuiser à chercher la limite du sabotage en réduisant les budgets à la limite de défaillance des projets, compensée par la sur-motivation arrachée aux équipes, sabotant les conditions de travail de tous ou balançant la patate chaude à l'équipe d'à coté, qui sont hors de tes indicateurs à toi? Sensation de participer à une vaste opération de sabotage généralisée au nom du low cost, high marging, rebaptisée efficience, une forme de travail canada dry : il suffit d'y croire et de le survaloriser à mort à coup de com à l'américaine "Oh, it's so great! We are so happy to share this with you, we've done it despite the high challenge, thanks to all of you!" le graal du capitalisme néolibéral fakelife.
Le capitalisme néolibéral a éradiqué la compétence pour pouvoir n'avoir que des taches interchangeables, fluidifier le travail, ne plus avoir de problème de compétence qui engendre des revendications salariales, donc être le plus low cost possible, ne plus avoir de problème de formation ou en prenant des gens sur-compétents mal-payés, pour des taches dequalifiantes : des BTS pour un job d'ouvrier, des bac+5, pour un job de technicien... un gain de temps pour un coup low cost. La langue de bois sert aussi de compétence, combien de cadres et dirigeants surfent sur des vocables à la mode, sans en saisir le sens? Mais ils font illusion, dans un monde fakelife en mode turbo, ça passe.... jusqu'à ce que la boite s'effondre. Low cost, low cost, on a dit. On est en compétition avec les chinois, les rois de la soumission totale! En compétition avec les ricains, les rois de l'enfumage. Soyons tous des beaux robots comme les chinois et affabulateurs comme les ricains : et on sourit comme à Disneyland... voilà la cible!
Productivité for ever : Non, vieux comme jeunes, on ne peut pas cliquer plus vite, taper plus vite : on a déjà des crises de tendinites des doigts, TMS à gogo. On ne peut pas réfléchir plus vite, intégrer plus d'info, décider plus vite, on est en surcharge cognitive. L'humain aussi a des limites physiques. C'est pourquoi l'IA, la robotique, le génie génétique vont prendre le relais? Le but, c'est de présuriser les humains pendant 10 à 15 ans, puis on les éjecte pour les remplacer par de la chair fraiche : on est si nombreux et le capitalisme a besoin de moins en moins de monde? OK et on va faire quoi des humains, on les mets au placard qui leur sert d'appart, scotchés devant des écrans à liker?
Comment trouver une voie saine, sage, dans un monde qui refuse les limites du réel, de l'humain, comme de la planète! C'est la même impasse sur le plan dogmatique.
Focus sur la dynamique du burn-out : le piège infernal!
L’installation dans le SEP (syndrome d'épuisement professionnel) ou burn-out, se déploit en général en quatre temps en mode crescendo, dont l’interprétation peut être biaisée par le management comme par les salariés. On veut tous tellement que ça marche.
Engagement : le rapport avantages/inconvénients est positif. C’est la phase dite de stress positif : on est porté par les enjeux, on en veut, on surfe sur la vague, on est dans une dynamique positive de challenge. Dynamisante, c’est la phase rêvée du management comme des salariés. Par contre, c’est déjà du mode héroïque et à vouloir être tout le temps dans ce mode au quotidien, les organismes se fatiguent. Cela devrait être que du CDD, quelques temps forts dans l’année, dans la semaine, dans le mois, le temps d’un projet, jamais en flux continu, d’un projet à l’autre.. jamais à la chaine en fait. Mais positif, irrésistiblement les entreprises canalisent tous leurs potentiels et équipiers sur cette pente si fructueuse tant que tout le monde tient. Comme c’est positif, les salariés sont plutôt volontaires, donc on est tous à fond sur l’engagement.
