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Billet de blog 17 juin 2024

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Faire front populaire !

Je reviens sur cette folle semaine et ma décision d'être candidat à ma réélection à Marseille.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous sortons d’une semaine folle. D’abord, dimanche soir les résultats des élections européennes ont glacé tout le monde. L’extrême droite cumulant presque 38%, le bloc gouvernemental s’effondrant à 14%, il était clair à 20h, que les héritiers du fascisme étaient aux portes du pouvoir en France. Et là, stupeur, le président de la République prononce la dissolution de l’Assemblée. A ce moment-là, il a véritablement joué à la roulette russe avec l’histoire. Il est évident que si la gauche ne se rassemblait pas, personne ne pouvait empêcher l’arrivée au pouvoir du RN.

Heureusement, la gauche a été à la hauteur. D’abord, François Ruffin a le premier signifié qu’il fallait arrêter les conneries. Alors que Raphaël Glucksmann et Jean Luc Mélenchon réactivaient les divisions à gauche, il a proposé un horizon : le rassemblement et une démarche, le Front Populaire. Rapidement toute la gauche sociale (CGT, FSU) et politique a embrayé : PS, EELV, PCF, NPA. Le dimanche soir LFI, principale force de gauche, semblait rester en dehors de la dynamique. Mais dès lundi matin Manuel Bompard et les dirigeants de LFI ont été à la hauteur du moment politique et le rassemblement a pu se construire. Partout les militants ont afflué pendant une semaine, la dynamique était lancée : un programme d’abord, une méthode pour les investitures avec une règle, les députés sortants étaient réinvestis et une clé de répartition (229 pour LFI, 175 pour le PS, 92 pour EELV, et 50 pour le PCF).

Tout semblait parfait, mais le comité électoral de LFI, sous la pression de Jean Luc Mélenchon a failli faire dérailler le train vendredi soir. Il n’a pas respecté la règle de la ré-investiture des sortants et 5 députés LFI : Raquel Garrido, Alexis Corbière, Danielle Simonet, Frédéric Mathieu et moi-même n’ont pas été investis par LFI.  J’ai appris la nouvelle en examinant la liste des investitures sur le site internet de LFI. Aucun coup de fil, aucune explication ne m’a a été donnée. 

Mais nous en connaissons les causes. C’est une purge politique.

D’abord, nous avons payé le prix d’avoir eu raison trop tôt. Notre principal point de divergence avec Jean Luc Mélenchon était précisément que nous voulions le rassemblement et la relance de la NUPES, alors que la direction de LFI n’en voulait pas. Mais cette divergence n’avait plus aucun sens, puisque nous construisons justement le rassemblement avec le Front Populaire ! Au moment du rassemblement, purger précisément ceux qui ont le plus œuvrer à ce rassemblement est un comble !

Il y a évidemment potentiellement d’autres raisons. Nous n’avons pas exactement la même conception du lien entre partis politiques et les forces syndicales, dont nous respectons l’indépendance. Nous n’avons eu de cesse (en ce qui me concerne depuis 2018 déjà avec Charlotte Girard) d’exiger plus de démocratie interne. Nous avons choisi aussi de qualifier les attaques du 7 octobre d’actes terroristes et demander la suspension d’Adrien Quatennens. Nous payons donc nos divergences politiques. Mais faire cela, avec cette méthode et à ce moment-là, en prenant le risque de casser la dynamique du front populaire, était une erreur politique grave.

Mais maintenant tournons la page, l’urgence est à la campagne pour battre le rassemblement national. Je vais maintenant juste expliquer pourquoi dans ce contexte j’ai maintenu ma candidature.

D’abord, j’ai beaucoup hésité. J’ai toujours œuvré au rassemblement depuis 2007, d’abord dans les collectifs pour une candidature unitaire en 2007, puis au Front de Gauche et enfin au sein de la NUPES. Avoir deux candidatures « Nouveau Front Populaire » est donc un crève-cœur. Surtout je ne voulais prendre aucun risque d’une victoire du RN dans cette circonscription. La seule question est donc de savoir s’il y a un risque que la gauche soit absente du second tour.

Et la réponse est non ! Il y a une semaine le cumul des listes de gauche atteignait 50%. Même avec une stricte répartition des voix nous serions à 25% soit au-dessus des 12,5% d’inscrit et donc avec un maintien possible peut être en triangulaire. En 2022, j’ai fait moi-même pour la NUPES 40% et en 2017 alors qu’il y avait au moins 6 listes à gauche, j’étais déjà au second tour avec 18%. Il n’y a donc aucun risque à maintenir une autre candidature à gauche.

Mais il y a d’autres raisons. D’abord, je suis le mieux placé pour incarner la dynamique unitaire du front populaire. Je vis et milite dans la circonscription depuis 2010. Candidats sur les listes FDG en 2015, suppléant aux cantonales suivantes, j’ai été le candidat LFI en 2017 (seul présent au second tour à Marseille avec Jean Luc Mélenchon), puis NUPES en 2022. Depuis que je suis élu, j’ai maintenu des assemblées de circonscription avec tous les militants de l’arc des forces de la NUPES tous les deux mois. J’entretiens depuis 15 ans des relations avec les militants écologistes et PCF. Le maire écologiste de la mairie du 4/5 Didier Jau me soutient, certains adjoints communistes à la Mairie me soutiennent, toutes les cellules du PCF, le NPA et le PS local aussi. Enfin, ancien dirigeant syndical moi-même (porte-parole de la CGT INRAE entre 2019 et 2022), je travaille avec tous les dirigeants syndicaux et responsables associatifs à Marseille. Mon comité de soutien témoigne de cela.

Enfin, mon profil est je pense utile à l’assemblée. Je suis très attaché à la démocratie et je ne lâche jamais rien sur ce principe. J’ai longuement expliqué pourquoi dans mon livre « Le capital c’est nous » et cela me vaut à mon avis mon investiture. En tant qu’ancien scientifique, je suis probablement le député le plus actif sur la recherche et l’enseignement. J’ai beaucoup contribué au programme de LFI en 2017 et 2022 sur ce thème. J’ai déposé en deux ans deux propositions de loi et rédigé 3 rapports à l’Assemblée nationale. Vous pouvez retrouver tout mon travail à l’assemblée sur mon site (https://hendrikdavi.fr/).

En plus de l’université, je souhaite poursuivre mon travail à l’assemblée sur plusieurs sujets que j’ai abordés ces deux dernières années : la pollution de l’air (croisière, transports aériens), l’école (ses moyens et la place du privé), l’hôpital ou les transports.

Je crois que c’est aux marseillais et aux marseillaises maintenant de décider qui, pour eux et elles, incarne le mieux le Front Populaire.

Je suis sûr que dimanche 7 juillet nous pouvons battre le rassemblement national, il faut que toute la société se mobilise à fond pendant 15 jours et nous aurons un gouvernement de gauche qui appliquera un programme ambitieux de répartition des richesses avec une véritable ambition écologique. Le 8 juillet, nous ouvrirons une nouvelle page de notre histoire, j’en suis intimement convaincu.

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