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Billet de blog 20 avril 2016

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Construire une alternative politique face à la domination du capital

Ci joint une contribution au débat au sein d'Ensemble-FDG. Cette contribution émane de militants ayant pris position contre la primaire de toute la gauche et pour un soutien à la candidature de Jean Luc Mélenchon (http://ensemble-insoumis.blogspot.fr/)

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Depuis janvier, le paysage social et politique s’est éclairci aux deux sens du terme !

Commençons par le mouvement social qui s’est réveillé en réponse à la casse programmée du code du travail. Etudiant(e)s et salarié(e)s ont massivement manifesté lors des journées de mobilisations des 9 et 31 mars. Rien n’est encore gagné. Mais nous pouvons être optimistes, car du « nouveau » a jailli de cette mobilisation : le rôle des réseaux sociaux (pétition de Caroline de Haas et mouvement #on vaut mieux que ça) et l’émergence des « Nuits debout », qui essaiment maintenant partout dans le pays. La crise politique qui couve et la déstabilisation qui atteint jusqu'au sommet de l'étatrendent possible une victoire ce qui changerait le rapport de force.

Le paysage politique est aussi plus clair qu’en Janvier. La primaire de toute la gauche et des écologistes a éclipsé tout autre projet alternatif de primaire, notamment celui porté par Ensemble. Cette dynamique est passée sous le contrôle du PS et c'est dans le cadre de cette offre politique que se placent EELV et la direction actuelle du PCF. Nous ne pouvons que nous féliciter qu’Ensemble ait abandonné son statut d’observateur à cette primaire et ait ainsi pris ses distances avec un projet dangereux pour l’avenir de l’autre gauche.

Il reste maintenant à se situer par rapport aux différents projets qui traversent les forces de cette autre gauche. Notre conviction est qu'une refondation d'ampleur ne peut se contenter de vouloir rassembler les déçus de la politique ultra libérale de Hollande-Valls. Nous ne saurions donc nous engager dans un processus qui viserait à un remake de la gauche plurielle et qui nous placerait en position d'avoir à soutenir une candidature issue des rangs des plus ou moins frondeurs ou venue de la société civile comme Nicolas Hulot[1]. Nous serions en effet très loin de ce qu'exige la situation et des potentialités qu'exprime aujourd'hui le mouvement social, que ce soit en terme de mesures d'urgence ou d'alternative plus globale. C'est à une toute autre dynamique de rupture et d'alternative au néolibéralisme, populaire et rassembleuse que nous devons travailler sans attendre. 

 Nos objectifs peuvent se résumer en trois points :

  1. aider notre camp social à reprendre l'offensive
  2. construire une alternative sociale et écologique à gauche
  3. faire émerger une force politique nouvelle rassembleuse en rupture avec l’ordre capitaliste et capable de renouveler nos modes d’actions

Pour combattre l’oligarchie (le fameux 1%) au profit de laquelle tourne toute l’économie mondiale, il faudra à terme des gouvernements capables d’aller à l’affrontement. Nous savons qu’un gouvernement de type SYRIZA suivant la ligne Tsipras ne serait pas suffisant. Pour engager la moindre réforme, il faut s’affronter au cœur du système (le système bancaire et le libre échange des capitaux…).Notre ligne politique doit assumer un degré de radicalité qui permette d'atteindre ces objectifs. Cette ligne ne gagnera que si nous conquérons l’hégémonie culturelle et si les mobilisations sociales mettent sous constante pression les différentes fractions des classes dominantes. Pour gagner l’hégémonie et maintenir la pression, il faudra des formes nouvelles d’interactions entre luttes sociales, pratiques alternatives et positions institutionnelles et non un simple rafistolage des anciens dispositifs. 

C'est à notre avis avec cette ligne que l'on pourra le mieux travailler à la fondationd'une nouvelle force politique citoyenne, le cartel du FDG ayant fait son temps. Sans doute sommes-nous d’accord entre nous, quant aux contours de cette nouvelle force : elle devra regrouper tous ceux qui s’opposent à la politique antisociale de Hollande. Par contre, le débat se situe sur le centre de gravité de cette nouvelle force. Nous pensons que le centre de gravité d’une telle force doit être un positionnement politique du type de celuidéfendu par Ensemble et le PG (rupture avec les traités, VIème république, écosocialisme) et non les positions de la gauche du PS ou d’une partie du PCF. En effet, le positionnement de ces derniers vise à reconstruire une gauche plurielle qui in fine ne s’opposera pas suffisamment aux logiques du capital pour réellement redistribuer les richesses et opérer la transition écologique. Par ailleurs, nous devons prioritairement viser à reconquérir les classes populaires qui s’abstiennent ou votent FN avant de tenter de faire basculer une partie des classes aisées qui votent encore PS, d’où l’importance d’avoir un centre de gravité antilibéral clair.