Sur-engagement : le rapport avantages/inconvénients s’inverse au point de perturber la vie privée. Aléas, difficultés, retours négatifs, bloçages, revers, manque de moyen vs ambition, manque de soutien de la hiérarchie, des équipes ou juste fatigue d’endurance…. Le stress négatif entre en jeu, devient chronique et commence à compliquer l’équilibre pro/perso ; des signes physiques se manifestent : problème de sommeil, maux de tête, tensions corporelles, digestives, pensées obsessionnelles. C’est dès cette phase, que la prévention devrait entrer en jeu. Mais héroïque, on passe trop souvent à celle d’après, car il faut passer les épreuves quand on est un winner. Un échec n’est pas envisageable tant coté managérial que salarié et il faut que les indicateurs progressent… coute que coute. Lors de cette phase déjà trop en tension, on devrait renégocier la charge de travail, les délais, les moyens pour revenir dans une zone de confort. Et c’est pas si simple quand le claim managérial est justement de sortir de sa zone de confort : on a dit winner !
Acharnement – désillusion : tenir coûte que coûte. Là, on passe dans le stress toxique épuisant l’individu qui appréhende d’aller au travail, aux réunions, le vis-à-vis face à certaines personnes. Les signes physiques se renforcent. « Il faut que je tienne ; je m’accroche et ça va passer ; c’est qu’un mauvais moment ; une fois cette étape validée, ça va s’éclaircir. » doublé de l’absence de perspective dans un ressenti d’isolement « je ne sais pas comment je vais faire ? comment me sortir de ce merdier ? c’est infernal, comment je peux régler cela ? » Ce type de phrases devraient immédiatement inciter les personnes à se mettre en arrêt de façon préventive sans attendre que le corps par sa démission physique « sauve » la personne en la mettant hors contexte toxique. Sachant que la petite phrase peut être dite par un proche, un collègue « mais comment tu fais pour tenir ?" Souvent la prévention individuelle ne suffit pas : cohérence cardiaque, yoga, médiation, marche, prise de recul, coatching. Quand la clé est dans la chronicité du contexte, l’individu seul ne peut régler le problème par sa seule adaptation, qui n’est que sur-adaptation. A défaut de pouvoir modifier le contexte, seule la fuite est apaisante : s’arrêter, démissionner, changer de poste, bifurquer… ou faire un burn-out qui est une fuite subie.
Épuisement : c'est le burn-out, le corps flanche, flambe en mode crise subite. Le corps saturé de cortisol déclare forfait : on ne peut plus se lever, marcher, on ne peut plus s’habiller, on ne fait que pleurer, on devient aveugle… mille et un scénarii sont possibles et tous vous empèchent physiquement d’aller au travail. On bascule dans du thérapeutique qui peut être lourd de conséquences, par le déclenchement de pathologies graves du à l’état hyper-inflammatoire de tout l’organisme : arrêt de plusieurs mois à plusieurs années. On se reconstruit, mais c’est beaucoup plus compliqué, long et éprouvant... on reste fragile longtemps.
Pour éviter le burn-out, la prévention est cruciale voir vitale, sauf à avoir une vision jetable des individus. Tous les salariés devraient connaitre ces phases et agir face à ces petites phrases afin de pouvoir redescendre d’une marche, voir faire un pas de coté, dès que le corps et l’inconscient parlent. Apprendre à dire STOP ou NON, pas facile dans un monde où l'adhésion, soumission? est le requis.
Pour éviter que les burn-outs continuent à flamber, les entreprises doivent réhabiliter la zone de confort et permettent à leurs salariés de se ressourcer … en travaillant sereinement. Retrouver une normalité durable et non un exceptionnel éphèmère que l'on voudrait permanent... au nom de l'hypercompétitivité. Quel prix a le quoiqu'il en coute au niveau mondial, la compétition généralisée est-elle encore un vecteur de progrès ou de destruction généralisée?
