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Billet de blog 7 septembre 2015

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Iran / OMPI : un anniversaire prometteur

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Si la source historique de l'intégrisme islamiste réside dans le régime iranien, sa solution est à chercher dans l’antithèse à ce régime. L'Organisation des Moudjahidine du Peuple d'Iran qui célèbre aujourd'hui le 50e anniversaire de sa fondation, plonge ses racines dans le combat que mènent depuis un siècle les intellectuelles musulmans pour une société démocratique,  correspondant à la fois aux valeurs de l'Islam des lumières et la modernité.

Les valeurs démocratiques ont frayé leur chemin dans la société iranienne dès le début du XXe siècle, avec la Révolution constitutionnelle de 1906, qui a vu l’instauration du premier parlement et les premières tentatives pour restreindre l’influence du clergé intégriste. Depuis, une lutte sans merci oppose deux visions diamétralement opposées de l’Islam. L’un incarnant les forces rétrogrades, souvent en entente avec les monarques despotes et en opposition avec les réformes sociales. L'autre incarnant les forces progressistes et une jeunesse influencée par les acquis démocratiques des sociétés modernes.

C'est ainsi que le premier mouvement politique organisé se référant à l'Islam démocratique fit son apparition en Iran. L'Organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran (Ompi) fondée le 6 septembre 1965 par trois jeunes universitaires, Mohammed Hanifnejad, Saïd Mohsen et Ali Asghar Badizadegan, s’est vite imposé comme une alternative idéologique et culturelle face au courant intégriste de l’Islam en Iran. Avec un projet d’avenir prometteur et une détermination affirmée pour renverser la dictature, le mouvement joua un rôle déterminant dans le renversement de la monarchie de Pahlavi.

Un Islam tolérant, soucieux de la justice et la pluralité

Dès l'avènement du régime intégriste en 1979 en Iran, les Moudjahidine du Peuple ont constitué une formidable force de résistance face à la nouvelle dictature sous couvert de la religion. Ces jeunes universitaires musulmans qui avaient combattu vaillamment la dictature du chah, se retrouvaient soudains au centre des espoirs pour freiner le fléau intégriste. Les Moudjahidine opposaient à l'Islam de Khomeiny et des intégristes, un Islam des lumières, fondé sur son message originel de tolérance et de pluralité, et inspiré des avancés sociales du monde contemporains. Un Islam soucieux de la justice et des libertés fondamentaux, en opposition frontal avec l’emprise du clergé sur la politique. C’est cette alternative idéologique et culturelle qui fait de ce mouvement une formidable force de changement.

Les Moudjahidine refusèrent de voter la Constitution élaborée par les intégristes en 1980, qui instituaient le principe du « pouvoir absolu du guide suprême religieux » sur les affaires de l'État. Ce courage politique, les Moudjahidine l'ont payé chèrement. Des milliers de leurs membres et sympathisants ont perdu la vie dans une violence répressive que seul Daech n’a pu rivalisé au nom de l’Islam. L'animosité affichée par les intégristes au jeune mouvement était à la mesure du danger que représentait l’OMPI pour l’hégémonie des intégristes. L’organisation militante étendait sa base populaire à une vitesse fulgurante parmi les masses populaires.

L’OMPI a d’abord usé de moyens pacifiques pour faire valoir son programme, considérant que la construction de la nouvelle société des droits devait pouvoir se réaliser dans la consultation et la confrontation des idées. Et les urnes comme ultime arbitre pour assurer la paix sociale et la contribution de chacun au développement du pays. Lors de la première élection présidentielle (1980), l’immense majorité des forces démocrates et libérales, les minorités religieuses et ethniques, et les femmes apportèrent leur voix au « candidat de la jeunesse », Massoud Radjavi, qui représentait l'OMPI. Une coalition de l'opposition démocratique était née. Cette alliance plaçait le respect des valeurs de la Révolution antimonarchique au centre de ses revendications: respect des libertés démocratiques et pluralisme politique. L’OMPI s’est rapidement développé, devenant la principale force d’opposition face à la dictature naissante.  Son quotidien « Modjahed » tirait alors à 500.000 exemplaires et ses meetings attiraient à Téhéran comme en province des centaines de milliers de personnes.

Malgré une répression féroce qui a commencé en juin 1981, le mouvement a pu surmonter les maintes épreuves dressées sur son chemin, grâce notamment à sa persévérance courageuse, son assise populaire et une ligne politique de principe. La politique de complaisance les pays occidentaux vis-à-vis du régime iranien a par ailleurs porté bien de torts au développement du mouvement démocratique en Iran. La Résistance iranienne est néanmoins  en bonne position aujourd'hui pour incarner l'alternative des forces démocratiques en Iran. Un pays influent dont l’histoire et la position géographique unique, en font un acteur central du monde musulman. Aussi, de l’issue du combat historique contre l’épicentre de l’extrémisme dépendra le nouveau visage de cette région du monde.

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