En octobre 1994, une jeune femme politique, tout juste nommée ministre de l'environnement du nouveaux gouvernement d'Helmut Kohl, prononce ce discours :
La politique environnementale est un sujet passionnant. Les gens disent souvent "oui mais pas maintenant, nous sentons bien qu'il y a beaucoup de choses qui ne vont pas, mais s'il vous plait pas maintenant, n'en payons pas le prix, n'en assumons pas la responsabilité". Il faut faire preuve de conviction et dire : attention si vous ne le faites pas aujourd'hui cela coûtera deux ou trois fois plus cher à vos enfants et petits-enfants. Je pense que c'est une tâche très gratifiante. Il faut faire comprendre ça alors que tout le monde se demande d'abord ce qui va lui arriver demain avec un taux de chômage aussi élevé beaucoup de gens disent : "pour moi ce qui est important c'est l'emploi". C'est vrai, mais je leur dis aussi : attention si nous n'agissons pas aujourd'hui nous aurons la famine et la sécheresse, et bien d'autres problèmes comme des déplacements de réfugiés, etc... Je pense qu'il est important de présenter les choses ainsi. Quand on parle d'environnement c'est de toute façon rarement pour dire que tout va bien."
La ministre en question n'était autre qu'Angela Merkel, par la suite chancelière fédérale d'Allemagne pendant 16 ans de 2005 à 2021 (vous retrouverez ce discours dans cet excellent podcast de France Culture à la 46ème minute). Trente ans après, ces propos, qui viennent d'une personnalité de la droite conservatrice difficilement qualifiable d'extrémiste, sont toujours d'une actualité saisissante pour ne pas dire prémonitoires.
Alors que notre attention se focalise de plus en plus sur le court terme, et à l'heure de l'"écolo-bashing" alimenté par les mouvement d'extrême droite et les médias du groupe Bolloré, se remémorer ces paroles de bon sens peut s'avérer très utile. Trente ans après, elles n'ont pas pris une ride...