Focus, sur le coté pro-perso, c'est à dire l'usure des travailleurs mixtes : l'emploi a plein temps a été pensé pour un homme déchargé de la domesticité... par sa femme, "premier animal domestique de l'homme" (il parait que c'est une blague :)). Or après 50 ans de bloçage des salaires parce que les femmes travaillent, contribuant à l'enrichissement des foyers modestes, nous sommes tous épuisé.es! C'est infernal de gérer la domesticité en sus d'un travail à plein temps avec des temps de trajet abyssaux : les enfants morflent, les vieux aussi, le ménage aussi, qui prend en charge ces taches de l'ombre, quand le peuple s'est en fait paupérisé en travaillant? Je ne parle pas des conditions de logement, chaque jour plus complexe, signant là encore la paupérisation rampante de la quatrième, non cinquième, non sixième puissance mondiale. Comment a-t-on accepté un tel accroissement des inégalités ? Plusieurs facteurs y ont contribué : le travail de femmes qui a enrichit les foyers compensant la paupérisation du travailleur, la délocalisation qui a artificiellement augmenté le pouvoir d'achat rendant son érosion supportable, la perte de repère : les aides (prime d'emploi, de rentrée), l'accès au crédit qui ont entretenu la confusion entre salaire, budget et pouvoir d'achat, le changement de monnaie franc-euro.... Mais comparons les époques. Dans les années 70, la plus part des foyers avait un seul salaire modeste à la maison, pour 2 à 4 enfants. On était modeste et on ne se sentait pas pauvre : on arrivait à loger, nourrir et habiller une famille dignement avec un SMIC à la maison. Aujourd'hui, impossible de faire vivre modestement une famille de 2 enfants avec un SMIC! Ce cas-là est aujourd'hui pauvre, que ce soit un couple ou un parent isolé. Un couple est viable quand les deux travaillent, mais ça tient combien de temps, pourquoi tant de femmes passent à temps partiel : c'est bien parce que ce n'est pas tenable comme mode de vie. Le seul créneau qui est tenable aujourd'hui, c'est DINK. Double income, no kids du SMIC aux cadres! CQFD.
On organise l'effondrement psychique de notre société, auquel s'ajoute la digitalisation du commerce et des services : la prise de tête avec les services optus de l'Etat, de la préfecture, d'EDF, téléphonique, sav boulanger, fnac... tout buggue partout, partout on fuit le contact humain et les problèmes à ressoudre qui sont hors des processus case à cocher d'un monde pensé digitalement où tout roule comme sur des roulettes et qui a exclus les problèmes hors cases.. parce qu'ils coutent plus chers que le truc qui roule, une perte de rentabilité assurément! Partout on ne propose que des boites vocales, des chats abscons, des FAQ et du démerde-toi seul face à ton écran bleu, vide. Non, une société low cost n'est pas chouette, elle ne fait pas envie malgré le pognon de dingue en haut.
Tout ceci accule les gens dans des impasses abyssales, coté pro comme perso : notre mode de vie est profondément, totalement toxique et cela semble être sans issue : on fait face à un burn-out systémique.
Et je ne parle pas des menaces physiques, chimiques : impasse environnementale, pollution des écosystèmes, sédentarité, malbouffe, surmédication....
Les couples craquent, divorcent, on se fâche avec ses parents, ses frères, on maltraite enfant, femme, vieux, chiens, chats et soi-même. Drogues, alcoolisme, hypnotisation devant les séries, les jeux, le porno pour oublier ce quotidien harassant, ce non-avenir, amplifiant encore l'équilibre déjà si précaire.
Qui prend soin des humains aujourd'hui ? Qui nourrit l'espoir d'une vie meilleure, indispensable dynamique pour nos jeunes?
Qui a encore un home, sweet home, à part les retraités et les DINK?
Qui prend soin du seul écosystème, qui nous permette de vivre ici bas! Qui est systématiquement détruit, au nom de sa gratuité, par les voraces de la compétitivité et de la rentabilité! Et oui, on se fait un pognon de dingue en vendant un truc gratuit sans payer les effets induits, les dommages collatéraux.
