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Billet de blog 25 août 2015

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La solution à l’intégrisme passe par la démocratie en Iran

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En Iran, le visage du despotisme était et reste particulièrement odieux. Sous couvert de religion, les intégristes font régner une terreur particulièrement brutale. Les amputations, les arrachages des yeux, les attaques à l'acide et les autres châtiments appliqués en vertu de la loi du talion n'ont rien à envier l’extrémisme de Daech qui émeut tant nos sensibilités. L’Iran continu de détenir le palmarès du plus grand nombre d'exécutions par tête d'habitant dans le monde. Les femmes, les minorités et les intellectuels sont cruellement réprimés.

 Par ailleurs les mollahs continuent de semer le trouble dans la région en exportant l'intégrisme islamiste et le terrorisme. Alors que les gouvernements occidentaux fermaient les yeux sur les ingérences du régime iranien en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen, cherchant à créer un axe extrémiste et le califat du Guide suprême dans la région, les intellectuels iraniens regroupés autour des Moudjahidine du Peuple (OMPI) mettaient en garde sur les dangers d'une telle cécité stratégique. Selon eux, tant que les islamistes sont au pouvoir, l'Iran reste la principale source d'instabilité dans la région.

En effet, c'est en 1979 et avec l'arrivée des intégristes au pouvoir en Iran que les germes de ce phénomène funeste qui nous menace aujourd'hui jusque dans nos communes en France et en Europe, ont été semé. C’est l'État modèle iranien du « pouvoir absolu du guide suprême religieux » que cherche aujourd’hui à émuler Daech en instaurant le « califat islamique ». Le recours à la violence on nom de l'Islam dans l'histoire récente est à chercher dans le premier appel international au meurtre par une fatwa de Khomeiny, le fondateur du régime islamiste, contre un écrivain britannique accusé de « blasphème ».

Une solution idéologique et culturelle

Il y a 35 ans, les Iranien ont été le premier peuple de la région à subir les affres de la dictature religieuse et luttent courageusement pour s'en sortir. Nous l'avons vu lors des soulèvements de 2009 quand des millions d'Iraniens sont descendus dans la rue pour rejeter le régime du Guide suprême. L’Iran a également l'avantage d'avoir une alternative démocratique et une opposition organisée. Une opposition avec un programme pluraliste et laïc, dans laquelle les femmes  jouent un rôle significatif et révélateur de la qualité du mouvement démocratique en Iran.

La solution à la problématique du Moyen-Orient réside dans le changement démocratique dans un pays charnière des crises de la région. Pour cela il convient d’être à l’écoute des acteurs du changement dans ce pays. Selon les démocrates iraniens, réunis autour du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), la lutte contre l’intégrisme passe par une alternative idéologique et culturelle, à savoir un islam tolérant et démocratique. Sans ce modèle, les intégristes continueront à influencer la masse des musulmans dont la majeure partie est en proie à la misère et à l’injustice.

Les effets du renversement du régime iranien sur l’ensemble de région seront colossaux, à l'instar de ce qu'ont été les effets de la prise du pouvoir par les intégristes en 1979. Dans cette éventualité, non seulement le Hezbollah au Liban, mais aussi Al-Qaïda et Daech seront partout substantiellement affaiblis et obsolètes. La voie s'ouvrira alors pour l'instauration de la démocratie en Syrie et en Irak, et permettra d'assécher les racines de l'extrémisme dans cette partie sensible du monde.

Une société au bord de l’explosion

Malgré la désactivation momentanée de la crise nucléaire et la perspective de la levée des sanctions contre Téhéran, ce dernier reste un régime en sursis. Les  indices de chômage, d'inflation et de pauvreté ne cessent de monter en flèche, créant un mécontentement aussi vif que dangereux. Mohsen Jalalpour, le président de la chambre de commerce et de l'industrie, des mines et de l'agriculture a déclaré le 14 août : « Sur les 82.000 grandes et petites entreprises, 14.000 ont déposé le bilan, 22.000 ne sont que partiellement actives, et 14.000 ne travaillent qu’à 70% de leurs capacités (…) L’impact des sanctions sur l'économie du pays n’a été que de 20 à 25 pour cent et tout le monde doit savoir que les problèmes économiques actuels du pays ne sont pas dus aux sanctions. Par conséquent, les choses ne retourneront pas à la normale avec la levée des sanctions. »

Si le régime iranien ne parvient pas à répondre aux attentes d'une population désaffectée et à gérer une situation sociale explosive, les prochains mois risquent d'être très coûteux pour les mollahs. Les dirigeants intégristes ne peuvent plus renvoyer les maux du pays aux sanctions économiques et à l'animosité internationale. C'est bien l'incurie et la corruption du régime qui seront sur la sellette, et les vaines promesses de modération d’Hassan Rohani ne suffiront pas à empêcher les revendications politiques et sociales d'éclater au grand jour lors de la prochaine échéance électorale prévue pour le 26 février 2016.

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