 Le mouvement social, 2017 et l’alternative politique

Il ne s'agit pas de se focaliser sur 2017, mais d'intégrer les échéances politiques et électorales à une démarche d'ensemble. Il n’existe pas de recette de la recomposition politique. Par contre, nous devons avoir conscience que les champs politiques et sociaux sont des champs différents. Evidemment les rapports de force dans l’un jouent sur l’autre et vice versa. Mais la construction du champ politique dépend aussi de la temporalité d’évènements politiques institutionnels. Différents exemples anciens et récents viennent le confirmer : il y a une distance temporelle, mais aussi organisationnelle entre Mai 68 et ses débouchés politiques, les indignés et Podemos, Occupy Wall Street et Sanders ou les luttes du peuple grec et SYRIZA. Les recompositions politiques ne sont pas la simple continuité des mouvements, mais bien des dynamiques propres qui savent se nourrir et capter les acquis des mouvements.

Du fait de la centralité de l’élection présidentielle dans le rapport de force sur le champ proprement politique, il serait mortifère de faire l’impasse sur cette échéance. Nous pensons que si un candidat de la gauche radicale fait 15%, 11% ou 3% ce n’est pas la même chose. Mais nous avons aussi conscience qu’un candidat peut faire un « bon score » (dans une certaine mesure LO dans les années 1990, la LCR ou le NPA ensuite puis le FDG) sans que cela débouche sur une recomposition politique à la hauteur des enjeux. Il faut en plus que la recomposition réponde (1) en terme de volonté politique à une attente d’une large partie de la population et (2) en terme de pratiques politiques à ce qui émerge des mouvements sociaux.

 Agir dans un champ des possibles qui est contraint !

Aujourd’hui, le mouvement social est en mesure de bousculer le rapport de force et permet de recréer de la dynamique politique. Nous avons aussi un candidat qui continue de capter l’essentiel de la dynamique FDG. Nous aurions souhaité un autre mode de désignation que le choix qu’a fait Jean Luc Mélenchon (JLM) voire un autre casting. Mais nous faisons de la politique dans un champ des possibles contraints. Dans ce champ, il faut que nos maigres forces tirent dans la bonne direction : contribuer à ce que le mouvement actuel contre la « Loi Travail » gagne en continuant à faire le lien entre les équipes militantes syndicales et les nuits debout, participer à une dynamique politique autour de la candidature de JLM, faire émerger de cette dynamique une nouvelle force politique citoyenne, qui puisse tirer parti des acquis du mouvement contre la « Loi Travail ».

C’est aussi en prenant la mesure des contraintes que l’on peut relativiser le choix critiquable de JLM de se présenter en janvier de façon solitaire. Ce choix répondait à l’annonce de la primaire de la gauche et des écologistes qui nous conduisait à une dynamique mortifère de mélange entre sociaux libéraux et antilibéraux !

La proximité en terme de programme et de stratégie comme l'appréciation positive que nous portons sur sa capacité de rassembler et de capter une partie significative de l'électorat populaire, ne nous font oublier ni les limites actuelles de la candidature de JLM qui s’est isolé d’une partie des cadres militants du FDG, ni les différences que nous pouvons avoir avec lui sur un certain nombre de sujets.  Mais nous devons travailler à dépasser ces limites.  Tous ensemble, nous pouvons faire mieux prendre en compte les aspirations autogestionnaires et faire converger la diversité des points de vue et des pratiques des citoyens et des diverses forces prêtes à s'engager dans cette campagne.

Mais l’attentisme de la majorité de l’Equipe d'Animation Nationale d’Ensemble ne peut plus durer. Il pouvait à la limite se comprendre en janvier, mais aujourd’hui nous avons toutes les cartes sur la table. Attendre ce serait se résoudre à l’impuissance.

Pour toutes ces raisons, nous souhaitons qu’Ensemble :

  • s’engage dans les collectifs de la France insoumise,
  • contribue à y faire converger les militant(e)s des mouvements sociaux convaincus de la nécessité de construire une alternative politique,
  • réponde positivement à la proposition du PG de participer à un comité de liaison
  • verse au programme des présidentielles les propositions de notre mouvement,
  • propose des porte-paroles pour mener avec JLM une campagne commune construite collectivement,
  • participe aussi aux choix des collectifs citoyens locaux dans la désignation des candidat(e)s aux législatives

Hendrik Davi (Marseille), Nanie Bellan (Martigues), Roland Bellan (Martigues), Marcel Tassy (Aix en provence), Cédric Morand (63), Régis Eyraud (Paris), Francis Vergne (63), Florent Naranjo (63), jean René Pendariès (Marseille), Rafik Qnouch (Paris), Vincent Porelli (Aix en Provence), Alain Lafont (63), Thierry Louchon (Martigues), Jean-Marc Segay (Salon de Provence), Yann Merlevede (59), Jean Phillipe Izquierdo (Aubagne), Elisabeth Grand (Martigues), Thierry Zunino (Paris), Christian Gariner (Marseille).


[1] Hulot ne semble pas en mesure de dépasser Hollande et ne touche pas significativement l’électorat FDG http://harris-interactive.fr/opinion_polls/nicolas-hulot-quel-avenir-politique-selon-les-francais/

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