Il est urgent de changer notre mode de vie et de nourrir la lumière, pour ne pas être envahi par le noir. C'est encore possible, il n'est pas trop tard... mais on ne peut plus procrastiner, messieurs, dames des élites qui bloquent tout changement sociétal, car ce deséquilibre actuel vous profite si bien, c'est vrai tout ce pognon de dingue qui arrose la-haut, c'en est à perdre la tête, non ?
Donc oui, les bifurqueurs, les décroissants, les ralentisseurs, les amoureux de la nature et des humains, sont la voie du salut. Ils ont raison d'agir quoiqu'il leur en coute. C'est au peuple qui est libre de ses achats, on a plus de pouvoir par sa carte bleu que sa carte d'électeur, qui est libre de se soumettre ou pas à un système débile, d'imposer le changement à une élite bloquée dans ses dogmes.
Oui, la technoide aigüe, faite d'IA, de robotique, de génie génétique, de contrôle digital, n'est que la suite de cette fuite en avant nihiliste, hors sol, toxique, mortifère, fratricide et moche. Il n'y aura pas assez de matière et d'énergie pour gérer le monde de cette façon-là, cela finira en guerre de ressource. D'ailleurs ça a déjà commencé, l'Ukraine est une guerre de ressource, à qui donne-t-on le plus beau grenier à blé de la planète, face aux famines à venir?
Non on ne peut réindustrialiser la France, si pour que Paris, Lyon, Marseille continuent de croitre, on doive détruire le massif central, l'armorique, puis les vosges, les pyrénées, en fin les alpes, puis la creuse, la champagne .... non l'avenir de l'agriculture n'est pas des camps de concentration à cage à cochon, vaches, poulet, ou des insectes en cuve ou des salles stériles produisant de la viande artificielle carencée sans vie; des champs qui se battent entre culture vivrière, énergétique ou champs de panneaux photovoltaiques ad nauseum pour nourrir alimentairement et énergétiquement Paris, Lyon et Marseille? Doit-on attendre que les parisiens n'est plus de lieu de week-end et vacances chouettes... pour qu'ils arrêtent de détruire le monde? Peut-on vivre que dans des bandes de gaza ou de city folle comme Dubai : est-ce là l'aboutissement, le point de non-retour, d'une société arqueboutée sur la croissance infinie dans un monde fini? Soleil vert comme ultime scénario sociétal, est-ce cette voie que nous choisissons? Cela est juste inhumain, moche et toxique, est-ce çà ce que nous avons de mieux à faire sur terre?
Oui, nous devons éradiquer la culture de la dominance qui utilise la compétition avec ses winners et ses looseurs, comme seule vecteur de progrès et de manipulation. La croissance infinie, du à la compétition, dans un monde fini, n'est possible qu'à la condition de détruire ce monde. C'est le cannibalisme sociétal qui permet à quelque uns d'avoir l'illusion de croitre encore... pour finir par mourir les derniers. Voilà le prix du quoiqu'il en coute : la destruction du monde. C'est cela que les élites doivent comprendre de gré ou de force par la pression du peuple avant qu'il ne soit trop tard. La compétition systèmique doit céder la place au care systémique, si on veut que l'humanité survive.
Et donc oui, ce n'est pas le problème des jeunes, mais celui de la société tout entière, de l'humanité tout entière, jeunes ,vieux, hommes, femmes, noirs, blancs. Nous devons vivre simplement, pour simplement vivre... dans la joie et la bonne humeur en prenant soin des uns et des autres et de la nature qui est si généreuse quand on la laisse respirer.
En attendant être en paix avec le chaos du monde en crise, construire le monde d'après en sous-marin pour qu'il émerge avant qu'il ne soit trop tard et ne nourrir que cette lumière-là : je vais donc de ce pas, aller arroser mon arbre qui fabrique mon oxygène en lui disant merci d'être encore là.