"Plus vous trouverez de raison dans un homme, plus vous trouverez de probité." Denis Diderot.
Lu cette publication de Jean-Luc Mélenchon, ce jour, 27 mai 2023, sur twitter : "Unie, la NUPES serait en tête des votes aux prochaines élections. Toute l'ambiance changerait politiquement en France et en Europe". L'auteur, qui a pourtant exprimé à plusieurs reprises sa méfiance à l'égard des sondages, estimant qu'ils peuvent influencer l'opinion publique et fausser les résultats des élections, (passons), s'appuie sur une enquête réalisée du 17 au 19 mai 2023 par Cluster 17 pour le Point, d'où il ressort que les intentions de votes aux élections européennes de 2024 représenteraient 27% pour la NUPES, qui devancerait ainsi le RN (25,5%) et la majorité présidentielle (23%).
Un signal fort ? La belle affaire ! Pas de quoi se glorifier si l'on constate, lucidement et tristement, que la gauche et les écologistes unis augmentés du NPA et de Lutte Ouvrière (2%) obtiendraient moins de 30% des suffrages ! Et que la droite et ses excroissances extrêmes, main dans la main, récolterait 45% des voix !
Assis sur ce constat, pourtant délétère mais visiblement nié, et pour que l'ambiance (sic) change politiquement et effectivement, "Une possibilité de progression existe encore ! convaincre les abstentionnistes." Ah, très bien, mais convaincre les abstentionnistes, on fait comment ? Et est-on sûr de la couleur de leur vote ? Cela ne s'est pas fait en 2022 lors des précédentes élections, pourtant capitales, notamment chez les jeunes ? Alors aujourd'hui ?
Quant à celles et ceux qui s'apprêtent à voter pour le Rassemblement national, comment les interpeler autrement que par les sempiternelles invectives improductives et les étiquettes convenues, comment les persuader qu'un autre choix est possible et souhaitable, dans leur propre intérêt ?
Certains pensent, notamment, qu'il serait judicieux d'élargir hardiment la NUPES, voir plus grand, pour gagner, sur des bases résolument anticapitalistes et radicalement transformatrices : on les voue aux gémonies !
Et, in cauda venenum, le tribun de poursuivre, la voilà la solution, "…une marge s'ajoutera si les amis de Cazeneuve et de Roussel ne bloquent pas cette formidable (sic) possibilité". Lamentable filouterie et sous-entendu malveillant qui ne grandissent pas leur auteur ! Les coupables de l'échec annoncé sont déjà pointés du doigt ! D'ailleurs on a l'habitude, rappelez-vous, en 2022*…
Ainsi, en matière de progression en vue d'élargir la "marge" on peut mieux faire ! Pas vraiment de nature à contribuer à l'ambiance.
Mais, ce qu'occulte prudemment Jean-Luc Mélenchon, qui invaliderait son enthousiasme, sans doute, c'est l'hypothèse 2 du sondage qui montre, patatras, que si chaque formation de gauche se présentait sous sa propre bannière, avec ses propres propositions, le total des voix obtenues s'élèverait à 37% !
Voilà pourquoi, on peut se demander, comme le fait le Point, destinataire du sondage, si la NUPES sous sa configuration actuelle (ou tout ou partie de la NUPES ?) est un atout ou un repoussoir pour nombre d'électrices et d'électeurs et un gage d'efficacité électorale.
Cela mérite un débat, non ? Lucide, argumenté, serein. Fraternel, pourquoi pas, car "En politique, rien n'est impensable."**
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*Voir Savoir choir | Le Club (mediapart.fr)
**Michel Winock.