La communauté internationale a dénoncé le régime iranien pour la pendaison de deux jeunes, dont une jeune fille reconnue coupable d’un crime qu’elle aurait commis à l’époque où elle était mineure.
« Fatemeh Salbehi a été exécutée le 13 octobre en Iran après avoir été condamnée à mort pour un crime perpétré en mai 2010, à l’époque où elle avait 17 ans », a déclaré le porte-parole de l’Union Européenne dans un communiqué le 14 octobre. « L’Union européenne réitère ses préoccupations concernant le nombre élevé des exécutions en Iran. »
L’Iran est l’un des rares pays à exécuter des personnes mineures au moment des faits, et détient le triste record d’en être le bourreau du plus grand nombre. Au moins 160 des personnes qui sont actuellement dans les couloirs de la mort en Iran auraient eu moins de 18 ans au moment de leurs supposés crimes, en violation du droit international, y compris de la Convention internationale des droits de l’enfant que l’Iran a pourtant signée et ratifiée.
Fatemeh Salbehi, exécutée à l’âge de 23 ans, avait été accusée du meurtre de son mari de 30 ans à l’époque où elle avait 17 ans. Elle a été pendue le mardi 13 octobre dans la prison d’Adel-Abad à Chiraz (chef-lieu de la province de Fars, au sud de l’Iran). Elle avait été forcée d’épouser un homme qui avait presque le double de son âge et qu’elle n’avait jamais vu avant leur mariage. Sous les pressions qu’elle a subies durant sa détention, Fatemeh Salbehi avait avoué être l’auteur de ce meurtre. Mais, devant le tribunal, elle a affirmé qu’elle était innocente.
Dans un communiqué le 15 octobre, Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International a déclaré : « Le recours à la peine de mort est cruel, inhumain et dégradant dans tous les cas, mais il est particulièrement choquant lorsqu’il vient punir un crime commis par une personne qui était mineure au moment des faits, et que cette sentence est prononcée à l’issue d’une procédure qui vide de son sens la justice pour mineurs ».
L'Iran doit immédiatement cesser de tuer des enfants, ont pour leur part déclaré Ahmed Shaheed, Cristof Heyns et Dubravka Simonoviae, trois experts des Nations unies pour les droits de l'Homme. Selon eux Téhéran agit en violation des lois internationales et des conventions signées.
Elle est la 11ème femme exécutée cette année en Iran où au moins 700 personnes ont été exécutées depuis janvier, souligne l'ONU. La semaine dernière un autre jeune, a été exécuté en secret, condamné en mars 2013 pour la mort d'un autre jeune alors qu'il était âgé de 17 ans.
"Ces exécutions sont un exemple troublant d'une augmentation du nombre d'exécutions et posent des questions sur le caractère équitable des procès dans la République Islamique d'Iran", affirme dans ce communiqué Ahmed Shaheed, rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme en Iran.
"Il s'agit d’exécutions illégales commises par l'Etat, l'équivalent de meurtres commis par des individus", affirme Cristof Heyns, rapporteur de l'ONU sur les exécutions sommaires. "Exécuter un jeune prévenu, particulièrement après un procès douteux, va directement à l'encontre de la Convention internationale sur les droits des enfants, à laquelle l'Iran est partie. L'Iran doit immédiatement cesser de tuer des enfants", affirme M. Heyns.
Ces experts de l'ONU, appuyés par Mme Dubravka Simonoviae, rapporteur spéciale sur les violences contre les femmes, appellent une nouvelle fois l'Iran à un moratoire immédiat des exécutions en vue d'abolir la peine de mort.
Pour sa part la FIDH a appelé la communauté internationale à insister sur le respect des droits humains et le droit international comme élément central de leurs relations économiques et politiques avec l’Iran. Elle a rappelé dans un précédent communiqué que l’Iran a récemment exécuté Javad Saberi pour homicide, alors qu’il n’avait que 17 ans et souffrait d’une maladie mentale sérieuse au moment des faits qui lui étaient reprochés. D’autres délinquants juvéniles attendent le même sort. Salar Shadizadi attend être exécuté pour un meurtre qu’il aurait commis quand il avait 15 ans. Hamid Ahmadi est aussi en danger imminent d’exécution, bien qu’il existe des doutes quant à son âge au moment du crime supposé : des rapports indiquent qu’il avait 15 ans, d’autres 16 ans. Saman Naseem, lui aussi condamné à mort pour un crime qu’il aurait commis à l’age de 17 ans.
2000 personnes ont été exécutées depuis la présidence d’Hassan Rohani, le soit-disant président « modéré » des mollahs en Iran. Amnesty International a récemment fait part de ses inquiétudes au sujet des quelques 700 exécutions de la première moitié de l’année, et remarquait : « Cela brosse un sinistre tableau de l’appareil d’État qui perpétue des tueries illégales et préméditées à grande échelle ».